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Discours de politique générale: non, Bayrou n’a pas brassé du vent

Incroyable mais vrai


Discours de politique générale: non, Bayrou n’a pas brassé du vent
Le Premier ministre Francois Bayrou a prononcé son discours de politique générale devant les députés à l'Assemblee Nationale à Paris, le 14 janvier 2025 © ISA HARSIN/SIPA

Alors qu’on n’en attendait pas grand chose, François Bayrou a prononcé hier une allocution pleine de bon sens et de vérités.


Le discours de politique générale de François Bayrou ne restera probablement pas dans les annales comme un grand moment de lyrisme républicain. Il faut dire que le maire de Pau, qui appartient au dernier carré des hommes politiques sachant encore écrire, ne brille guère à l’oral. On peine d’ailleurs à imaginer que, même parmi ses chauds partisans, quiconque ait pu prendre un quelconque plaisir à l’écouter…

D’un ton trop monocorde et faussement patelin – centriste diront certains -, se perdant même à un moment dans ses feuilles au point de rester muet pendant de longues secondes, Bayrou a déclamé son texte, certes bien troussé, sans conviction et sans convaincre. Mais quand bien même eut-il été un génie de l’art oratoire, comment aurait-il pu en être autrement ? 

Le président du Modem est un Premier ministre par défaut. Il n’a pas été le premier choix du chef de l’État, une majorité des députés lui sont hostiles et sa position d’ancien Haut Commissaire au plan (2020-2024) lui confère un statut d’ex animateur de comité Théodule, au surplus comptable des erreurs d’Emmanuel Macron, ce qui n’arrange rien à l’affaire.

Et pourtant, François Bayrou doit être salué. Car il y avait, dans les mots qu’il a prononcés hier, des accents de vérité comme on n’en entend que très rarement au parlement. Sur l’Éducation nationale par exemple : « Les enseignants de notre université dépeignent des étudiants de première année qui ne parviennent pas à écrire un texte simple, compréhensible avec une orthographe acceptable, s’est-il notamment alarmé. Ceci, c’est pour moi le plus grand de nos échecs. » Difficile de lui donner tort. 

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Même courage de dire les choses quand il en vient à parler de Mayotte : « Un débat doit être ouvert sur les conditions nouvelles d’exercice du droit du sol. » Ou bien quand il s’exprime sur la dette : « Aucune politique de ressaisissement et de refondation ne pourra être conduite si elle ne tient pas compte de notre surendettement et si elle ne se fixe pas comme objectif de le contenir et de le réduire. »

Mais c’est surtout sur le dossier des retraites que le maire de Pau a été d’une remarquable sincérité. En reconnaissant d’abord – et c’est une première au sein de la macronie – que celles-ci représentent la moitié des 1000 milliards de dettes publiques supplémentaires qui ont été creusées depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

En admettant aussi que le Conseil d’orientation des retraites (COR) publie des chiffres biaisés, dans lesquels ne figurent pas certains des subsides d’État qui permettent au système – censé pourtant être financé par les seules cotisations sociales – de réduire son déficit. Dans ces conditions, Bayrou ne manque pas de logique quand il indique avoir confié à la Cour des comptes une « mission flash » sur les états financiers des caisses de retraite. Même si, bien sûr, les plus pessimistes n’y verront qu’une vulgaire manœuvre d’enfumage.

De même quand il annonce la tenue d’un grand « conclave », où les syndicats et le patronat pourront négocier une nouvelle réforme des retraites, avec pour condition que cette dernière soit autant à l’équilibre que la réforme Borne, la tentation est grande de penser que, là encore, Bayrou achète du temps, qu’il essaye d’amadouer les socialistes, bref qu’il emploie un grossier stratagème pour conserver quelques mois de plus un poste dont il a rêvé toute sa vie.

Qu’il soit permis ici toutefois d’envisager que le président du Modem a en réalité tenté de trouver une solution intelligente à un problème qui pourrit le débat public depuis trop longtemps. 



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est journaliste.

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