Aujourd’hui, de fait, les femmes atteignent les hautes sphères d’elles-mêmes. L’obligation de parité dans les fonctions de pouvoir est absurde.
Initialement, je voulais choisir comme titre : « Des femmes en qualité, pas en quantité ! ». Mais j’ai préféré une accroche plus tranquille, moins percutante, plus consensuelle. Qui irait dénier le besoin d’avoir des femmes de qualité à des postes clés ? Il me semble que l’année 2022 en effet a vu « le sacre des femmes en politique » et que cela a été une avancée indéniable, quelle que soit mon appréciation contrastée sur les quatre qui sont généralement mises en évidence : la Première ministre Elisabeth Borne, Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et la présidente du groupe La France Insoumise Mathilde Panot.
Une parité frénétique n’est plus nécessaire
L’irruption de ces personnalités dans le paysage gouvernemental et parlementaire démontre qu’il n’est pas nécessaire de programmer frénétiquement une parité pour que naturellement des hasards, des ambitions, des nominations, des fidélités consacrent des femmes avec des compétences qui valent largement celles de leurs rivaux ou soutiens masculins. Il y a toujours un moment où le destin bascule et où on ne peut pas le retarder indéfiniment. Des femmes prennent le pouvoir ou on le leur donne, parce que des calculs politiques vous persuadent qu’elles sont indispensables là où on désire les promouvoir.
Il faut donc accepter que l’égalité des sexes, valeur non négociable aujourd’hui, se traduise concrètement moins par des coups de force législatifs ou des décrets impérieux que par des évolutions qui au fil du temps – et plus rapidement qu’on ne le pense – combleront l’écart entre les souhaits et la réalité.
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Aussi tout débat sur les hommes et les femmes, leurs rôles respectifs dans la société, devra intégrer que certes la parité arithmétique sera défaillante mais qu’il n’empêche que l’intuition fait apparaître que les droits et le pouvoir des femmes ont considérablement augmenté. De plus en plus largement, sans qu’on les récuse bêtement, elles occupent un terrain qui ne leur était pas réservé. Ce qui signifie que l’idéologie est bien moins efficace que le pragmatisme et qu’il y aura donc bien aussi des femmes médiocres assumant des charges prestigieuses ou pour briguer des fonctions suprêmes !
Vous dites cela parce que je suis une femme?
Ce sera un grand progrès paradoxal quand le fait d’être femme ne vous mettra pas à l’abri de toute critique. Ou vous contraindra à répliquer autre chose, pour vous justifier, que le lassant « c’est parce que j’étais une femme et qu’on m’a mal accueillie » !
Outre que la parité dogmatique n’est plus en odeur de sainteté parce qu’elle a révélé son absurdité quantitative, ces avancées spontanées de la cause des femmes ont pour heureuse conséquence, brisant le piédestal viril, d’inciter les hommes en quelque sorte à se relativiser, à ne plus se croire seuls au monde politique ou dans tous les univers traditionnellement masculins ; mais à accepter non seulement une concurrence non faussée des femmes mais leur possible supériorité dans tel ou tel domaine.
Dans mes expériences professionnelles, directement ou indirectement, j’aurais pu témoigner que certaines femmes étaient bien meilleures que ceux qui les dirigeaient et qu’elles avaient ce superbe avantage de n’être pas attirées par la mousse du pouvoir mais par sa substance.
Alors, qu’elles ne soient pas surabondantes partout, tant mieux, mais qu’elles viennent tranquillement, sans arrogance ni fausse modestie, prendre possession des royaumes dont elles ont été privées et bousculer les hiérarchies, c’est bien…
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