Les hommes politiques attendent souvent l’été pour concrétiser leurs actions les plus néfastes, impopulaires ou douteuses. Le maire de Paris Bertrand Delanoë, a profité de la torpeur caniculaire pour baptiser un espace vert très triste, construit au-dessus d’une dalle recouvrant le périphérique extérieur, du nom de Serge Gainsbourg.
En compagnie de Jane Birkin et de Charlotte, l’édile a dévoilé – vers Les Lilas – une sinistre plaque officielle indiquant « Jardin Serge Gainsbourg 1928-1991, auteur compositeur interprète ». Ce genre de plaques effrayantes et glacées où l’on peut lire « Maréchal d’Empire » ou « Ministre de la IVe République ».
Je fais le pari que Serge aurait vu d’un œil inquiété cet hommage statufiant en forme d’espace vert « écologique » (dixit la mairie), lui qui avait compris tout le romantisme sauvage et taciturne des vrais jardins (intimes ?) dans sa sublime chanson Dépression au-dessus du jardin.
Je fais surtout le pari qu’il aurait été agacé – en bon anar élégant – par cet honneur officiel, qui entérine son statut d’auteur « fréquentable », breveté pour toutes les louanges post-mortem. Je fais enfin le pari que le grand Serge aurait préféré que l’on donne plutôt son nom à une impasse dans Pigalle. Au moins ça l’aurait fait marrer. Et il s’y serait rendu plus volontiers.
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