L’élection de Donald Trump aux États-Unis glace le sang de François Cluzet, Yann Barthès, Omar Sy et Emmanuelle Béart. De son côté, Daniel Craig, alias « 007 », redoute un retour en force de la masculinité toxique. Tilda Swinton tremble face au retour des frontières, tandis que Nagui sermonne les candidats qui n’aiment pas Gaïa et les vachettes autant que lui. Une chronique signée Didier Desrimais, qui passe sans doute un peu trop de temps devant la télé !
Le panurgisme des artistes n’a d’égal que celui des journalistes. Ça bêle à qui mieux-mieux dans les milieux cultureux. Les moutons défendent identiquement certaines valeurs, dénoncent pareillement certains fascistes, préconisent semblablement de sauver la planète et d’abolir les frontières. Naturellement de gauche, ils ne peuvent s’empêcher de donner des leçons de morale et de politique au monde entier. Sur LCI, à Darius Rochebin lui demandant ce qu’il pense de l’arrivée de Trump au pouvoir, l’acteur François Cluzet balbutie : « D’abord, ce qui est incroyable c’est qu’il ait pu être réélu. Ça a été vraiment la surprise du chef. Comment ce type qui est d’une obscénité incroyable, d’une vulgarité sans nom, qui propose des trucs dont il change d’avis (sic) la semaine d’après ou en tout cas qui ne se réalisent pas… » La phrase, inachevée, reste en suspens au-dessus du vide cérébral.



La France a peur…
L’acteur égrène ensuite de confuses et craintives considérations qui semblent enchanter M. Rochebin. M. Cluzet confie en effet avoir peur pour l’Amérique et pour l’Europe. Il récite l’évangile européiste selon Sainte Ursula en invoquant Victor Hugo et son désir de voir naître un jour les États-Unis d’Europe. Adepte de formules creuses, usées jusqu’à la corde par Jack Lang et par ses congénères, il dit être persuadé que, grâce à une UE forte et « ouverte », nous allons « surtout nous enrichir culturellement ». L’enrichissement culturel auquel songe l’acteur s’affiche d’ores et déjà dans l’espace monotone et uniforme d’une Europe wokisée, macdonaldisée, jeffkoonsisée, netflixisée – et donc culturellement appauvrie. Ce monde « ouvert et inclusif » accueille en outre en son sein un nouvel enrichissement culturel issu d’une immigration extra-européenne imposant petit à petit de nouvelles mœurs, une religion qui a fait ses preuves en termes de paix et de tolérance, un jeûne du mois de ramadan d’ores et déjà plus souvent cité et honoré dans nos médias et dans certaines de nos villes que celui qui accompagne le Carême, des commerces halals de plus en plus nombreux, des modes vestimentaires inédites sous nos latitudes. À ce propos, la dernière vidéo publicitaire de la marque de vêtements islamiques Merrachi annonce explicitement le projet d’enrichissement culturel des Frères musulmans et des islamo-gauchistes : la Tour Eiffel y est en effet recouverte d’une abaya et d’un hijab…
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Le 10 février, l’insipide Yann Barthès recevait sur le plateau de Quotidien les protagonistes du dernier film d’Anne Le Ny, Dis-moi juste que tu m’aimes. Omar Sy, à propos de l’élection de Donald Trump : « C’est tragique ». Court, sobre, efficace, sans doute la meilleure prestation de l’acteur. Elodie Bouchez, elle, confie avoir beaucoup aimé vivre à Los Angeles, « mais ce qui se passe aux États-Unis est dramatique…. avec le retour de Trump. Ça fait froid dans le dos. » Nous étions au début d’une nouvelle ère glaciaire dans les médias…
24 février. La matinée est fraîche. Un vent polaire balaie la matinale de France Inter. Bien qu’emmitouflée dans un épais pull en laine, l’actrice Emmanuelle Béart frissonne : « L’élection de Trump me glace le sang. Et puis nous, nous l’Europe, on ne réalise pas à quel point à partir d’aujourd’hui nous sommes en danger. » Nous n’en saurons pas plus. Un silence hivernal étreint cet avertissement impénétrable. Brr !
Hollywood et le Fouquet’s ne dorment plus…
Sur France Inter, toujours. Daniel Craig est reçu pour son dernier rôle dans le film de Luca Guadagnino, Queer. Il est horrifié, dit-il, par le « retour violent de la masculinité », en particulier en politique, « avec les extrêmes », suivez mon regard. Le discours woke de M. Craig est aussi ennuyeux et convenu que le film dont il fait actuellement la promotion, si je veux en croire Éric Neuhoff qui, dans Le Figaro, conseille d’écluser une bonne rasade de mescal pour « se remettre de ce pensum prétentieux ». Je ne suis pas allé voir le pensum en question ; j’ai préféré déguster un excellent whisky écossais en regardant Skyfall, un des meilleurs James Bond avec Daniel Craig du temps où la masculinité ne lui faisait pas peur.
