Djihad à crédit


Djihad à crédit

On dit que les jeunes djihadistes sont des adolescents en perdition qui ne réfléchissent pas beaucoup. Il est même beaucoup d’endroits où on les qualifie sans ménagements d’«abrutis». Pourtant, en Suède, on nous apprend que certains ne manquent pas de ressources. Que ce soit pour commettre des attentats en France, en Tunisie ou au Koweït, ou pour rejoindre le califat, les apprentis moudjahidines doivent faire preuve d’imagination.

Quand on aspire à faire la guerre sainte, on ne peut pas se pointer à Daech les poches vides. Après avoir payé son billet d’avion pour Istanbul, détour obligé vers la frontière syrienne, on doit encore s’assurer d’avoir suffisamment d’argent pour s’acheter une voiture. Il faut pouvoir crâner devant les copains.

Martin Frimansson, expert en financement terroriste au service de la sûreté en Suède (la Sapö), nous éclaire sur la dure condition de djihadiste : « Si vous avez de l’argent ou une voiture, vous devenez automatiquement un chef d’équipe. Si vous n’avez pas d’argent quand vous arrivez, ou pas de voiture ou quoi que ce soit d’autre, vous vous retrouverez peut-être à conduire une ambulance ». Ce serait quand même dommage de parcourir des milliers de kilomètres pour devenir ambulancier.

Alors, pour éviter ce type de désagréments, les candidats au djihad ont trouvé la parade : ils empruntent de l’argent à crédit. Ils le font auprès des banques suédoises. Elles doivent voir d’un très bon œil la hausse de la demande de crédits de la part d’une jeunesse qu’on pourrait croire rétive à l’endettement. Mais ces jeunes profitent aussi d’un nouveau système permis par l’existence des smartphones. Le crédit par SMS. Il faut avouer que c’est une idée brillante. On envoie un SMS à un organisme de crédit, on emprunte 10 000 euros en deux minutes, on a son compte crédité dans la semaine et on peut s’acheter une voiture. Ce qu’on aime bien à Daech, ce sont les Toyota. À deux ou trois, on peut se cotiser et s’acheter un petit 4×4. Comme ça, plus tard on pourra se pavaner dans les rues de Raqqa. Les femmes en burqa sont très sensibles à ces choses-là.

Frimansson, qui déplore bien évidemment le laxisme des organismes de prêt, nous apprend qu’il faudrait renforcer le suivi des emprunteurs. Ça pourrait être une bonne idée. Ce qu’il ne nous dit pas, et c’est bien dommage, c’est si les débiteurs, une fois débarqués dans le désert, pensent à rembourser leurs traites.

En tous cas, alors qu’en mai la demande de crédit à la consommation est annoncée à la baisse en France, le secteur du crédit pour le djihad, lui, ne connaît pas la crise. Enfin une bonne nouvelle pour l’économie mondiale.

*Photo : Eduardo Soriano-Castillo.



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