Si le Dictionnaire du conservatisme que publient les éditions du Cerf réhabilite avec brio un courant de pensée souvent diabolisé, on regrettera certains partis pris contre-révolutionnaires. Car tout n’est pas à jeter dans 1789, même pour un esprit conservateur.
La publication d’un volumineux Dictionnaire du conservatisme vient à son heure dans un pays qui a élu un jeune président qui entend remodeler la vie politique autour d’un nouveau clivage entre « conservatisme » et « progressisme » et paraît suffisamment libéral pour ne guère laisser à la droite d’opposition d’autre choix que celui d’assumer une identité « conservatrice ». Dans la plupart des démocraties, la politique s’organise naturellement autour de trois courants majeurs, le conservatisme, le libéralisme et le radicalisme (éventuellement socialiste). En France, la majeure partie de la gauche refuse avec indignation d’être dite libérale, et la droite ne veut surtout pas paraître « conservatrice ».
Le conservatisme fait sa révolution
Les responsables du Dictionnaire prennent acte d’un changement en cours, qui s’est manifesté depuis deux ans par quelques publications significatives[tooltips content= »Voir par exemple Laetitia Strauch-Bonart, Vous avez dit conservateur ?, Éditions du Cerf, 2016, et Jean-Philippe Vincent, Qu’est-ce que le conservatisme ? Histoire intellectuelle d’une idée politique, Les Belles Lettres, 2016. »]1[/tooltips] et qui, surtout, semble travailler en profondeur la partie la plus politisée de la droite, depuis les manifestations de la Manif pour tous jusqu’au large succès de François Fillon à la primaire
