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Donald Trump président: jusqu’ici, tout va bien

Au grand dam de ceux qui l'imaginaient plutôt en chevalier de l'Apocalypse...


Donald Trump président: jusqu’ici, tout va bien
Donald Trump à la tribune du Congrès lors de son discours sur l'état de l'Union du 5 février 2019. ©Andrew Harnik/AP/SIPA / AP22299185_000160

Dans son discours sur l’état de l’Union, le président américain Donald Trump a vanté, mardi 5 février, les mérites de ses deux années de présidence. Au grand dam de ceux qui l’imaginaient plutôt en chevalier de l’Apocalypse…


Après l’entrée de la first lady puis des membres du gouvernement sous les applaudissements, l’aboyeur hurle, sans micro, aux membres des deux chambres du Congrès réunies, aux membres de la Cour suprême (à l’exception notable de Ruth Ginsburg) et aux généraux : « Madam Speaker, the president of the United States ». Donald Trump entre alors sous une longue standing ovation.

De la croissance et des emplois

Et lance la première salve. Il dénonce « la politique de la revanche, de la résistance et de la rétribution » (« revenge, resistance and retribution »). Regards ahuris dans les rangs à gauche. Puis, il embraye sur le boom économique sans précédent que connait le pays depuis deux ans. Il est vrai que le bilan est plutôt exceptionnel : cinq millions d’emplois créés depuis son élection fin 2016, dont 630 000 emplois industriels. « Personne n’y croyait », rappelle Trump.

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« Le mois dernier, 304 000 nouveaux emplois ont été créés, le double des prévisions. Les salaires augmentent. La croissance est aujourd’hui le double de ce qu’elle était en 2016. Et le taux de chômage est au plus bas depuis 50 ans ». Tonnerre d’applaudissements à droite. Silence gêné à gauche. Amusant quand on se souvient des prédictions en 2016 des élites de la finance, des économistes en chef, des journalistes experts – tous de Harvard ou de Princeton certainement, ceux-là mêmes qui furent incapables de prédire la crise financière de 2007 – qui annonçaient avec aplomb que l’élection de Donald Trump provoquerait une récession économique aux Etats-Unis, puis mondiale, un crash boursier à New York (la bourse a gagné 35 % depuis l’élection de Trump)…

Et le président de rappeler qu’en deux ans, un demi-million de personnes sont sorties des programmes de coupon de nourriture (« food stamps »), que le taux de chômage des minorités est à un plus bas historique, que 58 % des nouveaux emplois crées en 2018 sont occupés par des femmes, que 157 millions de personnes travaillent sur le marché américain de l’emploi, du jamais vu dans l’histoire des Etats-Unis. Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, assise juste derrière le président, aux côtés du vice-président Mike Pense, ne bronche pas.

Réductions d’impôts et indépendance énergétique

La recette ? Les réductions massives d’impôts, la suppression des réglementations, la négociation de nouveaux accords commerciaux internationaux, notamment avec le Canada et le Mexique : « NAFTA était une catastrophe ». Mais aussi avec la Chine : « Je ne blâme pas la Chine, non, je m’entends bien avec le président Jinping, je blâme plutôt les leaders politiques qui ont permis cette mascarade. » (« travesty »)

« Nous avons provoqué une révolution énergétique », martèle-t-il. « Les Etats-Unis sont devenus le premier producteur de pétrole et de gaz au monde. Nous sommes désormais un exportateur net d’énergie, une première depuis 65 ans », avant de conclure, sourire en coin : « Mes chers membres du Congrès, l’état de l’Union est solide ».

On regrettera toutefois l’absence totale de mentions à la situation de la dette publique ou au déficit fédéral qui se rapproche du billion de dollars. Surprenant également de la part du président de ne pas avoir abordé la nécessité de réduire les dépenses publiques.

« Ce miracle économique, seulement deux choses peuvent l’arrêter : des guerres insensées et des ridicules enquêtes judiciaires partisanes ». Allusion à l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, sur les soupçons de collusion entre Donald Trump et la Russie pendant la campagne électorale de 2016, qui piétine depuis deux ans.

