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États-Unis: comment la gauche radicale social-étatiste exacerbe en fait le racisme

Les nouveaux oripeaux du socialisme


États-Unis: comment la gauche radicale social-étatiste exacerbe en fait le racisme
Des manifestants se regroupent devant un fast-food calciné à Minneapolis, le 29 mai 2020. © AP Photo/John Minchillo/CER965/20150198584110//2005290737

Les récentes violences urbaines qui ont eu lieu aux États-Unis à la suite du décès tragique de George Floyd révèlent l’existence d’un nouveau courant socialiste aux États-Unis, que l’essayiste Dinesh D’Souza analyse remarquablement dans son dernier ouvrage tout récemment paru, United States of Socialism. Le vrai libéralisme, dans la tradition d’Ayn Rand, constitue probablement le meilleur remède au racisme, là où le collectivisme social-étatiste n’a que trop tendance à l’attiser.


L’émergence d’un nouveau socialisme « identitaire » aux États-Unis

Dans l’ouvrage précité, Dinesh D’Souza soutient qu’il existe aujourd’hui outre-Atlantique une nouvelle forme de socialisme, qu’il appelle le « socialisme identitaire ». Ce nouvel avatar du socialisme constitue à la fois une actualisation et un élargissement du marxisme : là où Marx avait divisé les sociétés capitalistes en deux classes antinomiques (les travailleurs opprimés et les capitalistes oppresseurs), les tenants du nouveau « socialisme identitaire », nous dit Dinesh D’Souza, ont introduit d’autres critères de segmentation sociale tels que la couleur de peau, le genre ou encore l’orientation sexuelle. Aujourd’hui, la gauche radicale américaine – ceux que l’on appelle indûment aux Etats-Unis les Liberals, au prix d’un détournement de sens qui a été formidablement analysé par Alain Laurent dans son ouvrage Le Libéralisme américain (2006) – tendrait ainsi à diviser la population en davantage de catégories, mais toujours sur le même mode binaire : blancs/noirs, hommes/femmes, hétérosexuels/LGBT, etc. À travers cette lecture réductrice et purement catégorielle de la société – d’où l’individu a complètement disparu – la gauche radicale américaine chercherait en réalité, poursuit Dinesh D’Souza, à créer une véritable « coalition de victimes opprimées ».

La mort tragique de George Floyd à Minneapolis le 25 mai 2020 a donné lieu ces derniers jours à nombre d’émeutes qui ont éclaté à travers les États-Unis. Or loin de ne viser que les violences policières, les émeutiers s’en sont également pris à des cibles dont on peine à comprendre le lien avec le décès de George Floyd lui-même. Ainsi a-t-on vu des commerces être pillés et des magasins être incendiés. À Los Angeles, des synagogues ont également été vandalisées lors du samedi 6 et du dimanche 7 juin. Pour faire face à cette explosion de violences urbaines, plusieurs dizaines de villes américaines ont dû décréter un couvre-feu et les soldats de la Garde nationale ont dû être déployés dans plusieurs États ainsi que dans la ville de Washington.

En segmentant la société en groupes identitaires, tout en affichant par ailleurs la détestation de l’individu consubstantielle à tous les collectivismes, le nouveau socialisme « identitaire » dont parle Dinesh D’Souza alimente en réalité le racisme

Ainsi que le souligne avec justesse Dinesh D’Souza, la contestation que l’on a vue poindre aux États-Unis a donc dépassé de beaucoup le seul champ des violences policières pour se muer en une véritable déferlante d’émeutes urbaines, guidée par un certain nombre de groupes d’extrême gauche, dont les Antifa. Remarquons d’ailleurs que l’émergence de cette nouvelle gauche identitaire aux États-Unis passe d’ordinaire complètement sous le nez de nos commentateurs français, tant ils sont obnubilés par le seul Donald Trump, dont l’action politique se résumerait, selon ces brillants analystes, à conforter en permanence sa base électorale. (Par contraste, les dirigeants politiques français seraient miraculeusement épargnés par cette fâcheuse dérive.) Ainsi Dominique Moïsi – un exemple parmi bien d’autres – écrit-il dans Les Echos du 8 juin 2020 : « Donald Trump joue délibérément avec le feu, persuadé que plus les “indignés” basculeront dans la violence, plus ses chances de réélection seront grandes ». En gros, si l’on comprend bien, Dominique Moïsi nous explique ici que les violences urbaines seraient voulues par Donald Trump lui-même à des fins électorales.

