À Milwaukee, lundi soir, Donald Trump a été accueilli triomphalement à la convention républicaine, au surlendemain d’un attentat qui aurait pu lui couter la vie. Il a annoncé la nomination du sénateur de l’Ohio J.D. Vance1 comme colistier. Le mobile du tireur Thomas Matthew Crooks reste pour l’instant inconnu.
La cause est entendue. Au mois de novembre, Donald Trump sera élu président des États-Unis. À cause de la sénilité intermittente de Joe Biden et du dernier débat entre eux, qui l’a vu sombrer. Grâce à, si j’ose dire, la tentative d’assassinat dont Donald Trump a été victime et qui à un centimètre près aurait pu être mortelle.
Le comportement de Trump, après la commission de ce crime, a été admirable de courage et supérieurement habile sur le plan politique, en manifestant des vertus de combat et de résistance magnifiées par la tragédie à laquelle il avait échappé par miracle, une sauvegarde exploitée comme un signe du destin.
Les États-Unis, une démocratie violente
Il ne peut plus perdre après un tel concours de circonstances. Joe Biden a admis qu’il avait eu tort de demander qu’on « cible » son adversaire même s’il a précisé ce qu’il entendait par là et qui n’avait rien à voir avec l’agression qui a suivi. Il a confirmé qu’il irait jusqu’au bout tout en comprenant ceux qui s’inquiétaient pour sa santé et souhaitaient son abandon.
Les quelques réactions odieuses de gens regrettant que Donald Trump s’en soit tiré comptent peu face à un climat général qui semble avoir pris la mesure des risques de la violence verbale et de l’outrance développées lors de la campagne présidentielle. Donald Trump, pas exempt de critiques sur ce plan, a pris conscience des devoirs qui devaient être les siens désormais en faisant un appel à l’unité.
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Il faut à ce sujet relever la remarquable influence de ses deux conseillers principaux, une femme très professionnelle et respectée par tous (Susie Wiles) et un homme, ancien militaire, chargé de débusquer les erreurs et les points faibles de ses contradicteurs et opposants (Chris LaCivita). La nouveauté est que Donald Trump les écoute et s’en porte bien.
Mais au-delà de sa victoire programmée, j’ai été frappé par l’extraordinaire élan de sympathie et de solidarité qui a montré à quel point la tentative d’assassinat sur Donald Trump avait fait radicalement changer le regard sur lui, non pas seulement de ses soutiens et des militants républicains – l’ovation interminable à la Convention républicaine ayant ému Trump lui-même – mais des citoyens américains qui n’étaient pas favorables à sa cause et des médias qui lui étaient hostiles.
Trump nous surprendra toujours
Ces derniers n’ont sans doute pas changé d’avis sur l’homme, sa personnalité et son projet mais ils ne pouvaient pas faire autrement que d’être pris dans ce mouvement dominant d’accalmie de la politique partisane au bénéfice d’une concorde magnifiquement conjoncturelle. Le signe le plus éclatant de cette parenthèse de grâce a été le fait que tous les médias ont interrompu leur programme pour montrer en direct Donald Trump dans son triomphe à la Convention républicaine.
Au mois de novembre, son élection acquise, il lui restera à démontrer quels effets ont eu sur lui et sur sa pratique du pouvoir les événements dramatiques de ces derniers jours. Pour ma part, si j’ai désapprouvé évidemment son comportement judiciaire, son mépris pour l’État de droit et sa provocation ayant inspiré l’attaque du Capitole, je n’avais pas été un critique compulsif de son action lors de son premier mandat, au moins jusqu’à l’arrivée du Covid.
Pour le second mandat, j’entends bien que Donald Trump est certainement capable du pire mais son imprévisibilité peut aussi le conduire vers le meilleur. En tout cas, avec lui, il se passe toujours quelque chose et il ne sera pas un président amorphe. L’énorme changement dont Donald Trump sera forcément enrichi est que, depuis le crime dont il a réchappé heureusement et les conséquences qu’il a engendrées, il est passé, aux États-Unis et dans une grande partie du monde, du côté cœur.
- À ce sujet, relire J. D. Vance: un Éric Zemmour américain?, Lucien Rabouille, Causeur.fr (2002) ↩︎
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