Comparaison n’est pas raison ; c’est ce qu’illustre la polémique autour du Titan des riches et du bateau des pauvres. Les responsabilités dans les deux cas ne sont en rien les mêmes, et ceux qui accusent sans fin les affreux capitalistes devraient alors refuser leurs services pour leurs œuvres humanitaires…
La photo qui scinde
Quoi de plus efficace qu’une photo pour susciter l’émotion ? Comme avec la photo du petit Aylan retrouvé mort noyé sur une plage turque, le photo montage comparant la photo du bateau de pêche surchargé de migrants et celle du mini sous-marin le Titan devenu le cercueil de ses occupants, a fait le buzz sur Twitter, déclenchant une salve d’indignation chez les pères la morale de l’extrême gauche immigrationniste et les people en mal de coups de projecteurs.
L’indignation qui monte
De notre spéciste médiatique Aymeric Caron à l’ex-président Barack Obama, en passant par l’intellectuel de plateau anar de gauche pro-migrant tout en étant héritier (fils de) Mathieu Slama, sans parler d’Hélène Sy, la compagne d’Omar voulant elle aussi son moment #BLM, toutes ces figures médiatiques sont montées au créneau pour dénoncer le « deux poids deux mesures » dans le traitement médiatique et l’aide dont ont bénéficié les explorateurs du Titan comparés aux 700 migrants qui ont fait naufrage quelques jours avant la disparition du mini sous-marin.
Et, certes, pour tenter de retrouver le sous-marin sombré à 4000 mille lieux sous l’Atlantique, des millions d’euros ont été déboursés, des moyens techniques ont été déployés et un compte à rebours médiatique a été lancé jusqu’à… l’épuisement.
Ceux qui ont droit
Le naufrage des migrants, explique-t-on, n’a pas bénéficié d’autant de moyens et d’attention médiatique. « Certaines vies valent moins que d’autres » ; tel est le réquisitoire des indignés professionnels qui utilisent le prisme de la lutte des classes pour dénoncer le « racisme social » et souligner la fracture entre des riches qui auraient droit eux, au déploiement de moyens techniques et financiers et à une médiatisation intense, et des damnés de la mer qui seraient invisibilisés dans l’indifférence générale.
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Une récupération immédiate !
Si nous devons jouer à fond la comparaison, on peut alors s’étonner de l’absence du délai de décence pour la mort des cinq passagers du Titan. Ils étaient sûrement trop riches pour qu’on respecte le moment d’émotion. Quant à la récupération politique concernant le nauffrage des immigrés clandestins au large de la Grèce, elle a fonctionné à plein régime sans être pointée du doigt.
Lorsqu’il s’agit de donner des leçons en humanisme et de servir un discours sur l’accueil inconditionnel de tous les migrants de la terre, on ne saurait voir de la récupération.
Les limites de la comparaison
Or, force est de constater que comparaison ne vaut pas raison. Car dans le cas du Titan, la mort des explorateurs était, hélas, inéluctable. Rétrospectivement, on sait qu’une fois le sous-marin immergé dans les profondeurs océaniques, c’était alea jacta est… l’explosion survenue étant éventuellement due à un défaut technique. Les plus superstitieux diront que la malédiction du Titanic s’est abattue sur les explorateurs malheureux.
Mais, dans le cas du naufrage du bateau de pêche Andrianna, la mort des 82 migrants n’était pas inscrite d’avance, elle aurait pu être évitée. L’issue fatale de cette tragédie grecque aurait pu être déjouée si les passeurs n’avaient pas fait embarquer plus de 700 personnes sur un bateau de fortune, s’ils avaient donné des gilets de sauvetage aux migrants et si les autorités grecques avaient accepté le secours de Frontex qui avait repéré l’embarcation en survolant la zone. Dans un cas, la technique serait à l’origine de la mort, dans l’autre cas, la responsabilité est humaine et elle est d’abord à chercher du côté des passeurs, ces négriers des temps modernes qui facturent la traversée périlleuse 2 000 et 3 500 euros par migrant.
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« Après le trafic d’armes et de drogues, le trafic d’êtres humains arrive en 3ème position des secteurs lucratifs pour le crime organisé » avec un coût estimé à 35 milliards par an selon l’organisation internationale pour les migrations (OIM) rappelle Philippe Fontana dans son dernier essai sur La vérité du droit d’asile.
Le capitalisme aurait du bon ?…
La polémique suscitée par cette comparaison alimente d’une certaine façon la haine antiriches. Pourtant, les acteurs de l’immigrationnisme militant, ONG et associations, trouvent dans le capitalisme honni de généreux donateurs qui viennent financer leurs actions.
C’est ce que révèle aussi Philippe Fontana, qui jette la lumière sur la face cachée de cet humanisme de façade financé de façon pas très anticapitaliste. Ainsi, on apprend par exemple que l’association Refuge Solidaire, basée à Briançon, qui œuvre pour loger des demandeurs d’asile, est financée par le fond de dotation créé par Olivier Legrain ; un ex-patron de la branche peinture de Lafarge et d’une filière chimie de Rhône-Poulenc et qui a fait fortune grâce à des montages financiers. Comme quoi, le capitalisme a parfois du bon…
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