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Elle est partie quand même

Disparition de Françoise Hardy, star mélancolique de la chanson (1944-2024)


Elle est partie quand même
Françoise Hardy photographiée à Cannes en 1963 © DALMAS/SIPA

Comment lui dire adieu…


« Comment te dire adieu ». En ce soir de juin 2024, je ne savais pas (on ne sait jamais rien), qu’il faudrait que je vous dise adieu. A mon grand étonnement, mes larmes ne cessent de couler. Oh non. Pas parce que les années 60 ne seront plus bientôt qu’un lointain souvenir, mais simplement parce que nous ne nous rendions pas compte à quel point vous avez fait partie de nos vies. De ma vie, et mes souvenirs me font de la peine, car je ne sais pas où la vie me mène… On pourrait écrire une chronique entière rien qu’avec les paroles de vos chansons. Celles écrites par les plus grands (Gainsbourg, Berger), et celles écrites par vous, sur le tard. Comme Barbara, vous saviez que l’amour ne dure pas, et qu’il vaut mieux partir au plus beau : « Partir quand même, pendant qu’il dort, pendant qu’il rêve, et qu’il est temps encore »… En faisant le tour des réseaux sociaux, où chacun fait part de sa peine, on redécouvre que vous aviez écrit aussi pour d’autres chanteuses, comme Diane Tell (« Faire à nouveau connaissance »). Car les mots, ceux des autres, les vôtres, étaient votre pays, votre refuge lorsque la vie était méchante avec vous, pour paraphraser Romy dans Sissi. Et ils vous le rendaient bien. Vous aviez fait connaître au grand public, cet immense poète qu’était Aragon. Comme vous, il pensait qu’il n’y « a pas d’amour heureux » : Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard/ Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson/ Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson/ Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson/ Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare… Vos amours furent, à votre image, longues et connues de tous ; on dit que Mick Jagger et Bob Dylan étaient dingues de vous, mais vous aviez l’air de vous en foutre. Vous n’aviez d’yeux que pour l’autre grand Jacques… Pourtant, il vous en a fait voir, vous ne vous en cachiez pas. Mais vous l’aimiez, même si vous saviez, plus que nous tous, qu’il n’y a pas d’amour heureux. Le public pense ce soir, bien sûr, à lui et à votre fils Thomas, qui a annoncé votre mort, à 80 ans, car vous aimiez faire les choses bien. Et nous, en cette nuit, nous avons envie de vous laisser sur un peu de gaieté, car on n’y pense pas assez, vous concernant : « C’est le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure. Car le temps de l’amour, c’est long et c’est court, ça dure toujours, on s’en souvient. »




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