Le traitement du docteur Raoult contre le Covid-19 ne fait pas l’unanimité. Mais qu’a-t-on à perdre réellement?
Peut-être qu’au moment où sera publiée cette chronique la situation aura changé. Il restera quoi qu’il en soit le souvenir d’une impéritie gravissime.
En effet, si le traitement du docteur Raoult contre le Covid-19 fonctionne, le temps perdu aura coûté de nombreuses vies.
Et s’il ne marche pas ?
J’y viens…
Je ne suis pas un sachant, je le sais…
Je ne suis pas de ceux qui critiquent ce gouvernement pour le manque de masques ou de tests. Il faudrait critiquer tous les décideurs dans ce domaine depuis le départ de Roselyne Bachelot.
Je ne suis pas de ceux qui reprochent à qui que ce soit de ne pas avoir prévu ce qui allait arriver.
Le propre d’une pandémie est d’être inattendue, violente et rapidement invasive. Sans quoi elle serait restée épidémie, contrôlée et maintenue dans son territoire d’origine.
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Le seul point sur lequel tout le monde peut se rejoindre est que personne ne sait, à ce jour (30 mars), s’il existe une ou plusieurs molécules efficaces pour lutter contre le Covid-19.
Et en l’absence de certitudes que reste-t-il pour trancher ?
La conviction personnelle ? L’instinct ? Le bon sens ?
Le pari.
Le génie de Pascal est d’abandonner toute argumentation sur le bien-fondé d’un choix (situation angoissante dans laquelle nous sommes) pour se demander ce qui serait profitable à celui qui se pose la question.
Dit de manière plus triviale : le moins mal à défaut du meilleur.
Pascal applique ce raisonnement à la question de l’existence de Dieu, tentant de prouver qu’une personne rationnelle a tout intérêt à croire en lui, qu’il existe ou non.
En effet, si Dieu n’existe pas, le croyant et le non-croyant ne perdent rien ou presque à croire.
En revanche, si Dieu existe, le croyant gagne le paradis tandis que le non-croyant est enfermé en enfer pour l’éternité.
Puisque le professeur Raoult est qualifié de gourou, voyons si nous avons intérêt à croire que son dieu Hydroxychloroquine est efficace…
Oui, si je suis malade, je veux la prescription d’hydroxychloroquine associée au Zytromax dans les conditions préconisées par le docteur Raoult.
1) Elle s’avère inefficace : je ne perds rien puisqu’il n’y avait de toute façon pas d’autre traitement.
2) Elle s’avère effectivement efficace : je gagne tout. Je suis guéri.
Non, je ne veux surtout pas la prescription d’hydroxychloroquine associée au Zytromax dans les conditions préconisées par le docteur Raoult.
1) Elle s’avère inefficace : je n’ai donc rien perdu.
2) Elle s’avère efficace : j’ai tout perdu. Je suis même peut-être mort…
J’entends par avance les cris indignés des sachants : les effets secondaires !
Tous les effets secondaires possibles et imaginables sont connus (et il y en a : endommagement de la rétine, problèmes cardiaques…), ils peuvent être anticipés avec les précautions adéquates, ils sont identifiés dès leur apparition et on sait parfaitement jusqu’à quel point on peut les tolérer en regard du bénéfice du traitement ou au contraire stopper le traitement qui deviendrait dangereux pour certains patients.
En leur nom, on interdit l’usage contre le Covid-19, pendant 10 jours, d’un médicament que les patients atteints de lupus absorbent quotidiennement depuis des décennies !
Il est bon de rappeler que même le Doliprane peut avoir des effets secondaires indésirables, parfois très graves comme un brusque gonflement du visage et du cou pouvant entraîner une difficulté à respirer (œdème de Quincke) ou un malaise brutal avec baisse importante de la pression artérielle (choc anaphylactique).
Vous ne me croirez pas : le Doliprane est en vente libre ! Que fait la police ?!
Puisque les sachants ne peuvent s’accorder sur ce qu’il faut sachoir, cette affaire n’est plus scientifique, mais politique.
Le propre des grands dirigeants politiques est de savoir prendre le risque de décider. La rigueur scientifique est indispensable et précieuse. En temps normal.
Mais lorsque l’avion est en feu, il n’est plus temps de distribuer des sacs avec ou sans parachute pour vérifier que c’est bien le parachute qui empêche les passagers de s’écraser au sol comme des merdes.
Or, vous avez beau leur dire, à nos sachants et gouvernants, que vous voulez ce parachute, car même s’il ne s’ouvrait pas, votre sort ne serait pas différent de ce qui vous attend si vous sautez sans lui, ils ne céderont pas. Dans votre intérêt vous dis-je…
Le bas peuple est certes ignorant, mais pas dénué d’instinct de survie.
Le choix indéfendable des responsables politiques français est de prendre le risque de laisser mourir des centaines de personnes afin de ne pas prescrire une substance dont l’effet thérapeutique n’est certes pas prouvé, mais dont les éventuels effets secondaires sont parfaitement maîtrisés.
Appliquons le pari de Pascal à leur dilemme :
Tu autorises la prescription d’hydroxychloroquine associée au Zytromax dans les conditions préconisées par le docteur Raoult.
1) Ça marche : tu as tout gagné
2) Ça ne marche pas : tu as tout perdu et seras à jamais celui qui a conduit le peuple à un remède inefficace comme Fabius est associé au sang contaminé.
Tu interdis la prescription d’hydroxychloroquine associée au Zytromax dans les conditions préconisées par le docteur Raoult.
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1) Ça ne marche pas : tu as tout gagné
2) Ça marche. Tu n’as rien perdu. Tu n’as fait qu’observer les règles de l’art par souci de ne pas arriver à des drames. Si ça marche, c’est un heureux hasard et tu t’en réjouis. Mais ça aurait pu ne pas marcher… Tu as potentiellement évité un drame au peuple.
Seraient-ils avant tout préoccupés par leur avenir pour ne pas oser avoir tort ?
Merci Pascal.