Causeur prend le thé avec deux « climato-sceptiques » belges…
Donner la parole à des intellectuels qui estiment que l’écologisme est une nouvelle religion, vous n’y pensez pas ?
Dans une ère où Trump s’est vu vilipender car il est sorti de l’accord de Paris sur le climat fin 2019 et où Greta Thunberg a été élue personnalité de l’année par le magazine Time, Causeur a décidé d’interroger deux climato-sceptiques belges qui ont très peu la parole dans leur plat-pays. Interview croisée de deux francs-tireurs libre-exaministes, Drieu Godefridi et Marc Reisinger.
Aurore Van Opstal. Etes-vous climato-sceptique ou climato-réaliste ? D’ailleurs, y a-t-il une différence entre ces deux appellations, vous y retrouvez-vous ?
Drieu Godefridi. Je suis, de formation, épistémologue (docteur en philosophie, juriste) ; ma compétence se cantonne à la critique du GIEC — groupe d’experts de l’ONU sur le climat —en tant qu’organisation. Je n’ai aucun avis autorisé sur la science du climat en tant que telle ; je me limite à constater, sans commenter, qu’il existe des dizaines de milliers de scientifiques, de par le monde, qui ne partagent en rien les conclusions du GIEC, même dans la première partie « scientifique » de ses rapports.
Marc Reisinger. Ces deux concepts sont interchangeables et se définissent par rapport à « climato-croyant ». Je suis scientifique donc réaliste, sceptique et non croyant.
Vous critiquez tous deux Greta Thunberg. Pourquoi ?
Drieu Godefridi. Je ne critique jamais cette malheureuse enfant dans sa personne, seulement l’odieuse cabale d’ONG sans scrupule et de sa famille qui instrumentalisent sans vergogne une enfant — elle n’a toujours pas 18 ans, son exploitation médiatique débutait quand elle avait 15 ans — atteinte d’un trouble du comportement du spectre autistique. Je rappelle que la mère de Mlle Thunberg fit l’objet d’une large campagne de presse, au Danemark et en Norvège, pour avoir prétendu que sa fille avait rédigé un ouvrage dont elle était l’auteur. Cette charmante manipulatrice dut finalement faire modifier la couverture de l’édition norvégienne[tooltips content= »Source : https://sverigesradio.se/sida/artikel.aspx?programid=478&artikel=7246159″](1)[/tooltips]
D’un strict point de vue idéologique, théorique et analytique, l’écologisme forme le projet le plus parfaitement totalitaire depuis Marx.
Elle prit soin de rajouter ensuite quelques textes « signés Greta » au manuscrit original pour refaire passer les éditions internationales comme étant co-autorées par Greta elle-même, dont le nom est tellement plus « porteur » que celui de sa délicieuse maman. Plus généralement, l’exploitation d’une enfant perturbée à des fins politiques, voire fanatiques, et bassement mercantiles, est abjecte et relève d’une forme de la maltraitance.
Marc Reisinger. Lorsque j’ai découvert Greta Thunberg, je me suis dit : « Elle est bien jeune, mais n’est-il pas admirable d’être aussi combative ? » Lors de la marche pour le climat qu’elle a menée à Bruxelles, j’ai interviewé des manifestants, et j’ai découvert qu’ils ne connaissaient pas le « B A BA » de la théorie du réchauffement anthropique. J’ai ensuite été voir un professeur loué par la presse parce qu’il encourageait ses élèves à manifester. Même ignorance des données élémentaires de la climatologie[tooltips content= »https://www.causeur.fr/greta-thunberg-climat-interview-160485″](2)[/tooltips].
Faute de pouvoir annoncer la fin du système capitaliste, on brandit désormais la fin de la Planète. D’un strict point de vue idéologique, théorique et analytique, l’écologisme forme le projet le plus parfaitement totalitaire depuis Marx
Pourquoi ne pas voir dieu, plutôt que m’en remettre à ses saints ? Je me suis rendu à Stockholm, où Greta manifestait chaque semaine devant le parlement. Malgré qu’elle ait été disponible, je me suis heurté à un blocus : impossible d’avoir un entretien réel avec elle. En passant en revue ses communications, j’ai découvert qu’elle débitait toujours du même laïus émotionnel de quelques minutes relevant plus de la martyrologie que de la climatologie. L’apothéose fut son discours aux Nations Unies de septembre 2019, après quoi son étoile n’a cessé de pâlir, comme elle dont l’état de santé m’inquiète.
Comment définiriez-vous l’écologisme politique et ses revendications ? En France et en Belgique.
Drieu Godefridi. L’écologie politique, ou écologisme, est une idéologie anti-humaniste qui, au prétexte de « restaurer l’équilibre » entre l’homme et son environnement, offre un projet de société authentiquement « humanicide » et nihiliste par défaut de considération pour les valeurs humaines, comme l’a magistralement diagnostiqué l’intellectuel allemand Edgar Gärtner (Öko-Nihilismus : Selbstmord in Grün). Si le CO2 est le problème, sachant qu’il n’existe aucun geste de l’homme qui n’en émette, alors c’est l’intégralité de l’agir humain qui doit être soustrait à l’empire de la liberté pour tomber dans la contrainte administrative, sur le mode du rationnement, de l’interdiction et de la sanction ; c’est ce que j’ai nommé l’algorithme totalitaire de l’écologisme. D’un strict point de vue idéologique, théorique et analytique, l’écologisme forme le projet le plus parfaitement totalitaire depuis Marx.
