Passée l’odeur de soufre, que reste-t-il du Drieu La Rochelle chroniqueur et éditorialiste politique ? Faut-il le réduire à ses articles incandescents dans Je suis partout et L’Émancipation nationale, le journal du Parti populaire français[1. Drieu adhéra au PPF en 1936 avant de rompre avec Doriot en 1939, puis de le rejoindre en novembre 1942, alors que les Alliés débarquent en Afrique du Nord.] ? N’y aurait-il pas un Drieu plus complexe, tour à tour patriote philosémite, antinationaliste, antisémite virulent et pourfendeur du racisme biologique ?[access capability= »lire_inedits »]
Drieu a constamment cherché l’alliance et l’organisation géopolitique qui donnerait sens et harmonie à une Europe moribonde. Dans son érudite fresque politico-historique La France est-elle finie ? (2011), Jean-Pierre Chevènement fait même de l’auteur de Mesure de la France (1922) l’annonciateur de l’européisme mitterrandien ! Préfacé par Daniel Halévy, ancien des Cahiers de la quinzaine de Péguy, cet essai marqué par la saignée de 1914-1918 inaugure les réflexions de Drieu sur la vocation européenne d’une France confrontée au grand jeu mondial entre Genève, Moscou et Washington.
Au crépuscule des années 1920, Drieu assume le « déclin de l’Occident » cher à Spengler. Aux voix réactionnaires inquiètes de l’invasion des peuples de couleur, il répond, bravache, que « le danger qui menace l’Europe n’est point par là [mais] il est à l’Occident »[2. « Le problème vital de l’Europe. Ni New York ni Moscou », L’Européen, 12 juin 1929.] capitaliste américano-centré, ennemi inexpugnable du Vieux Continent qui « veut partager avec lui l’emprise de la race blanche sur la planète, ou plutôt veut la lui ravir ». Amis tiers-mondistes, (re)lisez Drieu ![/access]
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