Notre journaliste Céline Pina n’a pas manqué une miette de la soirée électorale à grand spectacle, hier soir. Elle nous soumet et analyse trois scénarios politiques possibles pour le RN et la majorité présidentielle d’ici le 30 juin.
En annonçant la dissolution alors que les résultats définitifs n’étaient même pas tombés, Emmanuel Macron a bien réussi sa contre-soirée électorale. On a assisté en direct à la déstabilisation de ses ministres, et aux tractations de marchands de tapis en mode donjon entre Olivier Faure et Mathilde Panot. Et on a bien vu que c’est LFI qui tient le fouet… Elle s’en est d’ailleurs servie en direct. On a également assisté en direct à la main tendue de Marion Maréchal à Marine Le Pen et constaté qu’Éric Zemmour digérait mal la couleuvre. On a même eu droit à une Valérie Hayer, exaltée, s’essayant au lyrisme antifasciste en mode « ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur la plaine ».
RN trop méchant : le retour des éléments de langage habituels
A peine l’annonce de la dissolution était-elle tombée que nous possédions déjà les éléments de langage dont nous allons avoir les oreilles rebattues durant le mois qui vient. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles n’annoncent aucun sursaut mais plutôt la continuation du « business as usual » déguisé en « prise de conscience face à la montée du péril fasciste ». Bref le triste plat que l’on nous sert à chaque élection pour faire oublier que ce qui conduit les Français à voter RN est avant tout le sentiment que les partis dits de gouvernement les ont trahis, travaillent à détruire leur culture et leur mode de vie, le tout en faisant exploser l’insécurité, les injustices et en détruisant leur modèle social sans reconstruire de perspectives économiques et politiques. Mais pourquoi les élus se fatigueraient-ils à le faire quand il suffit de diaboliser son adversaire pour garder son poste ?
Une dissolution justifiée
Cette réaction à laquelle nous avons assisté sur les plateaux est d’autant plus regrettable que cette dissolution aurait pu être salvatrice. D’abord, parce qu’elle est parfaitement justifiée et correspond au bon usage de la Constitution de la Vème République. A partir du moment où son esprit a été abimé, en passant du septennat au quinquennat, on a supprimé la respiration électorale qui permettait au pays d’exprimer son rejet ou son accord quant à la politique menée. De ce fait, les élections européennes sont devenues des sortes de référendums sauvages, nouvelles élections de mi-mandat chargées de transmettre au pouvoir l’opinion populaire. A ce titre, les partis stigmatisés par la classe politique recueillant autour de 40% des voix, on peut dire que le désaveu est massif. D’autant que cette perspective, qui n’a rien d’une surprise, n’a pas fait bouger la moitié des électeurs. Signifiant ainsi qu’ils jugeaient inutiles de se mobiliser contre une victoire du RN. Prendre acte d’une situation où la légitimité du pouvoir est clairement remise en cause et souhaiter une clarification politique
