La population de la terre vient d’atteindre 8 milliards.
De quoi conforter une mode actuelle consistant à croire que pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut éviter d’avoir des enfants.
En 2021, dans une lettre adressée à ses investisseurs, la banque américaine Morgan Stanley les a informés que l’éco-anxiété avait un fort impact sur le taux de natalité. Au même moment, une étude conduite par le Pew Center a révélé que plus d’Américains que jamais déclaraient ne pas vouloir d’enfants, essentiellement pour des raisons écologiques. Ce refus de la procréation est encouragé par la science.[1] Selon une analyse publiée dans Global Environmental Change par deux chercheurs en 2009, chaque enfant ajoute des milliers de tonnes à l’empreinte carbone totale de ses parents. Cette idée a été reprise dans une revue de la littérature scientifique conduite par deux autres chercheurs, parue en 2017 dans un autre titre prestigieux, Environmental Research Letters. Ici, on apprend que chaque naissance évitée réduit les émissions de CO2 de 60 tonnes chaque année, une économie personnelle qui dépasse de loin toutes les autres, comme celle consistant à ne pas utiliser de voiture. Le papier en question a été téléchargé plus de 850 000 fois. La même année, NBC News annonçait : « La science prouve qu’avoir des gosses nuit à la terre. » Pourtant, ces calculs sont fondés sur deux suppositions fallacieuses. D’abord, il y a l’idée selon laquelle chaque parent serait responsable de 50 % de l’impact environnemental d’un enfant, de 25 % de celui d’un petit-enfant et ainsi de suite jusqu’en 2040. Les parents sont donc chargés de toutes les émissions de leurs descendants qui ne sont responsables de rien. Ensuite, on suppose que le monde ne fera plus aucun progrès en termes de réduction d’émissions de CO2 d’ici 2040. Or ce sont les énergies fossiles et pas l’homme en tant que tel qui causent les émissions.
« Même Homère commet des erreurs », disait Horace. C’est vrai aussi des scientifiques.
[1] Shannon Osaka, « Should you not have kids because of climate change? », The Washington Post, 2 décembre 2022.