Selon Drieu Godefridi, auteur belge, notamment de La Révolution Trump aux éditions Texquis, Trump gagnera les élections présidentielles américaines du 4 novembre prochain. Entretien avec un pro-Trump convaincu, toujours persuadé que son cheval de course préféré va rempiler pour un nouveau mandat, quand plus grand monde n’y croit.
Aurore Van Opstal. Nous sommes à J-7 des présidentielles américaines, quel est votre pronostic ?
Drieu Godefridi. Les indicateurs objectifs me paraissent pointer la plupart vers une réélection de Trump ; parmi lesquels : le nombre de nouveaux votants Républicains, la proportion Républicains/Démocrates nouvellement affiliés dans les États-clefs, l’enthousiasme indéniable de ces foules immenses qui se déplacent aux meetings de Trump quand Biden peine à rassembler 50 personnes, les calamités innombrables qui s’abattent sur le malheureux Biden… En dehors des sondages “nationaux” — qui ne veulent rien dire dans une élection qui se joue par États — je ne vois rien de signifiant qui pointe dans le sens de Biden.
Biden est un homme en fin de course, dont les déclarations aberrantes se multiplient
L’historien Allan Lichtman prévoit une défaite de Trump. Ses prédictions politiques sont exactes depuis 1984. Il se base sur son modèle en 13 clés, qui prend en compte plusieurs facteurs, dont l’économie, le climat social, le mandat, les scandales ou encore le charisme de candidat. Quelle est votre réaction à cette prévision de l’oracle Lichtman ?
La première question à se poser quand un expert sort une étude-maison est : quel est le degré de subjectivité des critères mis en œuvre ? Le “climat social”, les “scandales”, le “charisme” me semblent des critères peu quantifiables, donc arbitraires. De plus, donnerait-on l’avantage, en prime face, à Biden, sur ces trois critères ? Cela me paraît téméraire. Les Madame Soleil qui ne se trompent jamais m’évoquent immanquablement les sondages qui donnaient Mme Clinton gagnante à 95% la veille de l’élection en 2016.
Biden a-t-il fait une bonne campagne ?
Biden n’a pas fait campagne. Il a décidé de rester chez lui, dans son sous-sol. Cela me semble résulter à la fois d’une nécessité physique et mentale — Biden est un homme en fin de course, dont les déclarations aberrantes se multiplient ; hier il appelait Trump “George” deux fois d’affilée sans se rendre compte de son erreur — et d’un calcul qui se défend : laisser Trump monter contre lui tous ceux qui, par aversion pour le Républicain, voteront Biden. Cette stratégie n’est pas stupide, car Biden n’a jamais été le premier choix de personne : les primaires démocrates en témoignent. La campagne de Biden est tout en annonces publicitaires ; classiques et digitales — plus le soutien de la majeure partie de la presse, qui lui est acquise sans bourse délier. Il est vraisemblable que les dépenses finales de la campagne Biden seront les plus démesurées de l’histoire politique américaine. Même sur le terrain — en porte-à-porte — les équipes Biden sont absentes, laissant jusqu’il y a peu aux Républicains — quant à eux fort présents sur le terrain — le monopole de ces entretiens sur le mode convivial. Toute cela fait une campagne bien contrastée et quelque peu surréaliste. Rappelons que, déjà en 2016, les dépenses de la campagne Clinton étaient considérablement supérieures aux dépenses de la campagne Trump, avec les résultats que l’on sait.
Au-delà de ses promesses de campagne, quelles politiques nouvelles de Trump pouvons-nous attendre en cas d’un deuxième mandat ?
La réélection de Trump lui permettrait d’aller au bout de sa logique à la fois en politique intérieure et internationale : dérégulation, baisse des impôts, juges conservateurs respectueux de la Constitution des États-Unis, domination énergétique, domination militaire, renouveau de la classe moyenne, la carte de l’Orient constellée de nouveaux accords de paix, renvoi de l’Europe à ses propres responsabilités. Autant dire qu’on changerait d’époque, cette fois pour de bon et sans espoir de retour en arrière. Serait-ce forcément un mal, y compris pour l’Europe ? Il faut bien mesurer que, sur le terrain international, on assiste à un changement de paradigme qui sera structurant des décennies à venir : isolement de l’Iran — contrepied parfait de la politique Obama, désastreuse dans ses effets d’habilitation d’un régime terroriste — miser sur l’Arabie saoudite et tresser des accords de paix bilatéraux avec Israël, jusqu’au Soudan. Qui entrevoyait la possibilité des Accords d’Abraham il y a un an ? Le legs de l’administration Trump dans les relations internationales est considérable ; un second mandat en garantirait la pérennité. On songe également au désengagement progressif des troupes américaines des nombreux conflits, souvent sans issue, où les avaient immergées les administrations précédentes, Républicains comme Démocrates. Sans compter le possible désengagement américain de l’OTAN : les Républicains ne souffrent plus le désinvestissement militaire endémique des Européens, car cela revient très littéralement à faire payer la défense européenne par le contribuable du Kentucky et de l’Oklahoma. Mundus senescit, disait Grégoire de Tours.
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