La concurrence internationale et les taux d’intérêt ont bon dos… Notre inculture économique, des mécanismes pervers découlant de nos idées préconçues et nos normes bureaucratiques délirantes sont les principales explications de ce budget que la France n’arrive plus à boucler !
En France il n’y a pas que le parc automobile qui se « cubanise » (selon le constat de François-Xavier Bellamy) ! Ce sont nos mentalités, façonnées par 43 ans (bientôt deux générations !) de socialisme d’Etat et de woko-marxistoïsme de l’Education nationale qui semblent désormais anesthésiées et dépourvues non seulement de l’élan vital que procure le goût de la liberté, mais aussi des simples réflexes de bon sens.
Dans ce contexte, le débat budgétaire français semble très mal engagé, avec du côté de la hausse des recettes un concours Lépine d’impôts nouveaux, et du côté des baisses de dépense principalement le mantra « réduire le nombre de fonctionnaires » qui, psalmodié depuis maintenant des décennies par notre « droite aux yeux crevés » (François Mauriac) a montré sa totale inefficacité.
Partons d’un exemple trivial : devant faire réparer le pare-brise de ma voiture, un garagiste me soumet un devis à 1400€ mais, « ne vous inquiétez pas nous allons appeler l’assurance ensemble, elle va prendre la réparation en charge ». Après 30 minutes au téléphone, l’assurance nous informe que je ne suis pas couvert pour ce type de dommage. Le garagiste se désole pour moi et m’informe alors que la réparation sera seulement de 800 € « car je ne suis pas assuré ». Que retenir de cette palpitante aventure (outre l’élégance de mon garagiste) ? :
– « C’est gratuit, c’est l’Etat qui paye » : la fameuse phrase que n’a pas prononcée François Hollande est bien sûr fausse non seulement parce que ce sont in fine les contribuables qui payent mais aussi et surtout parce que le fait de faire porter une dépense par l’Etat ou par une assurance renchérit considérablement celle-ci : dans mon exemple si j’avais choisi de m’assurer j’aurais payé via ma prime d’assurance au fil du temps les 1 400€ du devis mais également les frais de gestion, le coût de la fraude et du risque pour l’assurance – en m’autoassurant, j’ai fait une économie de l’ordre de 50%. De même que sur le plan privé nous avons intérêt à nous auto-assurer pour les petits risques[1] en refusant systématiquement les assurances qui par définition sont plus onéreuses que l’espérance de remboursement (assurances pertes de papiers, de téléphone, extensions de garanties, mutuelles non subventionnées par l’employeur etc…), de même l’Etat devrait réintroduire une part d’autoassurance pour les Français, par exemple avec une franchise non assurable pour les dépenses d’optique ou auditives, voire pour les consultations médicales. Toutes les subventions distribuées par l’Etat subissent ce même phénomène d’inflation et de coût de gestion. Les 300€ de « Pass (sic) Culture » que mes enfants reçoivent de l’Etat-nounou à leurs 18 ans me coûtent sans doute 350€ ou 400€ en impôts, et par ailleurs immiscent toujours plus l’Etat dans leur liberté de penser (pourquoi l’abonnement à Libération est-il éligible, et pas celui à Causeur ?). Un Etat soucieux du bien commun éliminerait toutes ces dépenses subventionnées : pass culture, aide à l’achat d’une trottinette, d’un vélo ou une voiture électrique, bonus réparation textile… Dans la même logique, pour redistribuer (un peu) de pouvoir d’achat le gouvernement pourrait simplement autoriser les entreprises à verser hors charge sur feuille de paye les subventions tickets restaurant ou comité d’entreprise : sans que cette mesure ne coûte un centime à l’Etat, les salariés récupéreraient les frais de gestion (5% à 20%), s’épargneraient du temps administratif à gérer les règles TR/CE et pourraient disposer librement du fruit de leur travail versé directement sur leur compte bancaire – conformément aux principes sains d’une société libre.
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– « Il faut toujours plus de temps que prévu, même en tenant compte de la loi de Hofstadter » : selon la loi de Hofstadter, nous sous-estimons toujours le temps nécessaire à effectuer une tâche, or celui-ci est une ressource rare donc onéreuse. Le temps passé par mon garagiste pour remplir les formulaires d’assurance, qui dépasse sans doute le temps passé à réparer ma voiture, est facturé à l’assureur (donc à moi). Ainsi dans les hôpitaux les soignants consacrent de plus en plus de temps à des reportings et des codages d’actes[2] pour répondre aux exigences croissantes de l’administration : si on simplifiait cette demande de données on augmenterait non seulement le temps disponible pour les patients (c’est-à-dire le nombre effectif de soignants), sans dépenser un centime, mais on générait aussi des économies supplémentaires en réduisant les besoins d’analyse de ces données par des personnels administratifs.
Autre exemple, les consultations publiques désormais obligatoires pour certains processus, largement inutiles puisque habillant des décisions déjà actées et faisant double emploi avec les mécanismes de représentation de notre Constitution, coûtent bien plus que les frais directs de leur organisation : temps passé par les nombreuses personnes consultées, allongement démesuré des délais d’autorisation, encombrement des tribunaux et risques juridiques… entrainant finalement un ralentissement des décisions et des surcouts qui conduisent à un appauvrissement global de la France.