Marc Reisinger. L’écologisme est une nouvelle religion, une « religion sociale », comme disait Raymond Aron à propos du marxisme. « Aux peuples qui désespéraient du royaume des cieux, le marxisme a promis le royaume de l’homme », dit Albert Camus. Aux peuples qui désespéraient du royaume de l’homme, l’écologisme promet le royaume de la nature.
Le cœur de l’idéologie écologiste est anticapitaliste. Elle est née après la chute du Mur, comme si un peuple d’idéologues, vivant à l’abri du système capitaliste, risquait de manquer de combustible. Le trait commun à toutes les religions est la prophétie. Faute de pouvoir annoncer la fin du système capitaliste, on brandit désormais la fin de la Planète. L’écologisme est apocalyptique.
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Le succès des religions est aussi lié au fait qu’elles sont prises pour la Vérité. Lorsqu’on les perçoit comme des croyances, c’est qu’elles déclinent. L’écologie est la religion la plus performante aujourd’hui car elle ne s’appuie pas sur des histoires à dormir debout, mais prétend se fonder sur la science, la vision du monde dominante. On ne croit plus au surnaturel, mais au naturel. Il existe aussi un problème de culpabilité. L’homme occidental se bat la coulpe. La décolonisation s’accompagne de remords envers le reste du monde ; l’écologisme traduit une culpabilité envers la nature. Ce qui permet en même temps d’afficher une supériorité morale : soyons plus propres, plus verts, plus doux, plus naturels, plus passifs… On communie dans une bienveillance universelle, visant la planète et les générations futures. On lutte contre les petits plaisirs (alimentation, voyages…).
L’angoisse – qui est essentiellement l’angoisse de la mort – joue également un rôle important. Si tout le monde meurt, en même temps que la Planète, je me sens moins seul. Surtout si je me rachète en observant le catéchisme écologiste et en pourchassant les Mauvais. Toute discussion des présupposés de l’écologisme entraîne en effet une excommunication immédiate. Bref l’écologisme est une supercherie scientifique, un délire collectif et, comme le montre bien Drieu Godefridi, un totalitarisme.
Quels problèmes rencontrent les agriculteurs belges ? Sont-ils, comme en France, laissés à l’abandon ? Que faudrait-il faire pour les aider ?
Drieu Godefridi. Je ne crois pas que les agriculteurs sont laissés à l’abandon ; ils sont plutôt piégés par un système de subventions de type « Politique agricole commune » qui fausse les mécanismes du marché et finit par leur ôter leur liberté tout en les réduisant à la pauvreté. Le mépris haineux dont les accablent les écologistes vient par surcroît, au motif que l’agriculture utilise, parfois, des produits inventés par la chimie, de type engrais et pesticides. Les écologistes « oublient » que sans ces figures du génie humain — engrais et pesticides — l’agriculture ne serait pas capable de nourrir 7.8 milliards d’êtres humains, du reste plus et mieux que nous ne l’avons jamais dans l’histoire de l’humanité.
Que pensez-vous de l’énergie éolienne ?
Drieu Godefridi. Que cette farce méphistophélique finira en l’un des plus grands scandales de l’histoire économique occidentale. Jamais l’éolien, grossièrement intermittent, ne sera apte à approvisionner nos cités ; l’éolien oblige à construire des réseaux de distribution capables de gérer ses giclées intermittentes — ô combien — et le recyclage des matériaux éoliens est impossible : on se contente d’enterrer des milliers d’hectares de pales qui affleureront en l’état, à un mètre de la surface du sol — monstrueux résidus de l’hybris écologiste — pendant des millions d’années. Ces géants lugubres qui battent nos campagnes de leurs bras menaçants sont immortels et stériles. Je renvoie à l’excellent documentaire sur le sujet du réalisateur de gauche Michael Moore (« Planet of the Humans »).
Marc Reisinger. L’énergie éolienne est l’exemple même d’une idée simple, belle et fausse. Quoi de plus merveilleux que de capter une énergie gratuite et non polluante ? Sauf que l’énergie éolienne revient très cher et ne survit que grâce aux subsides de l’Etat, donc des contribuables. Mais surtout, elle est polluante, puisqu’elle doit être doublée par des centrales au gaz ou au charbon assurant le relais lorsqu’il n’y a pas de vent.
Y a-t-il des différences ou au contraire des convergences entre l’écologisme politique belge et français ?
Drieu Godefridi. En idéologie, aucune différence. Politiquement, les écologistes français dévoilent plus ouvertement l’extrémisme de leur idéologie parce qu’ils n’ont quasiment aucun contradicteur « en face », à droite ; ce qui n’est pas le cas en Flandre, où l’écologisme comme parti passe pour une secte marginale.
