Spécialiste de politique étrangère depuis plus de quarante ans, Vincent Hervouët a couvert suffisamment de conflits pour ne pas prendre pour argent comptant la communication des belligérants et se méfier des analyses moralisantes. Une qualité rare au sein d’une profession si conformiste
Causeur. Vous êtes l’un des rares, non le seul éditorialiste à défendre l’État hébreu en rappelant obstinément que la guerre a été déclenchée le 7-Octobre. Le seul aussi à parler des otages. Le 22 mai, dans votre chronique d’Europe 1, vous avez pulvérisé Jean-Noël Barrot soulignant rageusement que notre gouvernement avait exactement la même conception du droit international et le même narratif de la guerre que le Hamas. Peut-être, mais ce n’est pas le gouvernement, dont la lecture prévaut désormais de Harvard au bistrot du coin, qui est isolé. Votre analyse serait-elle influencée par une forme d’élégance (ou de dandysme) ?
Vincent Hervouët. Je suis breton, j’ai la tête dure et cela m’a valu plusieurs séjours au placard. Sans en tirer gloire, car c’est toujours un échec. Mais vous faites erreur. Je ne suis pas seul. Sur Gaza comme sur le Donbass, la plupart de mes interlocuteurs sont à l’étranger. Ils ont été aux affaires ou ce sont des confrères que je connais depuis longtemps. Ils ont la distance, l’expérience. Ils savent et ils doutent. Mes papiers sont influencés par nos discussions. Et puis, j’ai des confrères ici dont je respecte le courage. Je ne méprise pas la presse française. Mais je la connais. Quand elle s’aveugle, elle s’obstine… et puis, elle oublie. J’ai souvenir d’une consœur débarquant à Pristina pour faire le tour
