DPDA: deux poids, deux mesures, qu’ils disaient…


DPDA Finkielkraut

Hier soir, comme c’était mon dernier anniversaire de trentenaire, j’ai enregistré l’émission « Des paroles et des actes », pour pouvoir la regarder en rentrant d’un dîner au restaurant avec des amis. Le menu était trop alléchant pour que je risque de rater ça : un face à face entre Alain Finkielkraut et Daniel Cohn-Bendit, voilà qui pouvait voler un peu plus haut que la moyenne.

Ce que je n’avais pas imaginé, et que j’ai donc découvert en léger différé, c’est que l’animateur du débat, David Pujadas, fournirait lui-même l’indispensable « dérapage » qu’on attend de ce genre d’émission. Les fameux « clash », on le sait, sont à peu près tout ce que retiennent les gros sites d’info et les réseaux sociaux au lendemain d’une telle émission.

Le soixante-huitard écolo et le philosophe académicien échangeaient avec une courtoisie rarissime, et même une complicité non dissimulée par moments, lorsque l’arbitre a sifflé la mi-temps pour donner la parole à une illustre inconnue : Wiam Berhouma, jeune enseignante présentée comme indépendante de tout parti politique (ben voyons… et si on jetait un œil au collectif organisateur de la tristement fameuse Marche des femmes pour la dignité).

Le ton comme le fond de sa diatribe interminable contre Alain Finkielkraut, aussi violente que gratuite, auraient immédiatement saisi de honte n’importe quel journaliste professionnel. Mais David Pujadas – quelqu’un lui contait-il fleurette dans l’oreillette ? – n’a pas cherché un instant à l’interrompre, pour lui rappeler les bonnes manières les plus élémentaires.

A l’heure où l’on interdit les spectacles de Dieudonné, et où plus personne n’envisage de le recevoir à la télé, comment un tel attentat médiatique peut-il encore être perpétré ? Au mieux, les équipes de France 2 auront fait une lamentable erreur de casting, croyant sincèrement donner à une innocente citoyenne la possibilité d’user de sa liberté d’expression. Au pire…

On parle beaucoup de radicalisation sur Internet, au risque d’ailleurs de voter à la hâte des lois liberticides, mais il serait sans doute temps de s’interroger sur le potentiel de la télévision – a fortiori publique – en la matière. S’il est difficile d’obtenir que Mark Zuckerberg flique efficacement les appels à la haine qui circulent sur son réseau social, les chaînes de télé financées par la redevance devraient pouvoir y être contraintes plus facilement.

Qu’il est loin, déjà, le temps où une paire de gants de boxe valait à Paul Amar des sanctions immédiates, à la suite du débat entre Bernard Tapie et Jean-Marie Le Pen du 1er juin 1994. J’avais 17 ans, et encore toutes mes dents.

Wiam Berhouma PIR



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est journaliste.

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