Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, n’est pas un homme ridicule. Récemment déchiré entre ses hautes fonctions et sa conscience, il a lutté contre la tentation de démissionner; il avoue ressentir un “profond malaise” devant les mesures gouvernementales prises contre les Roms.
On imagine le dialogue entre Bernard et Christine, un soir de déprime :
– Je n’en peux plus ! Je ne supporte plus ce gouvernement, je ne peux plus voir le visage couperosé de ce sociopathe d’Hortefeux ! Il veut tout savoir, tout régenter ; c’est Joseph Fouché plus internet ! Je te dis que je vais quitter le gouvernement.
– Tu n’y penses pas ! Ton portefeuille ministériel est prestigieux, les Falcon et les Airbus de l’ETEC sont à ta disposition, tu es reçu dans les plus somptueuses résidences du monde, tu reçois gratuitement Paris Match et Voici ! Tu veux perdre tout ça? Et après ? Tu porteras les bagages de Martine Aubry ou la serviette de bain de DSK? Tu conduiras le bus de campagne d’Hervé Morin ?
– Quelle horreur !
– Alors, ta démission, tu l’oublies et tu repars au Quai avec le sourire aux lèvres et cet air conquérant que t’envient tous tes concurrents.
– Jolie formule, Christine ! Je crois que tu as raison. Mais au fait, tu pourrais démissionner, toi, claquer la porte de France 24. Mon honneur serait sauf !
– Tu n’y penses pas ! Abandonner mon emploi sous le prétexte que tu as des états d’âme ? Même pas en rêve, Bernard ! Et puis avec un seul salaire, comment fera-t-on pour payer l’abonnement à Paris-Match et à Voici.
– Tu es implacable, Christine, et imparable ! Ah, si tu n’étais pas là ! Je me sens un peu fiévreux, en ce moment.
– Tu veux un grog ?
– Oh oui, avec beaucoup de rhum!
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