Bien que le président sortant soit, selon les sondages, quasi assuré de sa réélection, dire de Marine Le Pen qu’elle était loin des caricatures que l’on fait habituellement d’elle lors du débat télévisé de mercredi fait déjà de vous quelqu’un de suspect…
Cette élection présidentielle, à défaut d’être dotée d’un quelconque souffle, a démontré une seule chose : la liberté d’expression a durablement reculé en France. Ainsi il devient de plus en plus risqué de s’exprimer sur le second tour de l’élection en cours comme sur le débat d’entre-deux-tours, si ce n’est pour dire haut et fort que l’on mettra un bulletin Emmanuel Macron dans l’urne. Toute autre position vous expose à des jugements aussi lapidaires que définitifs. Et même ceux qui se risquent simplement à expliquer que le RN n’est pas le parti nazi dans les années 30 se voient suspecter de penchants autoritaires.
Les tribunes s’accumulent expliquant qu’une potentielle élection de Marine Le Pen équivaudrait à un retour du fascisme. Les références à l’extrême-droite renvoient à une forme de collaboration et mettre un bulletin Emmanuel Macron équivaut à obtenir un diplôme de Jean Moulin, quand toute nuance sur les attaques portées contre Marine Le Pen fait de vous un traître à la République.
Logiques de purge
Quand on voit le sort fait à un intellectuel comme Marcel Gauchet pour avoir dit que le RN actuel est plus proche du RPR des années 80 en France que de l’extrême-droite collaborationniste, on n’a guère envie de prendre position pour se faire attaquer par tous ses pairs et être assimilé à un soutier de l’extrémisme. Il est donc de bon ton en France de soutenir Emmanuel Macron avec toute une gamme de nuances allant jusqu’à « je vote pour lui mais avec une pince à linge sur le nez ». Les législatives deviennent alors un troisième tour où après avoir éliminé le danger de l’extrême droite, il s’agirait d’éliminer, dans les urnes des législatives,
