Francis Deron est décédé vendredi 31 juillet à Paris, des suites d’une longue maladie, selon le vocabulaire funéraire habituel. Ceux qui ne connaissaient rien à la Chine et à l’Asie du sud-est, ou qui se croyaient informés sur ces régions par les récits de voyages des éminences politiques et littéraires de Paris, lui devront de ne pas mourir totalement idiots.
Sinologue formé à l’école de René Viennet et de Simon Leys, il contribua à démasquer l’imposture maoïste telle qu’elle était glorifiée par ses sectateurs français et leurs compagnons de route de gauche comme de droite. Son arrivée au Monde en 1986, à la demande de Jacques Amalric, alors chef du service étranger, marqua la fin d’un traitement plus que complaisant de la dictature du « Grand timonier » par le journal de référence.
Ces dernières années, il avait consacré son temps et ses efforts à une enquête historique et politique sur le Cambodge à l’époque des Khmers rouges, publiée récemment chez Gallimard.
Francis Deron ne paradait pas sur les plateaux de télévision pour étaler sa science, et ne se contentait pas de séjours éclairs dans les lieux chauds de la planète pour formuler des sentences définitives sur la marche du monde. Il s’est donc un peu moins trompé que d’autres, ce qui lui a valu l’estime de quelques amis, dont je m’honore d’avoir fait partie, à défaut d’une gloire médiatique dont il se fichait comme de son premier bol de riz.
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