Antisémitisme: ce renoncement à nommer l’ennemi qui tue, de peur d’irriter des cités d’immigration, dit tout de la pleutrerie qui perdure, selon notre chroniqueur.
C’est une France fictivement unie qui a marché silencieusement, hier, contre l’antisémitisme. Certes, les responsables politiques, qui ouvraient la manifestation, rassemblaient la gauche et la droite de gouvernement. Toutefois, ces « élites » s’égareraient à se croire redevenues fédératrices, au vu du succès apparent de la mobilisation citoyenne (plus de 100 000 personnes à Paris, plus de 80 000 dans 70 autres villes).
Foule majoritairement blanche et âgée
En réalité, ces chiffres sont en deçà des protestations contre la profanation du cimetière juif de Carpentras de 1990, ou contre les attentats islamistes du 13 novembre 2015, il y a tout juste huit ans. La foule de dimanche, majoritairement blanche et plutôt âgée, a pu corriger, par sa dignité muette, la bassesse bavarde des querelles politicardes sur qui devait ou non être là. Reste que ce sont bien les politiques menées depuis quarante ans par ceux qui plastronnaient en tête de cortège, qui ont mis la nation ouverte dans cet état de fragilité extrême. L’absence du chef de l’État a illustré la fracture identitaire qui interdit à Emmanuel Macron de choisir son camp. Dans une « lettre », publiée dans Le Parisien Dimanche, le président n’a eu de cesse d’appeler à « l’unité des Français », en refusant de qualifier la source islamiste du nouvel antisémitisme : une précaution reprise ce lundi matin sur Europe 1 par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée et coorganisatrice avec le président du Sénat, Gérard Larcher, du rassemblement. Or, ce renoncement à nommer l’ennemi qui tue, de peur d’irriter des cités d’immigration, dit tout de la pleutrerie qui perdure.
En même temps capitulard
Derrière l’unité de façade d’une classe politique agonisante, qui avait relégué le RN en queue de cortège, se laisse voir ce que j’ai appelé « deux France irréconciliables ». Car, outre l’absence de Macron perdu dans son « en même temps » capitulard, il faut noter celles de l’extrême gauche et des autorités musulmanes, rétives à dénoncer l’islamisme et son terrorisme judéophobe.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a expliqué « comprendre la réticence des musulmans de France à défiler (…) aux côtés de racistes antimusulmans déclarés et assumés » : un prétexte pour ne pas avoir à porter un regard critique sur des textes sacrés qui, pris à la lettre, appellent à tuer Juifs et mécréants. Pour sa part, l’imam Hassen Chalghoumi, un des rares musulmans à avoir appelé à « venir en force » se joindre à la marche, a du renoncer à son projet après des menaces venues de la Tunisie. Il y avait certes, sous les drapeaux de la Kabylie, mon ami Ferhat Mehenni, président de la Kabylie libre, mais lui et ses amis, qui ont fui une Algérie islamisée, tiennent justement l’islam dans la seule sphère de la laïcité.
Les Français musulmans présents n’ont pas choisi de se faire identifier, sauf une exception que j’ai notée, par des pancartes. Plutôt que la banderole : « La République contre l’antisémitisme », il serait souhaitable de voir apparaître désormais : « La France contre l’islamisme ». Rêvons…
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