La firme de Mark Zuckerberg a violemment répliqué aux attaques de la Maison Blanche.
En accusant Facebook de « tuer des gens » parce que la plate-forme de Mark Zuckerberg laisse se diffuser des opinions anti-vaccins, Joe Biden écorne la quasi-idylle entretenue jusqu’ici entre lui et les GAFA. Assez droit dans ses baskets, Facebook lui répond qu’au contraire, grâce à son existence, des millions de gens obtiennent des informations faisant autorité sur les vaccins contre le Covid-19.
Nul doute que Joe Biden a largement bénéficié du soutien, de la mansuétude voire du parti-pris des principaux GAFA (Twitter, Facebook, Google/YouTube…) lors de la dernière élection présidentielle. Il est clair que les « milliardaires hippies » de la Silicon Valley ont en masse voté pour Biden car Donald Trump, qui avait menacé de les démanteler, devait dégager « quoi qu’il en coûte ».
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Twitter, notamment, a d’abord encadré les messages psychédéliques de Donald Trump (notamment ceux dénonçant avec force la « fraude électorale »), puis l’a banni alors qu’il était encore président des États-Unis. Même Emmanuel Macron et Angela Merkel s’en sont émus ! Le New York Post, relayant les « affaires » autour de Hunter Biden (le fils de Joe) a vu son compte Twitter bloqué deux semaines. YouTube a soigneusement nettoyé les vidéos qui remettaient en cause la légitimité de l’élection de Joe Biden (notamment celles relatives au « Stop the Steal » (Arrêtez le vol [des élections]). Mark Zuckerberg, le patron et fondateur de Facebook, a financé à coups de millions de dollars, dans plusieurs États dont la Géorgie, des groupes de pression pour assurer une « élection juste » (entendez : celle de Joe Biden).
Biden, quelle ingratitude !
En matière de Covid-19, des groupes de discussion ont été débranchés et, pendant près d’un an, la fuite du Covid-19 d’un laboratoire de Wuhan, considérée comme conspirationniste, a été bannie de Facebook jusqu’à ce que… l’administration Biden envisage cette hypothèse à égalité avec la zoonose traditionnelle sur base notamment de documents des Renseignements américains.
On aurait donc pu penser que Joe Biden n’utilise pas avant longtemps son « devoir d’ingratitude » envers les Big techs qui ont contribué à son élection. Las : voici que l’idylle en prend déjà un coup.
Facebook accusé de “tuer des gens”
Devant l’hésitation vaccinale de nombreux Américains et la campagne de vaccination qui bat de l’aile, le président des États-Unis a accusé vendredi Facebook de « tuer des gens » parce que la plateforme de Mark Zuckerberg continue d’abriter de nombreux contenus « vaccino-sceptiques ». Ce qui alimenterait la méfiance envers les vaccins et tendrait à empêcher les États-Unis d’atteindre l’immunité de groupe. « La seule pandémie que nous ayons est celle des personnes non vaccinées, et elles tuent des gens », a regretté l’actuel locataire de la Maison-Blanche. Sa porte-parole Jen Psaki a précisé : « Nous signalons à Facebook les publications problématiques qui diffusent de la désinformation. Nous travaillons avec des médecins et des experts médicaux qui sont populaires auprès de leur public grâce à des informations précises. Nous contribuons donc à la diffusion de contenus fiables. »
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Facebook a répondu avec véhémence aux dures accusations de Joe Biden. « Dans des échanges privés, le « Surgeon General » (« médecin chef » du Public Health Service Commissioned Corps) a fait l’éloge de notre travail, notamment de nos efforts pour informer les gens sur le Covid-19. Ils savaient ce qu’ils faisaient. La Maison Blanche cherche des boucs émissaires pour avoir manqué ses objectifs en matière de vaccins », a déclaré un porte-parole de Facebook sur NBC. « En réalité, plus de 2 milliards de personnes ont consulté des informations faisant autorité sur le Covid-19 et les vaccins sur Facebook, ce qui est plus que n’importe quel endroit sur Internet. Plus de 3,3 millions d’Américains ont également utilisé notre outil de recherche de vaccins pour savoir où et comment obtenir le vaccin. Les faits montrent que Facebook contribue à sauver des vies. Point final. »
Le pouvoir grandissant des GAFA en question
Pouvoirs ou contre-pouvoirs ?
Les relations entre les GAFA et les candidats présidents, présidents et anciens présidents des États-Unis sont condamnées à l’ambiguïté. Hillary Clinton avait elle-aussi mis les réseaux sociaux en cause (entre autres) lors de sa défaite en 2016 alors que Barack Obama avait, au contraire, fort intelligemment surfé sur ce qui constituait à l’époque une innovation élargissant le spectre de la libre-expression. Quant à Donald Trump, il a été sujet à une sorte de « Twitterite aigüe » pendant son mandat avant d’en être éjecté sans ménagement malgré ses 80 millions de « followers ».
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Joe Biden, comme beaucoup de dirigeants occidentaux, apprend à ses dépens que les réseaux sociaux constituent décidément un pouvoir puissant, imprévisible et indomptable…
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