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Délit conjugal


« Nous sommes toutes des femmes de chambres abusées ! », bramait une poignée de féministes il y a peu. « Nous sommes tous des Nafissatou Diallo ! », lisait-on sur le site du comité de défense d’« Ophelia » (son pseudonyme dans son job). Depuis, si l’on croit les dernières révélations venues d’Amérique, la mère de famille noire, prolétaire et méritante s’est révélée prostituée occasionnelle en relation avec un escroc. On peut supposer que les associations « négrophiles » (après tout, puisqu’elles passent leur temps à dénoncer la « négrophobie », on doit pouvoir parler de « négrophilie ») continueront de la soutenir, car, en étant pute, on n’en reste pas moins noire, et le combat d’une pauvre immigrée africaine contre un riche Blanc devrait suffire à leur colère.

En revanche, j’ai l’impression que, sur ce coup-là, les féministes vont nous lâcher la grappe. La nouvelle donne va beaucoup moins intéresser les Chiennes de garde qui aboient après les mâles dès qu’elles reniflent un peu de braquemart dans le discours et ne veulent voir que des victimes. La malheureuse traumatisée était en fait une prostituée manipulatrice, autrement dit une femme qui use de ses appâts pour en tirer des avantages sans trop le dire, autrement dit une femme.[access capability= »lire_inedits »] Le personnage d’une femme dans toute la maîtrise de sa nature, qui plaît aux hommes et qui en profite, mobilisera peut-être moins le féminisme militant que la caricature victimisée à outrance du début de la série.

Nous rêvons tous de liberté et de conquêtes

Dans les derniers épisodes, le rôle de DSK aussi a changé. S’il n’y a pas viol, le mâle dominant infidèle, lubrique, priapique, entreprenant et violent n’est plus qu’un banal mâle dominant infidèle, lubrique, priapique et entreprenant. Si cela aussi est un crime pour les féministes, tant pis pour elles. Pour moi, tant qu’il n’y a pas violence, la morale est sauve. Nous allons pouvoir leur répondre que « nous sommes tous des Dominique Strauss-Kahn ». Nous rêvons tous de liberté et de conquêtes. Sauf quand nos sexualités sont bien gardées par les cerbères « goupillon » et « qu’en dira-t-on », nous sommes prêts à risquer de perdre ce que nous aimons pour une aventure. Tels Marius, nous préférons à l’occasion l’appel du grand large, ses ports, ses femmes, au grand amour et à ses responsabilités familiales. Soumis à la tentation, nous lâchons la proie qui règne sans partage sur le lit conjugal pour l’ombre entre les jambes d’une inconnue.

Évidemment, ces traits de caractère masculin ou féminin s’avouent peu, et les arrangements que les couples trouvent tant bien que mal pour concilier les élans du cœur et les troubles du sexe ou vice versa et pour boucler la quadrature du sexe apparaissent peu dans les sondages. C’est d’ailleurs une bonne chose car les raffinements de la civilisation se nichent dans ces non-dits. La transparence que les prêcheurs de vertu réclament un peu partout serait ici un cauchemar grossier et brutal. Si les femmes pouvaient entendre la vérité sur la nature des hommes et inversement, on ne serait pas obligés de mentir tout le temps. Ce compromis, cet échange, ce troc entre les cœurs et les sexes pour que les hommes restent relativement libres et les femmes exclusivement aimées exige des amants une promesse de fidélité qu’ils tiennent rarement. Mais sommes-nous égaux dans cet effort, dans cet engagement et dans notre résistance aux tentations ?

La fidélité absolue dans un couple est une utopie que les femmes entretiennent et cherchent à réaliser et un dogme qu’elles parviennent à imposer à leurs hommes : y déroger, c’est fauter. Le Monde a récemment publié un article sur deux enquêtes posant les mêmes questions à 27 années d’intervalle : on y découvre que les Français sont de plus en plus hostiles à l’infidélité dans le couple. Alors qu’en 1981, 26 % des sondés déclaraient ne trouver « jamais justifié » que des hommes et des femmes mariés aient une aventure extraconjugale, en 2008, ils étaient 40 % à défendre cette opinion.

