Ce jour, je m’adresse à toi, ô électeur de droite. Il m’est arrivé de m’adresser à ton homologue de gauche et de le mettre en garde contre ses prétendants socialistes, qui risquaient fort de faire de lui un cocu. Mais, là, c’est toi qui es en danger.
Déjà, en 2007, tu avais cru aux discours du candidat Sarkozy sur l’école. Tu avais cru à ses références à l’autorité, à l’effort, au mérite voire à la méritocratie. Pauvre de toi, tu as dû constater que la réforme du lycée avait été confiée à Richard Descoings. Si encore ce cocufiage s’était produit dans la discrétion ! Mais, le Président, t’humiliant davantage, n’a pas pris la peine de cacher l’amant dans le placard. C’est sous ton regard effaré que ces deux-là roucoulèrent.
L’an prochain, le président-candidat tentera une nouvelle fois de t’assurer que l’autorité, l’effort, le mérite voire la méritocratie se trouvent au cœur de son projet pour l’école de la République. Peut-être, parce que tu es à la fois oublieux et bonne pâte et que tu abhorres la gauche par-dessus tout, tu seras tenté de lui donner une seconde chance. Tu aurais bien tort. Sais-tu qui a été nommé secrétaire national aux politiques éducatives de l’UMP ? Monsieur Jacques Grosperrin. Tu ne le connais pas ? Laisse-moi te le présenter…
Jacques Grosperrin est le député de ma circonscription, dans le Doubs. Sur les bancs de l’Assemblée nationale, on le surnomme le PDG, comme Prof De Gym. Si tu as lu La Fabrique du crétin, de Jean-Paul Brighelli, tu sais que l’éducation physique et sportive constitue très souvent le laboratoire des pires mesures pédagogistes. Mais l’oiseau en question enseigna aussi les fameuses et fumeuses sciences de l’éducation à la fac de sport de Besançon. Ce n’est pas tout, il fut aussi le rapporteur de la commission sur la mise en œuvre du socle commun de connaissances du collège. A ce titre, il fut invité par divers médias. Et sur RMC, il se prononça pour la suppression des notes au collège.
Il paraît que les notes agissent fort négativement sur le moral de ces pauvres petits. Et s’il n’y avait que nos pauvres ados ! Le député Grosperrin, désormais spécialiste officiel de tout ce qui touche à l’école à l’UMP, propose aussi de supprimer les concours pour devenir professeur. Peut-être trouve-t-il aussi les entretiens d’embauche moins traumatisants en sus d’être beaucoup moins coûteux.
Ô, électeur de droite, lorsque Nicolas Sarkozy prononcera les mots autorité, effort, mérite voire méritocratie, souviens-toi de Jacques Grosperrin, qui veut bouter les notes et les concours hors de l’école de la République.
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