Ah, les stages de « déradicalisation »… Une invention lumineuse ! Sortie tout droit des cerveaux du gouvernement Hollande après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de Vincennes, en janvier 2015. Le but de ces « centres de prévention, d’insertion et de citoyenneté » (CPIC) : faire renoncer à leurs convictions les jeunes musulmans ayant adhéré aux idées fondamentalistes et susceptibles de commettre des actes terroristes, voire en ayant commis.
Mais bizarrement, ces stages ont mal tourné. Fondés sur le volontariat (encore heureux !), ils ont abouti à toutes sortes de déconvenues : locaux saccagés, violences des stagiaires, formateurs tournés en dérision, désertions. Ces déconvenues ont fait l’objet d’un rapport de deux sénatrices, Esther Benbassa et Catherine Troendlé, qui pointent l’amateurisme des associations agréées par le ministère pour mettre en place lesdites « cellules de déradicalisation ». Comment n’y aurait-il pas eu amateurisme puisqu’il n’avait pas de précédent en la matière ?
« Djihad Academy »…
Le centre de Pontourny (Indre-et Loire) avait été mal accueilli par le voisinage qui y avait vu une « Djihad Academy » : on peut en effet se demander si réunir des radicaux est bien le meilleur moyen de les déradicaliser. Ils l’ont été si bien qu’au bout de quelques jours, tous se sont envolés. Les « formateurs » (comment faut-il les appeler ?) sont piteusement restés seuls.
A Aulnay-sous-Bois, la fondatrice d’un centre a trouvé cette solitude bien confortable : elle vient d’être condamnée à quatre mois de prison avec sursis, pour détournement de fonds publics, blanchiment et travail clandestin. Elle aurait gardé pour elle 60 000 € de subventions.
Désemparé mais sommé, comme toujours après des attentats, de « faire quelque chose », c‘est à dire n’importe quoi, par l’opinion, le gouvernement a lancé cette expérience. Y déverser, sans compter, l’argent public pouvait lui donner l’illusion de l’efficacité, ce qui ne pouvait manquer d’attirer des aigrefins.
… ou Orange mécanique
Mais par-delà ces péripéties, comment les grands humanistes qui ont inventé un tel concept n’ont-ils pas vu son côté « Orange mécanique ». Dans le célèbre film de Stanley Kubrick, la police tente de guérir des délinquants à coups de chocs électriques.
Orange Mécanique – scène lavage de cerveau… par luceballantine
Tout cela repose sur une vision scientiste et déterministe de l’homme dont on pense que même les convictions peuvent être modifiées par des méthodes adéquates.
Mêmes si nos centres sont plus confortables que le goulag ou le laogai, ils ne font pas moins penser, au moins dans le principe, aux techniques de lavage de cerveau dont ont usé les communistes soviétiques et chinois.
Les convictions des djihadistes sont sans doute perverses mais ce sont des convictions, religieuses qui plus est, et par là, sortant du champ du déterminisme.
Une politique naturelle consiste à respecter leur liberté. Si leurs convictions les conduisent à commettre des actes délictueux voire criminels, on doit regarder l’acte, pas les convictions. La justice doit les punir, et bien sûr très sévèrement, mais pas faire joujou avec leur âme. Le châtiment est le corollaire de la liberté.
Si on traite les fanatiques comme des malades susceptibles d’une thérapie, comment s’étonner que, leur liberté niée, ils ne se rebiffent ? Pour le pire généralement.
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