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50ème Cérémonie des César. Le cinéma français subventionné et subclaquant se regarde mourir. Durant cette longue soirée mortuaire, chacun cache son ennui du mieux qu’il peut. Signe des temps, le film woke de Jacques Audiard rafle logiquement la mise. Les discours édifiants sont aux petits oignons : un coup sur Trump, un coup sur « l’extrême droite fasciste », un coup sur Israël, un coup sur la Russie, un coup sur Bolloré – ah ! non, pas sur Bolloré, en tout cas pas ce soir : la cérémonie est, comme tous les ans, retransmise sur Canal + et Vincent Bolloré est le premier financeur du cinéma français. Bohèmes, oui, mais bourgeois, avant tout… et tout ce petit monde de finir la soirée au Fouquet’s, aux frais de la princesse.
Lors d’une autre veillée funèbre, celle du dernier Festival du film de Berlin, l’actrice Tilda Swinton a tenu à mettre ses pas dans ceux de tous ces merveilleux artistes qui ne rêvent que d’inclusivité, de diversité et de solidarité. Cette prêtresse théâtrale a prêché pour un monde meilleur « intrinsèquement inclusif » dans lequel seront en outre punis les méchants qui « fraternisent avec ceux qui détruisent la planète », un monde ouvert, « sans politique d’exclusion, de persécution ou de déportation », sans visas, sans contrôles migratoires, sans frontières. La voix sépulcrale et la pâleur spectrale de l’actrice renforcèrent une pénible impression, celle d’entendre la Mort elle-même augurer les phénomènes mortifères menant à notre anéantissement. Dans la salle, des ombres macabres applaudirent la lugubre pythie. Dehors, dans le monde réel, les Allemands apprenaient le même jour l’attentat, à Munich, d’un Afghan ayant foncé dans la foule avec sa voiture, faisant près de 40 blessés et tuant une jeune femme et sa fille de deux ans.
Sur le plateau de BFMTV, la comédienne Macha Méril s’est enthousiasmée pour la « menace militaire » qui planerait sur la France et qui laisse présager, selon elle, une nouvelle « cohésion nationale » : « Regardez ces témoignages de jeunes qui sont au fond disposés à s’engager. C’est formidable, c’est nouveau. On pensait qu’aux loisirs, aux vacances et à aller à l’étranger, se dorer la pilule aux Bermudes. Maintenant il y a un autre objectif qui va nous réunir et ça veut dire qu’on s’achètera moins de pantalons et qu’on va dépenser l’argent autrement. » Je préfère n’ajouter aucun commentaire à cette logorrhée sénile.
Conclusion menant à un réjouissant exercice de gymnastique jambière. Nagui, l’animateur de “N’oubliez pas les paroles”, se prétend écolo. Quand Fanny, une participante à son émission, lui apprend qu’elle a l’intention d’acheter un fourgon pour l’aménager et pouvoir se déplacer et surtout travailler, il la sermonne sévèrement : « Non mais, attendez, vous dites aimer la planète, vouloir sauver la planète, vous occuper de la culture… Et le problème d’un fourgon, c’est que d’un coup, là, il y a des odeurs de diesel qui arrivent à mon nez. » La pauvre Fanny, humiliée, n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive que l’animateur l’apostrophe à nouveau avec condescendance : « Vous connaissez le principe de sauver la nature et la planète ? » Si Fanny avait eu autant de rouerie pontifiante que son tourmenteur, elle aurait pu lui répondre qu’elle n’a pas les moyens, elle, de se payer des vacances sur un yacht luxueux, de faire de nombreux allers-retours en avion pour aller simplement voir des matchs de foot à l’étranger, de se détendre dans une somptueuse villa avec piscine à Saint Tropez ou de s’offrir une voiture de sport de collection. « Ah ! oui, mais attention, aurait alors sûrement rétorqué le tartuffe, j’ai aussi une voiture électrique. » C’est vrai : une Tesla Model X de 125 000 euros conduite par un chauffeur privé ! M. Nagui mérite incontestablement un coup de pied au derrière. Pas de demi-mesure : le coup de pied en question doit être foudroyant, décisif, suffisamment puissant pour envoyer définitivement cette baudruche sur orbite. Voilà un geste, je crois, qu’il serait aisé de citer en exemple, puisqu’il participerait tout à la fois au sauvetage de la culture et de la planète…
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