La première explication de ces chiffres, c’est l’hypocrisie. Certains couples ont rempli le questionnaire ensemble ou à tour de rôle mais sous surveillance. Peut-on rester entier en présence de sa moitié ? D’autres, comme pour leur vote FN ou leur goût prétendu pour Arte, tiennent à apparaître comme il faut dans les sondages et font ce qu’ils veulent ou ce qu’ils peuvent dans la vie.

La chair est forte et finit toujours par terrasser l’esprit

Toutefois, si les résultats méritent sans doute les correctifs usuels, la tendance exprimée est claire. En un quart de siècle, la tolérance à l’infidélité a régressé. Est-ce le monde ambiant, précaire et dur qui pousse les cœurs affamés à resserrer les liens du couple et les âmes esseulées à se rassurer dans des appartenances exclusives ? Est-ce une génération d’enfants de divorcés qui regardent d’un autre œil les dommages causés aux familles par une liberté sans entraves et qui espèrent éteindre le feu du dragon intérieur dans un sacerdoce ? Est-ce une avancée de l’idéal d’un couple chrétien, monogame, romantique et responsable qui fait reculer l’amour libre et la libération sexuelle? Sans doute un peu de tout ça et d’autres choses. Mais la conclusion, c’est que le goût pour les prisons dorées triomphe du besoin d’aventure. Voilà ce qui domine dans les esprits et, on peut le regretter ou s’en féliciter, dans les pratiques. Si c’est un progrès, je ne suis pas sûr qu’il soit partagé par tous.

Heureusement, la chair est forte et elle finit toujours par terrasser l’esprit. Si l’on revient aux fondamentaux anthropologiques qui distinguent les hommes des femmes, aux programmes génétiques qui commandent nos sexualités et poussent les mâles à répandre leur semence à volonté, et même au-delà de leur volonté, comme ils conditionnent les femelles à capturer le meilleur reproducteur et à le garder pour protéger leur descendance, on constate que l’infidélité est au fond de la nature de l’homme comme il est dans la culture de tous. L’adultère est une distraction ou une vengeance pour les femmes, il est un impératif irrépressible pour les hommes, la condition de leur épanouissement. Pour devenir ce qu’il est, le mâle doit rester un peu chasseur. Et pour garder sa saveur, la vie amoureuse doit garder quelque chose de la guerre. Or, dans cette parité étendue à l’intime des rapports et des comportements amoureux qui confine à vie dans la chambre nuptiale le mari comme sa femme, l’homme perd ce que la femme gagne. Dans le nouveau couple aux mœurs égalitaires et aux liens serrés jusqu’à étouffement, on ne sait plus qui est le chasseur et qui est le gibier. Par les temps qui courent, je crains que nous, les hommes, soyons un peu d’la baise.

Restons des hommes, contre vents et furies

Il faut s’y résoudre, avec l’avènement du couple-roi, les femmes ont gagné du terrain dans la (tendre) guerre des sexes. Lentement mais inexorablement, les temps et les mœurs se féminisent. Les curés en ont rêvé, les petits-enfants de 68 l’ont fait. Les valeurs féminines forgent la norme des relations conjugales. La femme devait être l’avenir de l’homme, elle en est l’extincteur quand les hommes ont des rêves de femme et conforment leur désir à la nouvelle norme. La dénonciation de la domination masculine et du machisme ambiant est une escroquerie : le recours au statut et à la statue de la victime ne devrait pas impressionner ceux qui ont vécu une scène de ménage.

Si les femmes combattent avec des armes de femmes, comment pourrions-nous leur en vouloir ? Il s’agit simplement de ne pas être dupes et de rester des hommes contre vents et furies. Dans cette tendre guerre qui oppose les amoureux et œuvre au rapprochement plus qu’au déchirement, à l’équilibre plus qu’à une victoire de l’un sur l’autre qui annoncerait une triste défaite pour les deux, il faut tenir son rang et défendre les positions de son sexe. Chacun dans son rôle, chacun pour soi et que nous gagnions tous ![/access]

Juillet-août 2011 . N°37 38

Article extrait du Magazine Causeur



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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