Le Premier ministre assure vouloir dire toutes les vérités aux Français, même celles qui font mal. Mais il laisse soigneusement de côté la difficile question identitaire.
Tandis que la France s’effondre, entrainant les agriculteurs dans sa chute, Gabriel Attal exhibe dérisoirement sa jeunesse et son homosexualité. « Je suis né en 1989 », a-t-il tenu à préciser mardi devant les députés en introduction de sa déclaration de politique générale, lue au même moment par le quinquagénaire Bruno Le Maire devant des sénateurs hilares. Et le Premier ministre a cru bon de conclure son long discours en rappelant : « Être Français en 2024 c’est (…) pouvoir être Premier ministre en assumant ouvertement son homosexualité ».
Grosses ficelles
Or ces ficelles du jeunisme et d’un courage surjoué sont les artifices d’une communication qui n’abuse plus les gens sensés. Attal a certes aligné les mots que bien des citoyens veulent entendre (« débureaucratiser », « déverrouiller », « désmicardiser », etc.). Mais, puisqu’il s’est aussi engagé à « dire la vérité même quand ça fait mal », force est de constater qu’il a choisi l’évitement sur les sujets urgents. Le chaos peut attendre. Entendre le Premier ministre se définir Français en référence à ses pratiques sexuelles, qui n’intéressent personne, rappelle la fragilité que doit surmonter l’identité nationale vidée de son âme. Dans Les chênes qu’on abat, André Malraux explique la vision plus élevée qu’en avait De Gaulle : « Il appelle Français ceux qui veulent que la France ne meure pas ». C’est cette France qui ne veut pas mourir que le gouvernement ne sait pas entendre. Non seulement Attal n’a rien annoncé de tangible pour les agriculteurs, mais le défi migratoire a été à nouveau évacué.
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Pendant ce temps, Rachida Dati vante les mérites de l’immigration
En réalité, cette France trop française n’intéresse ni Emmanuel Macron ni sa Cour. Lundi, c’est au Musée national de l’immigration que Rachida Dati a présenté ses vœux au monde culturel. La ministre de la Culture en a profité pour relancer le projet du chef de l’Etat d’une Maison des Mondes africains, qui devrait s’installer dans les murs de la Fondation Cartier. En revanche, la Maison de l’Histoire de France, qui fut un projet de Nicolas Sarkozy abandonné par François Hollande, reste profondément enterré : la mémoire nationale n’est pas une cause défendable pour ces « élites » qui voient le besoin d’enracinement avec suspicion.
Classes moyennes : opération séduction
Attal évoque beaucoup la « classe moyenne », aimantée par le RN.
Il a même assuré : « Je refuse que notre identité puisse se diluer ou se dissoudre ».
Mais comment croire celui qui parle de « reconquérir notre souveraineté nationale et européenne », en mêlant deux objectifs résolument contradictoires ? Cette pensée floue, qui s’ajoute au mépris porté aux « Gaulois réfractaires », sont des carburants pour la révolte paysanne.
Le choix du gouvernement de privilégier comme interlocuteurs la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, en marginalisant la Coordination rurale et ses bonnets jaunes, est une manœuvre grossière de division. Elle pourrait être le déclencheur d’une solidarité nationale dépassant la cause agricole, porte-parole d’une France encore majoritaire qui se sait menacée par les injonctions de technocrates déracinés.
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