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Gilets jaunes: le vrai gagnant, c’est Donald Trump?

Je vous l'avais bien dit que les gens ne voulaient pas de votre écologie!


Gilets jaunes: le vrai gagnant, c’est Donald Trump?
Emmanuel Macron et Donald Trump à Buenos Aires en Argentine pour le sommet du G20, novembre 2018. SIPA. AP22276693_000150

Tout le monde a vu sa victoire dans la « défaite » de Macron. Mais le vrai gagnant du mouvement des gilets jaunes est peut-être à chercher ailleurs. De l’autre côté de l’Atlantique…


De l’extrême gauche anarchiste aux « identitaires » de la droite dure, tout le monde veut voir sa victoire dans le recul de Macron face aux gilets jaunes. Mais au-delà des agendas politiques français, ce sont bien les conservateurs américains qui voient leur vision du monde confortée !

Certains esprits ont vu dans le mouvement des gilets jaunes une exaltation des valeurs françaises. Rien de moins ! Les regroupements spontanés de nombreux citoyens sur les ronds-points de France font certes plaisir à voir. Mais tout de même : quelle France divisée ! N’oublions pas trop vite tous ceux qui ont pris peur en restant des samedis entiers devant BFM TV. Ni ceux qui regrettent qu’un mouvement de contestation ait pu arriver à ses fins en faisant plier le pouvoir. Mouvement d’autant plus inquiétant qu’il est complètement désorganisé et manipulé de toutes parts. Je reconnais pour ma pomme m’être uniquement réjoui que le pays ne soit pas complètement mort, finalement.

Chacun voit la victoire à sa porte

Les acteurs les plus variés ont vu dans le mouvement des gilets jaunes l’expression populaire bienvenue de leurs propres revendications. Par exemple, lorsque les graves débordements éclatent à Paris, du NPA d’Olivier Besancenot à la droite identitaire, tous les radicaux se réjouissent et comptent leurs troupes en présence. Dans la partie plus présentable de l’échiquier politique, c’est un peu la même chose. Les libéraux ont vu dans le mouvement l’expression du trop-plein de taxes, amplifié par un président pourtant un temps identifié comme libéral. Les socialistes, eux, ont cru y voir le « retour de la question sociale », alors que le débat politique et intellectuel hexagonal était, selon eux, occupé par les questions d’identité ou de sécurité depuis des mois.

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On le voit : chacun a endossé son gilet jaune. Le philosophe Alain Finkielkraut déclare préférer les « ploucs » de province aux « bobos » parisiens. Il est gilet jaune. Mais le romancier Edouard Louis aussi, même si c’est dans une approche bien différente, et peut-être car il a des choses à se faire pardonner… Un soutien de plus, en tout cas. De peur apparaître « déconnectés » dans leurs rédactions parisiennes, les médiatiques n’ont jamais osé vraiment recadrer les propos parfois outranciers de certains gilets jaunes qui se pressaient devant les micros. Sans vouloir manifester ici le moindre mépris de classe, il faut reconnaître que les propos les plus crétins ont parfois été largement diffusés. De peur de passer pour « bourgeois » ou pour un « jaune » (le comble !), les esprits sensés se sont effacés devant les plus forts en gueule. Après les mesures lâchées, lundi soir, par un Macron en pleine tourmente, tout le monde devrait avoir remporté une grande victoire. Seul le président semble affaibli. Mais n’oublions pas que c’est notre chef pour encore quelques années.

Macron vertement affaibli

Macron voit le rythme des réformes de son quinquennat brutalement interrompu, tout comme son combat pour le « rafraîchissement » de la planète. Sarkozy, qui le conseillerait discrètement, aurait vu venir la catastrophe. Le 1er novembre dans Le Point, il déclarait : « A peine le président émerge-t-il que le système cherche à laffaiblir ou à le détruire à travers les réseaux sociaux. » Il ajoutait aussi : « Le modèle démocratique touche aujourdhui brutalement ses limites. » Prémonitoire ?

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De leur côté, les conservateurs américains ne demandaient qu’à voir le programme de Trump appliqué dans leur coin… Même si la voix de la France ne porte plus tant que ça, ils ont été à de nombreuses reprises contrariés par les reproches français d’un Macron arrogant présenté comme le nouveau leader du monde libre (par une presse et une intelligentsia en sédition avec le pouvoir politique). Aussi, l’occasion était trop bonne : les conservateurs américains voient dans la situation sociale française actuelle une raison de plus de se détourner des politiques « vertes ».

Trump et les « rednecks » français

Outre-Atlantique, on ne se demande pas qui est gagnant ou perdant parmi les Français ou leurs élites politiques. C’est Trump : 1, Macron : 0. La croissance économique française déjà faiblarde ne pâtit-elle pas du mouvement social ? On évalue son impact à – 0,1 point. En termes d’image du pays à l’étranger ou de concorde civile, les dégâts sont désastreux et plus difficiles encore à mesurer. Il est connu que Trump se moque éperdument du rafraichissement du climat. Sur les questions d’écologie, si l’on caricature un peu, le plus important pour le président américain est de s’assurer qu’il pourra continuer à arroser les greens des nombreux golfs qu’il possède. Alors que la situation s’envenimait en France, Donald Trump s’est ainsi autorisé un tweet dont il a la recette à l’attention de son « ami » Emmanuel.

Dans son esprit, les protestations des gilets jaunes et le recul de Macron ne font que confirmer ce qu’il disait des accords de Paris depuis deux ans. Les images de violence parisienne relayées par les télévisions comme Fox News sont l’illustration d’un petit peuple qui n’en peut plus d’être pressuré de taxes vertes et que l’administration Trump se garde bien d’imiter. Selon la rhétorique trumpiste, des élites technocratiques ont mis en place chez nous des politiques environnementales qui étranglent les familles modestes de la périphérie, bien contraintes d’utiliser leurs véhicules diesel. Pour les conservateurs américains, le peuple français rural – comme l’électorat de Trump – n’a pas d’autre choix pour aller travailler. Le mécontentement envers Macron était déjà grandissant : politique économique qui tarde à porter ses fruits et adoubement devant une vision mondialiste de l’économie qui fracasse les classes moyennes inférieures. Lesquelles entrent en révolte contre une élite qui les dirige depuis des métropoles où l’on se déplace en transport en commun…

Selon le président américain, les manifestants français qui ont déboulé dans la capitale – qu’il adore – chantaient « We want Trump ! » dans les rues. Voilà autre chose ! Si j’en crois les nombreux comptes-rendus des journalistes français présents sur place, on a quand même envie de crier à la fake news…



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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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