A lire aussi, Alexandre Mendel : Derrière les émeutes, une cible : l’Amérique de Trump

L’idée selon laquelle ces violences urbaines pourraient avoir un fond idéologique propre ne semble manifestement pas l’effleurer un seul instant. Il faut dire qu’en France, l’information concernant les États-Unis a toujours été traitée d’une manière qui révélât notre ignorance sur ce pays ou qui flattât notre vanité nationale de donneur de leçons permanent. Quoi qu’il en soit, il semble que nous n’ayons pas encore compris en France que la gauche américaine d’il y a encore 20 ou 25 ans, c’est-à-dire une gauche qui correspondait à peu près à notre centre droit, a aujourd’hui fait place à une gauche radicalisée, ainsi que le reflète notamment le fort soutien accordé à Bernie Sanders, même si celui-ci a jeté l’éponge dans la course à l’investiture démocrate au profit de Joe Biden.

La Maison Blanche sous étroite surveillance alors que des émeutes raciales secouent l'Amérique, le 1 juin 2020 © Alex Brandon/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22460216_000001
La Maison Blanche sous étroite surveillance alors que des émeutes raciales secouent l’Amérique, le 1 juin 2020 © Alex Brandon/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22460216_000001

Le vrai libéralisme comme antidote au racisme et à la xénophobie

En segmentant la société en groupes identitaires, tout en affichant par ailleurs la détestation de l’individu consubstantielle à tous les collectivismes, le nouveau socialisme « identitaire » dont parle Dinesh D’Souza alimente en réalité le racisme. En effet, dans une société réellement libérale, c’est l’individu qui constitue l’unité fondamentale et irréductible des rapports sociaux, et non tel ou tel groupe auquel il appartiendrait. Les sociétés libérales sont des sociétés dans lesquelles les individus agissent souverainement et décident librement d’interagir entre eux. Dans une société véritablement libérale, l’individu n’est rien d’autre que ce qu’il fait de lui, et il n’est pas déterminé par le groupe dont il serait issu ou dans lequel on voudrait l’enfermer. À l’heure où l’on ne cesse d’en appeler à l’apaisement social, il serait bon de constater que le socialisme politiquement correct à l’américaine – qui hélas ! déteint de plus en plus sur les autres pays -, en ramenant tous les problèmes à un même petit nombre de dichotomies sociales, ne fait en réalité qu’accentuer des clivages qui n’ont pas ou plus lieu d’être au XXIe siècle.

"Propriété d'un noir", tag à West Hollywood (Los Angeles). © Grégory Blanc
« Propriété d’un noir », tag à West Hollywood (Los Angeles).
© Grégory Blanc

À cet égard, il conviendrait de méditer, entre autres textes écrits par les penseurs libéraux sur le même sujet, celui qu’Ayn Rand a fait paraître dans The Objectivist Newsletter (septembre 1963) à propos du racisme. Ainsi ce texte s’ouvre-t-il sur la phrase suivante : « Le racisme est la forme la plus abjecte et la plus brutalement primitive du collectivisme »[tooltips content= »Ayn Rand, La Vertu d’égoïsme, Paris, Les Belles Lettres, « Classiques de la liberté », 2011, p. 145. »](1)[/tooltips]. Le racisme équivaut pour Ayn Rand à penser « qu’un homme doit être jugé, non en fonction de son propre caractère et de ses propres actions, mais en fonction de ceux de ses ancêtres » [tooltips content= »Ibid. »](2)[/tooltips]. Loin du préjugé sempiternellement ressassé selon lequel les États-Unis seraient « structurellement racistes », Ayn Rand soutient au contraire les propos suivants : « C’est le capitalisme qui brisa les barrières nationales et raciales au moyen du libre-échange. C’est le capitalisme qui abolit le servage et l’esclavage dans tous les pays civilisés du monde. C’est le Nord capitaliste qui détruisit l’esclavage du Sud agrarien-féodal aux États-Unis » [tooltips content= »Ibid., p. 152. »](3)[/tooltips]. Ainsi donc, en ces temps d’apparition de nouvelles idéologies collectivistes, fondées sur une vision purement identitaire de la société, sachons revenir à certaines des leçons du libéralisme classique afin de mieux vivre tout à la fois pour soi et avec les autres.

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