Ce qui est drôle avec les gens qui n’ont pas d’humour, c’est qu’ils n’ont pas peur de le faire savoir. S’ils avaient ri, tout irait bien; mais comme ils n’ont pas ri, ils peuvent réclamer des comptes au rieur au nom des principes les plus arrêtés de la République française.
Le scandale qui fait suite à l’article de Patrick Besson nous permet d’établir ce point : dans une société victimaire, l’homme qui n’a pas ri fait la loi. Tous les hommes sont égaux, mais ceux qui n’ont pas d’humour sont plus égaux que d’autres.
Puisque Mme Duflot demande des excuses publiques à M Besson sous prétexte que son article n’est pas drôle, nous demandons des excuses à Mme Duflot pour son absence d’humour. Si la xénophobie anti-allemande ne nous amuse pas, l’usage que fait Mme Duflot des grands principes nous amuse encore moins. Fédérer un parti sur le dos d’un rieur est indigne. Il ne suffit pas d’être offensé pour parler au nom du peuple français. Il ne suffit pas de se déclarer « choquée » pour avoir les grands principes avec soi.
Un monde où les rieurs seraient tenus de s’excuser publiquement n’est pas le nôtre. Il ne saurait passer pour souhaitable. Nous ne laisserons pas Mme Duflot, cette précieuse ridicule de la morale républicaine, nous faire accroire qu’un progrès politique serait accompli par la mise au pas d’un écrivain français qu’elle ferait mieux de lire et d’anoter. C’est pourquoi nous demandons solennellement au rieur, non seulement parce que son article est très drôle, mais parce que nous nous faisons une haute idée de la République française, de ne pas s’excuser.
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