Les funérailles de Dominique Venner ont lieu aujourd’hui à Paris. En se tirant une balle dans la bouche devant l’autel de Notre-Dame, « l’historien d’extrême droite », comme l’ont surnommé les médias, a déclenché un tintamarre médiatique. Certains n’ont pas manqué d’imagination. Ainsi, la très charitable Christine Boutin a dit espérer la conversion « à la dernière seconde » de ce néo-païen invétéré. Mais la palme de l’originalité revient à Guy Konopnicki qui fait de l’ancien militant pro-Algérie française l’inspirateur… des kamikazes islamistes ! « Comme l’on sait (sic !), la mort combattante issue de la mythologie païenne d’Europe du Nord a été greffée sur l’islam intégriste, pourvoyeur d’attentats suicides, de l’Intifada des Mosquées aux avions jetés sur les tours de New York, le 11 septembre 2001. » Sacré scoop : Ben Laden lisait donc frénétiquement Histoire et traditions des Européens !
Quant aux lepénistes saluant en Venner leur héros posthume, ils font bien peu de cas du projet impérial d’une Europe aux cent drapeaux que caressait cet « Européen de langue française, d’ascendance celtique et germanique »[1. « Entretien avec Dominique Venner », Antaïos, 2001.].
Auteur de la brochure Pour une critique positive (1964), qui inspira toute une génération de la droite radicale, Dominique Venner explique s’être suicidé « afin de réveiller les consciences assoupies » par le délitement de la « civilisation européenne », dont le mariage pour tous ne serait « qu’un des symptômes ». Aux yeux de certains, il aurait offensé le christianisme en mettant fin à ses jours dans la maison de Dieu. C’est ignorer que dans la tradition païenne, le guerrier commet souvent le sacrilège.
On trouve d’étranges échos à son acte dans les lignes du cœur rebelle (1994) consacrées au suicide de son ami François de Grossouvre : « Le choix du lieu de sa mort, si terriblement symbolique et accusateur, donnait à celle-ci la signification la plus haute et la plus noble. Seule une mort volontaire pouvait, à ses propres yeux, le laver de ce qu’il ressentait comme une souillure insupportable. » Malgré la dissonance des contextes – Grossouvre s’est suicidé dans son bureau de l’Elysée parce qu’il se sentait humilié par François Mitterrand – tout était écrit.
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