DPDA: Les paroles sont un avant-goût des actes


DPDA: Les paroles sont un avant-goût des actes

Alain Finkielkraut Daniel Cohn-Bendit DPDA Wia Berhouma

Après l’intervention de Wiam Berhouma dans l’émission des paroles et des actes, Alain Finkielkraut s’est dit accablé par ce qu’il venait d’entendre, avant d’ajouter que c’était très intéressant. En lisant les commentaires de cet « échange », je m’aperçois que nous sommes nombreux a à partager ce sentiment d’accablement. Dans mon cas, ce n’est pas la première fois. Je suis toujours accablé quand ce que la France réussit le mieux rencontre ce qu’elle produit de plus navrant, et que, rencontres après rencontres, il semble qu’aucun progrès ne vienne.

Déjà, quand Finkielkraut échangeait, il y a quelques années, dans une émission grand public, avec Abdallah Zekri, Secrétaire Général du Conseil Français du Culte Musulman et Président de l’Observatoire National de l’Islamophobie, le spectacle était accablant. Après que le philosophe eut rapporté ce jour-là des témoignages d’enseignants exerçant en zones sensiblement musulmanes, où les contenus des cours sont contestés et où l’antisémitisme règne, le représentant communautaire, sourd et aveugle au constat n’eut qu’un mot en guise de réponse : « Tout ceci est faux. » Plus récemment, c’est Tarek Oubrou, censé représenter l’élite, l’exemple, l’initiateur d’un islam de France à la visibilité occidentale, alors invité de l’émission « Répliques », qui a eu ce mot pour conclure un échange éclairant sur le Coran et ses interprétations guerrières : « L’islam c’est la paix », avant de rétorquer à son interlocuteur qui avançait quelques objections historiques bien connues qu’ « on insultait là des millions de musulmans ».

Consterné par cette mauvaise foi opposée à l’honnêteté de celui qui regarde le réel, et au courage de celui qui le montre, mais fermement décidé à ne pas vivre sous le signe de l’accablement, je choisis de toutes mes forces de ne pas tomber dans le piège de la généralisation. Je refusais d’attribuer à une population toute entière les mensonges et la bêtise de quelques-uns, porte-paroles d’une communauté religieuse venue du Tiers monde, dont on ne pouvait pas s’étonner qu’ils ne fussent pas impartiaux et qu’ils ne fussent pas des lumières.

Mais à peine chassé, l’accablement revint au galop. Débats après débats, j’entendais des français musulmans dans toute leur diversité, invités pour apporter la contradiction à Finkielkraut, qui semblaient être là pour lui régler son compte et rapporter à leurs supporters le spectacle du philosophe déstabilisé ou plus simplement insulté. Même ceux qui n’avaient pas l’excuse du sous-développement intellectuel ou du parti pris, étant apparemment des hommes et des femmes libres et instruits, ne représentant qu’eux mêmes ou armés de sciences sociales, comme Abdel Raouf Dafri, scénariste reconnu bien qu’autodidacte ou comme Nacira Guénif  sociologue, anthropologue et maitre de conférence à l’université, se révélaient aussi sourds au dialogue et plus vindicatifs encore que les pauvres d’esprit cités plus haut.

De toutes ces paroles échangées, avec des savants, des artistes ou des officiels, je tirais une leçon : Le musulman serait plus souvent doué pour la susceptibilité que pour l’autocritique. Mon accablement devint alors presque une habitude quand les rendez-vous de l’intelligence et de la bonne volonté étaient régulièrement manqués entre Finkielkraut et ses, et nos compatriotes musulmans, si l’on excepte les conversations avec des écrivains plutôt dissidents ou revenus de l’Islam ou des hommes politiques arabes mais je n’en vois qu’un, Malek Boutih, athée par ailleurs.

Ceux-ci mis à part, lorsque les échanges virent trop souvent à l’injure comme dans le cas récent de Viam Berhouma, enseignante et crypto-indigène de la république au discours initié par de pseudo intellectuels qui manient les notions vaseuses et approximatives de racisme d’Etat ou d’islamophobie institutionnelle. (Où sont les pratiques racistes de l’Etat ? Je ne vois que la discrimination positive. Où est l’islamophobie dans les institutions ? Nulle part je le crains, alors que la défense des idées de liberté, d’égalité et de fraternité devraient justement passer par une bonne dose d’islamo-méfiance dans les institutions) ; certains, qui partagent mon accablement, préfèreraient alors qu’on épargne le téléspectateur, qu’on évite le sujet, qu’on abrège le débat et qu’on censure la parole. Je ne les suis pas. Au contraire, tout accablé que je suis, j’en redemande.

Les médias sont dans leur rôle quand ils offrent un espace à toutes les expressions. Ils remplissent leur mission quand ils mettent en lumière les courants de pensée en mouvement dans toutes les populations de la société française. Même si nous en sommes accablés. Dans l’état actuel de l’Islam et de sa radicalisation rampante, de la France, de son immigration et de sa démographie, nous avons tout intérêt à faire sortir des caves et des colloques ces discours de haine dans toutes leurs réalités, aussi accablantes soit-elles. Pour que tous, nous regardions en face, sans pouvoir dire un jour que nous ne savions pas, ce qui risque de nous attendre à plus ou moins long terme. Nous devons savoir ce que nous promettent ceux avec qui, sauf miracle, nous serons un jour contraints de négocier.



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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