Accueil Politique Dernière rénovation, Sainte-Soline : l’activisme d’extrême-gauche contre la raison

Dernière rénovation, Sainte-Soline : l’activisme d’extrême-gauche contre la raison


Dernière rénovation, Sainte-Soline : l’activisme d’extrême-gauche contre la raison
Des militants écologiques manifestent contre les méga bassines, Sainte Soline, le 29 octobre 2022. UGO AMEZ/SIPA 01092697_000022

La manifestation contre les méga-bassines du weekend du 29/30 octobre a été encore une occasion pour les extrémistes de l’écologisme de montrer qu’ils croient que tout leur est permis au nom d’une cause qui ne se discute pas.


Notre monde se dirigerait-il vers le futur dystopique imaginé par Terry Gilliam dans L’Armée des 12 singes ? Autrefois relativement marginal, circonscrit notamment aux groupes antispécistes et à des ONG telles que Greenpeace, l’activisme se voulant « écologiste » est maintenant devenu un phénomène global et récurrent, mettant à exécution ses menaces dans différents pays toutes les semaines sans que des mesures sérieuses ne soient prises pour en limiter la portée. 

À l’image de la désormais iconique Greta Thunberg, les membres de ces Brigades vertes bénéficient de la sympathie d’une grande partie du monde policito-médiatique. Ce mouvement pas si spontané est issu de l’extrême-gauche avec laquelle il partage tant les méthodes d’action directe que le goût du manichéisme, ajoutant toutefois à ce corpus déjà inquiétant en soi des considérations eschatologiques relevant du religieux.

Le site de Dernière Rénovation, collectif français soutenu par le photographe Yann-Arthus Bertrand, affiche ainsi la couleur : « Nous sommes la dernière génération capable d’empêcher un effondrement sociétal ». Ce ton millénariste est une justification préalable à toutes les dérives. Après tout, puisqu’il est certain que le monde s’effondrera après cette génération, tout devrait être autorisé au nom d’un plus grand bien. 

Sauver la planète ne vaudrait-il pas la mort de quelques-uns ? Si l’on suit leur logique, il ne fait aucun doute que pour les plus agités d’entre eux, les actions visant des biens matériels finiront immanquablement par des actions visant des personnes, des responsables désignés de la « mort » de l’immaculée Gaïa qui devrait être préservée de toutes les traces de la présence humaine, des souillures que provoquent nos agissements forcément intéressés et cyniques.

La dialectique manichéenne du gauchisme panthéiste des néo-écologistes décroissants est la terre fertile sur laquelle pousse un culte religieux. Dieu a pris les traits de Pachamama, la terre-mère des anciens. N’allez toutefois pas leur expliquer que l’arraisonnement de la nature sauvage a commencé dès le Néolithique, moment où l’humanité se sédentarisa et commença à aménager le territoire qu’elle occupait pour se préserver des prédateurs, des catastrophes naturelles et des vicissitudes générales de l’expérience du vivant.

La symbolique du vandalisme contre les œuvres d’art et de l’esprit est d’ailleurs extrêmement parlante. Ces jeunes ne voient pas dans les productions de l’esprit des trésors à protéger et choyer. Leurs musée n’exposent que des œuvres de la nature, inanimées ou animées ; pierres, montagnes, mers, plantes et animaux. Ils sont malheureusement soutenus par des inconscients, notamment les élus de la NUPES qui ont fait le déplacement jusqu’à Sainte-Soline pour manifester avec les opposants aux « mégabassines » et ont lancé un « ultimatum » au gouvernement en ce sens. Le chantier de construction de la réserve d’eau d’une capacité de 628 000 mètres cubes pour l’irrigation agricole à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, n’a pas repris, quatre jours après la mobilisation qui a tourné à l’affrontement.

Pour l’heure, il n’y a pas encore de « zone autonome à défendre » installée sur les lieux, bien qu’une tour de guet entourée de palissades de bois couvertes de graffitis ait été édifiée en plein champ sur le site. Certaines de ces inscriptions sont des injures destinées à Yannick Jadot qui a été au centre d’un petit « buzz » sur la toile. L’élu des Verts a été attaqué vertement par la créature qu’il a lui-même contribué à faire naître. Arrivé à Sainte-Soline, Yannick Jadot a été pris à partie par un groupe de jeunes femmes aux visages recouverts de vêtements noirs, manifestement des « black blocs » venus là pour attaquer les gendarmes. Tentant de se défendre verbalement, il interpella l’une d’entre elle en l’appelant « mademoiselle ». Elle l’a très mal pris, et ce n’est pas l’erratum de Yannick Jadot pour le plus politiquement  correct « madame » qui y changea quelque chose, cette jeune personne refusant manifestement d’être désignée selon le sexe biologique que la naissance lui a donné : « Je suis pas mademoiselle, alors calme-toi. Je suis pas madame non plus ».

Que les réserves d’eau soient une nécessité vitale pour les agriculteurs qui nous nourrissent et connaissent bien mieux la nature que ces pastèques mutantes ne changera rien à l’affaire. Ces militants sont inaccessibles à la rationalité et aux faits, ils sont des Maoïstes et des révolutionnaires qui iront jusqu’au bout. Les responsables politiques qu’ils attaquent méritent d’ailleurs leur sort. En politique, les marges décalent les centres. Yannick Jadot, l’ancien de Greenpeace, est déjà un homme du passé, un mâle blanc de plus de 50 ans qui doit céder la place à ces Theodor Kaczynski en herbe. Le système politico-médiatique aurait tort de prendre les choses à la légère, ses acteurs seront les premières cibles de ces gens. De la même manière qu’avec l’insécurité du quotidien, c’est la fermeté de la réponse étatique qui conditionnera l’avenir de ces mouvements de vandales. Il est malheureusement permis de douter…

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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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