Que Donald Trump poursuive ou non ses tentatives pour contester le résultat des élections présidentielles, les interrogations soulevées par ses équipes juridiques pourraient avoir la vie dure.
Le 3 novembre 2020, sur une machine de vote dans le comté d’Antrim de l’Etat du Michigan, 6000 votes en faveur de Trump basculent en un clin d’œil en faveur de Joe Biden. Le problème, attribué à une prétendue erreur humaine dans la gestion du système de dépouillement Dominion, est résolu par les autorités locales qui ré-allouent les 6000 votes au Président Trump. Cet incident a déclenché une polémique concernant le bon déroulement des élections. Citant d’autres incidents apparemment similaires dans d’autres états, le Président Trump accuse le système Dominion d’avoir effacé au total 2,7 millions de votes en sa faveur.
La bataille devient juridique
Les machines à voter et le logiciel électoral de Dominion sont utilisés par 28 Etats, dont la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin et la Géorgie, où la plus grande vague de contestation par les supporteurs du candidat républicain a été soulevée. Les avocats de M. Trump citent des faits apparemment de nature à mettre en doute la fiabilité des systèmes de Dominion. Selon certains témoignages sous serment et un contentieux, le logiciel Dominion aurait déjà été impliqué dans des élections frauduleuses aux Philippines et en Amérique du Sud. L’Etat du Texas a refusé d’acquérir des machines à voter Dominion qui ne correspondent pas à ses normes de sécurité. En Pennsylvanie, une commission d’enquête du Sénat d’état a convoqué le président de la société Dominion qui a refusé d’y participer à la dernière minute. Dans les quatre Etats pivots, les équipes juridiques et techniques de Trump maintiennent que les autorités locales et la société Dominion leur auraient refusé tout accès au logiciel électoral.
Quelle que soit enfin la stratégie précise de Donald Trump, lui et ses supporteurs continueront à mettre en doute la légitimité de Joe Biden en tant que Président.
Cependant, le 5 décembre, un juge du Michigan ordonne une expertise indépendante sur 22 tabulateurs Dominion du comté d’Antrim suite au basculement des 6000 votes du 3 novembre. Le 6 décembre, une équipe d’enquêteurs indépendants réalise un audit du système Dominion dont les résultats deviennent finalement disponibles le 14 décembre. Les conclusions de ce rapport prétendent que le basculement des 6000 votes au profit de Biden a bien été provoqué par le logiciel de Dominion et non par une erreur humaine. Il conclut également que l’intégrité du processus électoral dans l’Etat du Michigan aurait été compromise par le système Dominion qui représenterait aussi un risque en termes d’ingérence étrangère dans le scrutin. C’est également le 14 décembre que les 538 grands électeurs nommés par les 50 Etats ont, en majorité, désigné Joe Biden comme Président élu. Il est toujours possible que Donald Trump tente de contester ce résultat lors de la séance du 6 janvier 2021 devant le Congrès américain qui contrôle la régularité des votes des grands électeurs. Le Président Trump pourrait également utiliser des pouvoirs spéciaux qu’il s’est conférés dans un décret du 12 septembre 2018. Pourtant, pour réaliser un tel coup de théâtre, il faudrait que son Directeur du renseignement national, John Ratcliffe, présente prochainement un rapport contenant les preuves d’une ingérence étrangère, probablement chinoise, dans le scrutin présidentiel. Quelle que soit enfin la stratégie précise de Donald Trump, lui et ses supporteurs continueront à mettre en doute la légitimité de Joe Biden en tant que Président.
Une entreprise mystérieuse ?
Bien que sa technologie soit utilisée par 28 Etats pour le scrutin présidentiel, la société Dominion Voting Systems pourrait avoir des liens avec la Chine communiste, bien que l’entreprise le nie formellement. Sa société mère, Staple Street Capital LLC, a, en octobre, perçu 400 millions de dollars de la part d’UBS Securities LLC, selon une déclaration du 8 octobre 2020 déposée auprès de l’autorité boursière américaine. Installée depuis longtemps en Chine, la banque d’investissement suisse UBS possède une filiale chinoise, UBS Securities Co. Ltd., détenue à hauteur de 75% par des banques chinoises contrôlées par le gouvernement communiste. Selon le partenaire « fact-checking » de Facebook, Lead Stories, trois des quatre administrateurs de la filiale américaine, UBS Securities LLC, selon le profil sociétaire présenté en ligne par Bloomberg, auraient été chinois. Leading Stories a précisé le 11 décembre que ces trois personnes auraient été retirées du listing de Bloomberg par la suite sans aucune forme d’annonce.
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Trump essaiera-t-il d’exploiter ces éléments pour montrer une ingérence chinoise dans les élections ? Comme les médias ont utilisé des accusations d’ingérence russe en 2016 pour discréditer la victoire de Donald Trump, Joe Biden pourra bien avoir à essuyer des accusations symétriques au sujet de sa victoire en 2020. C’est ainsi que, pour beaucoup de ses électeurs, Trump restera « le vrai Président. »
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