Après les panneaux solaires et les lave-linge, le président américain Donald Trump a annoncé de nouvelles mesures protectionnistes sur l’acier et l’aluminium. Les partisans du mondialisme indigné sont furieux.
Le président Trump fait ce qu’il avait annoncé et qui l’avait porté à la présidence des Etats-Unis : il défend les intérêts de son pays. Après avoir taxé en douane les panneaux solaires chinois et les lave-linge coréens, il vient de faire de même pour l’acier (25%) et l’aluminium (10%) importés. Le Monde fait état des cris d’orfraies (« inacceptable », « mesures injustes ») qui s’élèvent de Chine, de Bruxelles et d’ailleurs. Le président américain (toujours porté par la majorité de son opinion) a estimé lui qu’il défendait son industrie « décimée par des décennies de commerce inéquitable ».
« Des mesures qui violent les règles de l’OMC »
L’inénarrable Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne, a réagi dans un communiqué : « Au lieu d’apporter une solution, cette décision ne peut qu’aggraver les choses… Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que notre industrie est frappée par des mesures injustes ». Et la Commission l’a annoncé : « l’UE entamera le plus tôt possible des consultations sur le règlement des différends avec les États-Unis à Genève » auprès de l’OMC. Cela peut durer 10 ans… Quant à Emmanuel Macron qui pré-célébrait déjà sa visite aux Etats-Unis le mois prochain, il ne dit mot, piégé qu’il est. Les Allemands eux (toujours en gouvernement de transition), soulignent la menace sur leur emploi (turc essentiellement), et l’industrie (Stahl) dénonce « des mesures qui violent les règles de l’OMC »; mais les plus vives réactions viennent du Canada, premier fournisseur d’acier et d’aluminium des États-Unis. La réaction la plus intéressante est celle de la Chine populaire qui demande aux Américains – et cela ne manque pas de sel – de « respecter les règles du commerce multilatéral » (ministère chinois des Affaires étrangères).
Inutile de faire l’historique ironique du GATT et de l’OMC qui ont été imposés au monde par les Etats-Unis, vainqueurs et dominants de 1945 à 1990, qui espéraient alors que le mondialisme leur donnerait une suprématie encore plus écrasante. Les résultats du mondialisme, notamment pour les nations d’Europe et la France, sont mauvais. La situation économique actuelle est le produit des aberrations juridiques, monétaires, financières, économiques et morales que l’on a laissé se développer dans le cadre ultra libéral du globalisme.
Quand la loi n’est pas juste…
Ce sont désormais deux conceptions du droit et deux conceptions de l’économie qui s’affrontent ainsi et il est clair que celle qui reposait sur le mensonge, l’ignorance et la cupidité est en train de voler en éclats.
En droit, on croit lire une opposition entre l’argument d’iniquité et celui du respect scrupuleux de la règle. On balaiera vivement cette fausse opposition : personne n’a voté ni pour l’OMC ni pour les accords transatlantiques, ni pour l’accord commercial avec le Canada ou le Brésil. C’est donc illégitime et cela peut être aboli comme le fait le président Trump, qui a d’ailleurs consulté la Commission du Commerce international où siègent démocrates et républicains. En la matière, non seulement la concurrence n’est pas loyale mais, quand bien même elle le serait, c’est un droit absolu pour un pays de protéger ce que List appelle en économie ses « forces productives ». Le droit oppose, depuis 2000 ans, le jus et la lex : il existe donc, dans la réflexion des juristes, des lois injustes et le devoir de les refuser.
Défendre son économie n’est pas une « facétie »
En économie, la théorie de David Ricardo (lui-même spéculateur international) des « avantages comparatifs » date de 1817 mais demeure le credo de l’OMC… Maurice Allais – notre prix Nobel d’économie – a démontré l’inanité de cette théorie, comme il a aussi démontré les ravages amoraux de l’émission monétaire par les banques commerciales (sur laquelle la Suisse vote le 10 juin).
Même si le commerce international est souhaitable (entre systèmes économiques et sociaux comparables), le but de l’économie nationale n’est pas d’exporter pour ruiner les économies étrangères. Et encore moins d’importer pour laisser ruiner son propre tissu économique et social. Que ceux qui peuvent comprennent ; et que les autres continuent à scruter les « facéties » du président américain.
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