Pensez-vous que le réchauffement climatique soit d’origine humaine ?
Drieu Godefridi. Mes amis scientifiques tels Richard Lindzen, physicien de l’atmosphère, me disent que l’homme pourrait avoir un rôle marginal dans le léger réchauffement que nous observons, lequel est d’une amplitude dérisoire en comparaison de certains des réchauffements précédemment observés dans l’histoire de notre planète. Je refuse de m’aventurer sur le terrain scientifique au sens strict et renvoie ceux qu’intéresse le volant proprement scientifique de ce débat à l’excellent site Science, climat et énergie des professeurs Alain Préat et Georges Geuskens.
Marc Reisinger. Il existe un réchauffement global de la planète évalué par le GIEC à 1,2° C en un siècle. La théorie du réchauffement d’origine humaine est fondée sur une corrélation avec la hausse du CO2 atmosphérique. Le problème est qu’il n’existe pas de preuve que cette hausse du CO2 soit liée à l’activité humaine, puisqu’elle est régulière et n’a, par exemple, pas varié d’un iota au cours de la crise économique du Covid-19. La théorie expliquant l’influence du CO2 sur la température globale n’est pas non plus démontrée et de nombreux physiciens la contestent. Il est à peu près impossible d’expliquer comment une molécule représentant 0,04% de l’atmosphère pourrait avoir une telle influence sur la température globale.
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Par contre, il existe une corrélation entre l’évolution de la couche nuageuse basse et la température de l’atmosphère (comme chacun peut s’en rendre compte en se tenant au soleil). Cette observation mène à une théorie alternative à celle du réchauffement anthropique, selon laquelle la formation des nuages est liée à l’activité des rayons cosmiques, elle-même influencée par les variations des cycles solaires (théorie de Svensmark). C’est une théorie bien élaborée, plus complexe et largement occultée par les médias.
Que pensez-vous des gens lambda qui disent « On veut toujours taxer ‘les p’tites gens’ pour l’écologie mais jamais les grandes entreprises » ?
Drieu Godefridi. Qu’ils ont raison à court terme, tort à long terme. À court terme, la très extrémiste politique allemande « Energiewende » écrase d’impôts « pour le renouvelable » les familles, exonérant les grandes entreprises. À long terme, des objectifs aussi délirants que « zéro émission » (de CO2) ne peuvent être atteints qu’en paralysant tout le monde — ce qui ne peut advenir ni n’adviendra jamais. Dans l’intervalle, les consortiums qui se sont spécialisés dans les énergies renouvelables à revenus garantis s’enrichissent à coups de dizaines de milliards (sic) garantis par l’Etat directement prélevés dans la poche des familles, de la plus nantie à la plus pauvre. Ce système est profondément injuste et donnait sa pleine légitimité au premier mouvement des « Gilets Jaunes ».
Marc Reisinger. Les grandes entreprises peuvent s’adapter à n’importe quelle idéologie. Les « petite gens » n’ont aucun moyen d’échapper aux taxes.
Quel regard portez-vous sur le GIEC ?
Drieu Godefridi. Probablement la plus grande imposture de l’histoire de la science depuis Lyssenko. Le GIEC s’offre comme « organisation scientifique » et les politiques s’en revendiquent comme tel alors qu’avec d’autres nous avons démontré, depuis dix ans, que le GIEC est intégralement politique et même diplomatique. Je réitère inlassablement la même offre depuis 2010: un débat public médiatisé, en direct, sur la nature — scientifique ou politique — du GIEC, avec n’importe quel contradicteur que l’on voudra bien me désigner.
Marc Reisinger. Le GIEC est une affaire qui tourne. Chacun croit qu’il s’agit d’une autorité scientifique suprême sur le climat, alors qu’il ne s’agit que d’un lobby dont les statuts montrent qu’il a pour objectif de montrer l’influence de l’homme sur le climat. Celle-ci est présupposée et jamais mise en question. Le GIEC n’est pas un organisme de recherche. Il « pêche » dans la science les éléments qui confortent une thèse préétablie. Si les rapports complets du GIEC, comportant des milliers de pages, contiennent des nuances de taille, les résumés pour décideurs, seuls textes relevés dans la presse, ne sont que des instruments de pression en faveur d’une thèse.
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Quelle serait une politique réaliste et raisonnable par rapport à l’environnement en Belgique et en France ?
Drieu Godefridi. L’air de nos villes n’a jamais été aussi pur depuis le début de l’ère industrielle, idem de l’eau : refaire de l’environnement une politique rationnelle, dépolluée de l’idéologie écologiste.
Marc Reisinger. L’écologie est un souci noble qui devrait s’appuyer sur une analyse réaliste des coûts et bénéfices de chaque mesure au lieu de foncer tête baissée dans des entreprises stériles. La réduction des pollutions industrielles est un objectif valable. Le CO2 n’est pas un polluant. L’énergie nucléaire n’est pas polluante.
Propos recueillis par Aurore Van Opstal.
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