100 dates de l’histoire de France qui ont fait le monde est un livre qui rappelle heureusement le rôle essentiel de notre pays.
Dimitri Casali s’est fait un nom en rappelant que, si l’histoire est celle des mouvements sociaux, elle est aussi celle de personnes et d’événements. Dans son dernier livre, l’historien dresse une liste – non exhaustive – des visages et des dates qui ont marqué de l’empreinte française l’histoire du monde.
100 dates, c’est un rappel des faits
Cavalant à contre-courant de la repentance environnante, Dimitri Casali poursuit sa croisade en rendant cette-fois-ci hommage à un pays dont il préfère louer les mérites plutôt que d’en ressasser les fautes. De la construction de la basilique Saint-Denis à l’incendie de Notre-Dame, ces 100 dates nous rappellent que c’est à la France qu’on doit l’invention de l’art gothique, la création des villes de Détroit, de Saint-Louis ou de Brazzaville, le vaccin contre la rage ou l’origine de la peste. Des faits connus, pour bon nombre d’entre eux, mais dont le catalogue nous rappelle que la France n’est pas tout à fait un pays comme un autre.
Souvenons-nous qu’à l’origine, le nom de Français provient de Franc, qui signifie « libre ». En 1315, Louis X proclame que « Nul n’est esclave en France et que tout esclave posant le pied sur le sol de France devient libre ». N’oublions pas non plus ce que l’égalité des sexes doit à Mme du Deffand, Mme Geoffrin ou Julie de Lespinasse dont les salons, éclairés par l’esprit des Lumières, furent les antichambres de la Révolution française. Signant la fin de l’ancien régime, la République prononcera l’abolition des privilèges le 4 août 1789, traçant les grandes lignes de ce qui deviendra la Déclaration universelle des droits de l’homme.
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Au cas où, on nous rappelle que Louis XIV, dépourvu de tout préjugé raciste, fut le parrain d’un prince africain, et que la France aura un rôle clé dans l’indépendance des Etats-Unis. Car la France est aussi un pays de pionniers, celui de Champlain et Jacques Cartier au Canada, du fameux La Pérouse, disparu mystérieusement dans le Pacifique, dont Louis XVI s’inquiétera une dernière fois au moment de monter à l’échafaud. C’est aussi à la France qu’on doit la découverte de l’Antarctique par Dumont d’Urville, au XIXᵉ siècle la création de l’Algérie, et, en 1848, l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.
Une culture au cœur d’un message à vocation universelle
Le XIXème français, c’est aussi la publication mondiale des Misérables et, avec le génie de Victor Hugo, l’apparition dans la littérature de la question sociale ; Jules Verne qui magnifie le progrès scientifique avec Vingt-mille-lieues sous les mers et Le tour du monde en 80 jours ; Édouard Manet qui, avec Le Déjeuner sur l’herbe, signant la rupture avec la peinture classique, annonce la naissance de l’Impressionnisme, une révolution picturale.
C’est aussi Pasteur qui débarrasse le monde de la rage, Clément Ader qui, en 1890, fait décoller pour la première fois un engin motorisé plus lourd que l’air. Eole, muni d’un moteur à vapeur, parvient à quitter le sol sur une cinquantaine de mètres dans le parc du château d’Arminvilliers. Le premier avion est né. Un peu avant que le baron Pierre de Coubertin imagine les Jeux Olympiques modernes. Un an plus tard, à Lyon, Louis et Auguste Lumière inventeront le cinématographe.
De l’art de vivre à la française et de son déclin relatif
On n’oubliera pas Escoffier, grand chef et père de la gastronomie française, inaugurant en 1898 avec son associé César Ritz l’hôtel du même nom place Vendôme, dont les dîners éblouissent la haute société internationale. Son guide culinaire sera bientôt traduit en dix langues. « Lorsqu’il n’y aura plus de cuisine dans le monde, dit-il, il n’y aura plus de relations liantes, plus d’unité sociale. » Paris, capitale mondiale des arts et des lettres, toise alors le reste du monde du haut de sa Tour Eiffel… L’art de vivre à la française repose sur une forme de convivialité qui s’exprime aussi par la richesse de sa langue, qui – ce n’est pas un hasard – fut adoptée, de 1714 à 1919 (date du Traité de Versailles) comme celle de la diplomatie, tant pour son rayonnement international que pour sa singulière faculté à exprimer les nuances.
Dans ce livre, constitué d’articles brefs, souvent anecdotiques, et d’une élégante iconographie, Dimitri Casali continue de dire son amour pour la France et son histoire, jusqu’au désenchantement. Un ultime chapitre (1930-2019) est intitulé Le déclin français. Il y est question de la fin de la guerre d’Indochine, des accords d’Évian signant la fin de l’Empire colonial français, mais aussi du commandant Cousteau et de Claude Lévi-Strauss, du succès mondial d’Astérix et de la genèse de l’Union européenne avec Maurice Schumann.
Un déclin cependant relatif quand on sait que Molière reste l’auteur de théâtre le plus joué au monde, qu’une exécution du Boléro de Ravel commence toutes les dix minutes quelque part sur terre (il dure 17 minutes, il est donc joué constamment), et qu’une étude commandée par Spotify révèle qu’il est placé en troisième position des œuvres les plus écoutées pour accompagner les nuits d’amour, juste derrière la bande originale de Dirty dancing et Sexual Healing de Marvin Gaye. Le livre ne nous dit pas par qui ni quand fut inventé le french kiss. Mais on le referme en se disant tout de même : « Vive la France ! » Un livre à mettre en toutes les mains.
100 dates de l’histoire de France qui ont fait le monde de Dimitri Casali (Plon)
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