Le pire dans la logique de développement des normes bureaucratiques est qu’elle est toujours à l’œuvre, tel un train fou que personne n’ose faire dérailler – avec comme prochaine étape majeure la généralisation des reportings environnementaux européens CSRD qui coûteront, de l’aveu même de la Commission 3,4 milliards d’€ par an aux entreprises européennes[3] (donc aux consommateurs) – en réalité infiniment plus car ils détourneront vers des tâches administratives des ressources limitées qui auraient pu être employées à chercher et innover – tragique logique bureaucratique dans laquelle s’enfonce l’UE alors que les Etats-Unis et la Chine mettent sans états d’âme toutes leurs ressources dans l’innovation.
Bref plutôt que de perroqueter qu’il faut réduire le nombre de fonctionnaires (comme s’il existait quelque part un stock de fonctionnaires inactifs attendant patiemment d’être démasqués par un gouvernement enfin lucide), il faut plutôt travailler en profondeur à réduire les inducteurs de complexité, en tenant compte de leur impact réel, ce qui permettra ensuite naturellement d’orienter nos ressources vers la création de richesses plutôt que vers des processus administratifs.
« Les entreprises paieront » : un des pires sophismes économiques, la croyance que les baisses d’impôt permettent aux entreprises d’augmenter leurs bénéfices : en économie ouverte c’est bien sûr faux car les agents économiques prennent leurs décisions sur la base du résultat net après impôts – si ceux-ci baissent alors les entreprises réduiront leurs marges pour gagner des parts de marché, et finalement c’est le consommateur qui sera bénéficiaire. Le débat LFIesque sur les cadeaux qui seraient faits aux entreprises est donc une pure erreur intellectuelle. A noter cependant que les entreprises qui bénéficient de contrats à long terme (concessions d’autoroute, contrat d’achat d’électricité renouvelable…) ne sont pas en situation de concurrence et sont donc affectées positivement ou négativement par les changements fiscaux. Acteurs rationnels, elles incluent donc ce risque d’instabilité fiscale dans leurs décisions économiques : un cadre fiscal pertinent doit donc viser la stabilité, permettant aux entreprises d’investir avec la visibilité requise et sans imposer à leurs clients une prime de risque liée à l’incertitude fiscale. De la même façon lorsque notre président « met la pression » aux assureurs[4] pour rembourser généreusement les victimes d’inondations ce sont évidemment les assurés qui paieront via la hausse des primes d’assurance.
« Seule la vérité vous rendra libre » : par quel miracle propose-t-on des travaux de rénovation énergétique quasiment gratuits ? via le mécanisme des CEE, financé par les fournisseurs d’énergie (donc par les consommateurs : 4 milliards d’euros en 2023). Particularité : ne s’agissant pas d’un impôt, ce dispositif byzantin échappe au contrôle du parlement, et cumule l’ensemble des phénomènes pervers cités ci-dessus : frais administratifs massifs, instabilité réglementaire délirante (304 arrêtés et décrets !), travaux inadaptés, inflation des coûts – d’après la Cour des Comptes seules 33% des économies d’énergie annoncées sont effectivement réalisées[5] : un exemple caricatural de l’inefficacité des logiques administratives qui métastasent au-delà de la sphère étatique. Un gouvernement soucieux du bien commun supprimerait immédiatement cette usine à gaz pour la remplacer par le classique crédit d’impôts, permettant de déduire une partie des coûts de travaux librement décidés par les individus sur la base de leur pertinence économico-environnementale – à efficacité énergétique égale ce choix de la confiance serait sans doute deux à trois fois moins onéreux que le système actuel.
Dans un Etat que notre précédent ministre des Finances, avec son incroyable chutzpah (« culot de celui qui a tué son père et sa mère et qui implore l’indulgence du juge au prétexte qu’il est orphelin» !), prétend « géré à l’euro près », il est temps de réaffirmer les quelques principes de vérité, d’efficacité et de liberté qui permettront à l’exercice budgétaire de ne pas être une simple corvée comptable mais d’incarner une vision de la France, à même de réconcilier les citoyens avec l’exercice concret de la démocratie et avec les conditions de la prospérité économique.
[1] La définition de « petit risque » étant bien sûr personnelle – Si Bill Gates n’a pas besoin d’assurer sa maison, pour un Français lambda le périmètre d’assurance pertinent tourne autour de la responsabilité civile et des risques vol/incendie domicile et véhicule.
[2] https://www.lefigaro.fr/social/tout-cela-coute-un-fric-monstre-et-fait-perdre-beaucoup-de-temps-le-codage-des-actes-enfer-administratif-des-medecins-20240914
[3] https://www.choiseul-france.com/wp-content/uploads/2024/04/Note-strategique-CSRD.pdf
[4] https://www.newsassurancespro.com/inondations-emmanuel-macron-met-la-pression-aux-assureurs/01691584364
[5] https://www.ifrap.org/agriculture-et-energie/apres-le-dpe-voila-le-cee-qui-risque-de-couter-entre-450-et-912-euros-par-menage-et-par
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