Dans l’actualité post-électorale, il n’y en a que pour les « frondeurs » du PS. Ils sont nombreux. Combatifs. Vindicatifs. Ils veulent la peau de Manuel Valls et l’auront peut-être. Ils veulent aussi celle de François Hollande. Ce sera sans doute un peu plus difficile. Mais dès que Martine Aubry, à laquelle nul ne conteste ses qualités de bulldozer, entrera dans la bataille, le glas commencera à sonner pour le président de la République.
L’UMP a aussi ses « frondeurs ». Mais eux ne s’affichent pas comme tels. Ils s’avancent masqués. Sournoisement. On en connaît deux. François Fillon, dont on ne parlera pas car il s’est montré digne et honnête en s’abstenant de tout commentaire au soir de la victoire de l’UMP, qui fut aussi celle de Nicolas Sarkozy son rival. Digne et honnête sont des qualificatifs qu’on ne peut, avec toute la meilleure volonté du monde, accoler au nom d’Alain Juppé.
Il hait Sarkozy et ne cherche pas vraiment à s’en cacher. Au soir du premier tour des élections départementales, il s’est exclamé : « J’ai gagné ! ». On ne savait pas que le culot pouvait être une vertu en politique… L’ancien Premier ministre a en effet jugé que sa stratégie d’ouverture au centre – jusqu’au Modem de Bayrou – avait apporté la victoire. En privé, en off, en in, il n’avait pas eu de mots assez durs pour fustiger l’attitude de Sarkozy. Ce dernier pour Fillon est un rival. Pour Juppé, c’est un ennemi.
Le président de l’UMP préconisait le « ni-ni » en cas de duel PS-FN. Juppé appelait à voter PS. Sarkozy parlait-il de sécurité, d’identité, de laïcité ? Aussitôt de l’entourage de Juppé fusaient les pires accusations : identitaire, islamophobe, sécuritaire. Pas très loin donc du parti de Marine Le Pen. Et on lui donnait le coup de grâce en reprenant, mezza voce, une bonne vieille phrase de Jean-Marie Le Pen : « Les Français préféreront toujours l’original à la copie ».
Au soir du deuxième tour, Alain Juppé a souffert. Ô rage, ô désespoir ! N’étant pas dans son intimité, nous ne disposons pas d’éléments pour décrire quelle forme ont pris ses tourments. Oublié le « j’ai gagné ! » du premier tour, jetés à la poubelle les mots qu’on se voudrait de n’avoir jamais prononcé. Le communiqué d’Alain Juppé saluait la victoire de l’UMP et de l’équipe soudée autour de son « président ». « De son président » ? Pour avoir été contraint de le dire, Juppé en haïra encore plus Sarkozy…
Fidèle à la voix de son maître, François Bayrou s’est également félicité de la victoire de l’opposition UMP, UDI et Modem réunis. Bof ! Les troupes de M. Bayrou tiendraient aisément dans une cabine téléphonique et il est en droit d’envier les scores, lamentables par ailleurs, des écologistes. Avec tout le respect que l’on doit « au meilleur d’entre nous », on peut s’interroger sur les résultats électoraux d’un tandem Juppé-Bayrou. Il est vrai qu’ils sont assurés du soutien de Libération et des Inrockuptibles. Ça fera une deuxième cabine téléphonique…
*Photo : FERNAND FOURCADE/SIPA. 00678341_000001.
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