« La tolérance pour l’immigration illégale, ce n’est pas de la compassion »

Puis vint un (sans doute trop) long plaidoyer pour le renforcement de la sécurité à la frontière avec le Mexique et l’édification d’un mur de séparation. Parmi les invités du président, qui assistent au discours depuis les galeries, une dame dont les deux parents ont été assassinés chez eux, dans le Nevada, par un immigré clandestin lors d’un cambriolage qui a mal tourné. Un agent de la police des frontières, l’agent Hernandez, en charge du démantèlement des réseaux de prostitution, est également invité. Le président le remercie sous les applaudissements. La mise en scène est efficace. « Sur le sujet de l’immigration illégale, le fossé est énorme entre le peuple et la classe politique, qui vit bien au chaud dans ses propriétés  protégées par des murs. La tolérance pour l’immigration illégale, ce n’est pas de la compassion, c’est en réalité très cruel. Les immigrés légaux enrichissent la société. Ce que je veux, c’est un très grand nombre de migrants, mais qui entrent de façon légale », conclue-t-il sur le sujet.

Donald Trump a ensuite abordé toute une série de sujets consensuels, notamment le besoin de rénover les infrastructures, de renforcer l’arsenal militaire, de faire payer aux membres de l’OTAN leur juste part, de maîtriser les frais de santé et le coût des médicaments, de lutter contre le Sida et contre le cancer des enfants. Au passage, il épingle méchamment la nouvelle loi de l’Etat de New York qui permet, sous certaines conditions, l’avortement jusqu’au jour de la naissance, sans oublier de mentionner le gouverneur (en sursis) de la Virginie, qui fit quasiment la promotion, la semaine dernière, de l’infanticide. « Je demande une loi fédérale interdisant l’avortement tardif. Nous devons construire ensemble une culture qui chérit la vie innocente », a proclamé Trump. Hourras de la droite ; silence mortel à gauche. Chacun échange des regards inquiets avec ses voisins. Le visage de Chuck Shumer, le chef de l’opposition démocrate au Sénat, présente un rictus diabolique. L’image est forte, celle de la gauche pétrifiée par ses propres positions sur l’avortement, mises au grand jour.

« Le socialisme est une horreur. L’Amérique ne sera jamais un pays socialiste ! »

Le président termine son discours par les affaires étrangères. « Nous n’avons pas eu le choix, il fallait sortir du traité nucléaire avec la Russie. Nous avons scrupuleusement respecté nos obligations, ce n’est pas le cas de la Russie. Nous allons tenter de négocier un nouvel accord avec les Russes, mais en incluant la Chine. »

Sur le dossier coréen, Donald Trump rappelle l’absence de tests de missiles depuis 15 mois. « Si je n’avais pas été élu, les Etats-Unis seraient en guerre contre la Corée du Nord à cette heure-ci. Je vais rencontrer Kim Jong au Vietnam pour un sommet de deux jours à la fin du mois» La droite éructe. Mais la gauche n’apprécie pas, personne dans ses rangs n’applaudit.

« La crise au Venezuela nous rappelle que le socialisme a réussi à transformer l’économie la plus riche de la région en un pays misérable. Le socialisme est une horreur. L’Amérique ne sera jamais un pays socialiste ! » Standing ovation à droite. La gauche est médusée. Gros plan sur Bernie Sanders, il ne bronche pas, enfoncé dans son fauteuil. Son visage est rouge écarlate.

« Les grandes nations ne s’engagent pas dans des guerres sans fin »

« Au Moyen-Orient, nous avons adopté une nouvelle approche, une approche réaliste. Nos prédécesseurs ont tous échoué. Nous avons commencé par déplacer notre ambassade à Jérusalem ». La fille et le gendre du président applaudissent à tout rompre. « Cela fait 19 ans que nos troupes sont en Afghanistan et en Irak, 7 000 de nos soldats ont été tués, 52 000 blessés, cela nous a coûté 7 000 milliards. Il fallait quitter la Syrie et nous préparons le retrait de l’Afghanistan. Les grandes nations ne s’engagent pas dans des guerres sans fin. Il y a deux ans, Daech contrôlait l’Irak et la majeure partie de la Syrie. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de Daech. Enfin, en Iran, nous nous sommes retirés de l’accord nucléaire désastreux avec cet Etat qui prône la destruction d’Israël. »

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Pour bien enfoncer le clou sur l’antisémitisme, Donald Trump fait applaudir dans la foulée un double rescapé de 81 ans : de la tuerie intervenue l’automne dernier dans une synagogue de Pittsburg, et des camps de la mort. Du haut de la galerie, ce dernier s’époumone vers Donald Trump : « Thank you ! » Et le président de clore cette séquence émotion en rappelant de quel Etat il était le président : celui qui, « depuis la Seconde Guerre mondiale, a vaincu le fascisme et le communisme ».

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