Didier Raoult, à l’occasion d’un point sur l’épidémie, lance un cri d’alerte.
En analysant un cluster dont les chercheurs ne décelaient pas l’origine, on a découvert que ses membres avaient tous participé à une soirée chicha. La salive chauffée, partagée, ça, ça vous diffuse de l’aérosol, tu penses ! Un facteur de risque qui touche les 25-45 ans. C’est à partir de la 11ème minute dans la vidéo publiée sur le site de la Provence. Mais ce qui précède vaut tout de même son pesant de bouillabaisse.
Je suis outré. Comment Raoult, habitant Marseille, se laisse-t-il aller à discriminer un groupe qui, dans la cité phocéenne, représente au moins la moitié des habitants — immigrants illégaux compris ? La chicha est une pratique conviviale essentiellement maghrébine. Gainsbourg n’écrivait-il pas « Dieu est un fumeur de gitanes » ? De gitanes peut-être pas, mais de chicha, sûrement.
C’est comme si l’on disait qu’il faut inculper pour mutilation permanente sur mineur toutes les mères et tous les praticiens, diplômés ou non, qui pratiquent des excisions sur des fillettes. 20 ans de prison minimum. Ce serait discriminer toute l’Afrique noire réimplantée en France, avec d’excellentes excuses que je me garderai bien de contester…
Raoult évoque au passage l’usage (« quand il était jeune ») des pétards. Eh oui, se passer un vague chichon dans l’une de ces soirées qui, de 18h à 6h du mat’, les rassemblent à l’insu de leur plein gré, ça peut être contaminant.
Mais c’est discriminer cette fois le créneau des 12-30 ans — de la juvénophobie, si le lecteur m’autorise à créer un tel barbarisme. Que les jeunes méprisent leurs aînés (« OK ! Boomer ! » disent-ils avec un admirable sens du raccourci et de la pensée profonde) ne choque personne. S’en prendre aux jeunes cons / sommateurs, c’est autre chose. Je m’insurge !
Tout comme on doit s’insurger lorsque des pédagogues à l’ancienne protestent parce qu’un élève les a insultés, ou a sorti son portable en cours pour envoyer à ses potes la vidéo d’une fellation opérée dans les chiottes du collège. Libre expression ! Communication ! Il faut au contraire encourager de tels comportements ! Le jeune doit être libre ! On ne somme pas un consommateur !
Je remarque d’ailleurs que le gouvernement — sur lui toutes les bénédictions — se garde bien de reprendre les fantasmes du druide marseillais. Qui a raison, je vous le demande, Olivier Véran, qui veille sur notre santé en imposant des masques et des couvre-feux, ou Didier Raoult, qui, comme chacun sait, la menace en s’obstinant à guérir les gens ?
Poser la question, c’est y répondre.
Je suggère donc au gouvernement de tenir son prochain conseil de guerre sanitaire autour d’un narghilé. Cela aura de la gueule, et enverra un signal clair à Erdogan, toujours candidat pour une entrée dans l’Europe. La stigmatisation des fumeurs de chicha doit cesser ! La répression du shit doit s’interrompre ! Car enfin, vouloir réprimer des usages immémoriaux, n’est-ce pas une façon insidieuse d’inciter les Musulmans à s’intégrer dans une société française dont ils ne veulent pas ? Interdire le chichon, n’est-ce pas un effet pervers de cette laïcité à la française dont une majorité de jeunes ne veut pas ?
Tous fumeurs ! Tous envapés ! C’est alors que la société sera libre — et qu’il ne restera plus aux dhimmis non fumeurs qu’à payer la djizîa — la taxe imposée à tous ceux qui refusent de se laisser obscurcir le cerveau par la fumée des calembredaines.
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