Driss Ghali, auteur bien connu des lecteurs de Causeur, publie sous forme de livre électronique une réflexion aussi audacieuse que clivante sur le thème de la diversité et du séparatisme. Celui qui s’affirme comme « intellectuel engagé, là où on ne l’attend pas » tient sa promesse. Pas question de concessions, alors amateurs de safe spaces s’abstenir !
L’affrontement se rapproche d’heure en heure. Pire, il est déjà là, perceptible par ces petites escarmouches qui sont autant d’avancées vers la catastrophe qui semble inéluctable. « Les faits divers de plus en plus brutaux racontent l’histoire d’un terrorisme qui ne dit pas son nom. (…) L’on exerce une action psychologique sur la communauté de la victime : sa famille, son peuple et sa confession (…). Seuls les progressistes français, dont certains juges et politiciens, refusent de l’admettre ».
Tel est le constat de départ, du bref mais dense essai de Driss Ghali De la diversité au séparatisme : le choc des civilisations ici et maintenant. Et encore, le mot essai pour définir pareil ouvrage pourrait laisser sous-entendre qu’il s’agit d’une œuvre abstraite d’intellectuel désengagé. Au contraire, l’auteur pose un regard lucide et, audace rarissime, se risque même à émettre des solutions.
La France divisée contre elle-même
Depuis la Révolution française, la France a toujours été divisée. Le camp universaliste et progressiste a remporté une victoire en mai 68. Son adversaire subit depuis son hégémonie morale. Il poursuit son œuvre de destruction, s’attaquant à la culture, l’éducation, l’autorité, la souveraineté, préférant saborder le navire pour que personne n’en reste maitre si ce n’est lui. L’immigration, problème majeur de nos jours selon Driss Ghali, n’est venue que surinfecter des plaies déjà purulentes.
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Cette immigration est justifiée par le mantra de la diversité. Mais où est la diversité, demande l’auteur, lorsque l’immense majorité des immigrés provient des pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, et appartient quasi-exclusivement à la culture et à la religion musulmane ? Les chiffres démontrent qu’il ne s’agit plus d’une diaspora, mais d’embryons de peuples, véritables « objets politiques ».
Des civilisations antagonistes?
Driss Ghali poursuit sa démonstration originale en affirmant que tous ces peuples qui désormais cohabitent en France sont fondamentalement insolubles. Il distingue trois civilisations, celle de souche – chrétienne – la maghrébine et l’africaine, qui déterminent leurs sujets. « Chaque peuple obéit à sa civilisation, qui lui concède une identité et une personnalité. Elle lui inspire ses haines et ses affinités. (…). Elle détient les clefs de l’assimilation, elle en contrôle le rythme et l’ampleur ».
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Les deux dernières, déjà naturellement opposées entre elles, ne trouveraient leur unité propre que par opposition à la France. D’un côté, comme l’histoire commune entre la France et l’Afrique est assez courte, et que la séparation fut relativement tranquille, l’avenir de leur relation est assez ouvert. De l’autre cependant, l’histoire des deux rives de la Méditerranée est multiséculaire et conflictuelle par nature, tant les deux civilisations sont antagonistes. Ce n’est pas la première fois qu’elles tentent de cohabiter, mais il faut souligner que les diverses expériences se sont toutes conclues par la violence, de la Reconquista au Kosovo, en passant par la guerre d’Algérie. Cependant c’est la première fois que des millions de musulmans se retrouvent répartis dans toute l’Europe. « Désormais, l’Islam a sauté la barrière des Pyrénées et des Balkans et se retrouve, pacifiquement et sans faire de bruit, à Rome, Anvers ou Munich. C’est une première, un évènement de la même magnitude que la Découverte de l’Amérique ou le contournement du Cap de Bonne Espérance ».
Le caractère propre des différentes civilisations
Intellectuel singulier, Driss Ghali est un amoureux de la France. Musulman et natif du Maroc de parents arabes, il porte également un regard lucide sur son pays d’origine et sur sa civilisation. « La civilisation maghrébine est abonnée à l’échec. Elle rate, l’un après l’autre, les grands tournants historiques ». Elle est dotée d’une langue qui ne permet pas d’accéder aux concepts. Le bien commun n’y existe pas et les notions d’ordre et d’autorité n’y sont pas comprises de la même manière qu’en France. De plus, comme la République française a renoncé à l’autorité et à l’emploi légitime de la force, elle n’a aucun moyen de faire respecter l’ordre.
L’Afrique subsaharienne, quant à elle, est passée le temps d’une vie humaine de la préhistoire à la modernité et en sort « sidérée ». « L’Afrique absorbe encore l’onde de choc causée par l’exode rural qui a jeté, les unes sur les autres, des populations clochardisées et vulnérables. Coupées de l’équilibre de la vie tribale, privées de leurs guides spirituels et de leurs chefs traditionnels, ces populations ont subi une perte immense ».
Le ressentiment et la fabrique des barbares
Pour s’excuser de leurs échecs, les immigrés cultivent le ressentiment et accusent les Français de leurs propres insuccès, analyse Driss Ghali. En face, les seules solutions proposées par la France sont, soit une coupable faiblesse, soit des propositions inacceptables pour des populations traditionnelles (blasphème, indécence…). On va chercher dans l’islam ou la culture américaine tout ce qui permet d’attaquer la France.
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L’immigration n’est donc pas une chance pour la France et répéter cette phrase telle une formule magique ne modifiera pas la réalité, selon l’auteur. Il affirme qu’elle profite même parfois aux pays d’origine, qui s’enrichissent et se débarrassent de leurs éléments les plus turbulents…
Le séparatisme est donc inéluctable : « à long terme, le séparatisme se transformera en énergie politique. Il cessera d’être un réflexe silencieux pour assumer un rôle central dans les affaires publiques ».
Penser avec un marteau
Face à cette situation dramatique, « le temps est venu de penser avec un marteau ». L’heure n’est plus au compromis mais aux solutions fortes. Bien qu’il semble à Driss Ghali que l’issue la plus probable sera l’affrontement généralisé aux conséquences imprévisibles, il se risque donc à proposer des solutions.
Il faut faire sauter nos « cages mentales », stopper l’immigration, réaffirmer la supériorité de la civilisation française sur son sol et vouloir la préserver coûte que coûte. La remigration est trop compliquée, et il faut de facto accepter le séparatisme déjà en place, postule Driss Ghali, qui va jusqu’à envisager des différences de statuts entre ceux qui aiment la France et embrassent sa civilisation et ceux qui la refusent et lui seront alors seulement « associés ».
« J’entends déjà les protestations d’une certaine gauche, je lui réponds qu’il fallait choisir en amont (c’est-à-dire il y a quarante ans) entre immigration de masse et liberté d’expression. Maintenant, il est trop tard ». Décidément, Driss Ghali est plus corrosif que jamais !
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