Peut-on trouver dans le monde pays aussi généreux que la France en matière de droits et de libertés, les mêmes pour tous ? Cela n’empêche pas notre président de donner des gages aux déconstructeurs de l’identité française, quand il répond à la télévision américaine.
Dernier exemple du « en même temps » macronien : le chef de l’État se déplace à Montpellier pour prétendre se soucier de l’insécurité (entérinant par là une réalité que son propre ministre de la Justice juge fantasmée), tout en continuant d’alimenter par ses propos récurrents contre la France le ressentiment et la haine qui motivent de nombreux délinquants.
Il s’agit donc de « mettre plus de bleu sur le terrain » pour lutter contre des violences que son discours nourrit : le pyromane Macron se veut pompier ! On aura bien compris qu’à un an de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron distribue des os à ronger à « cellezéceux » dont les voix sont bonnes à prendre : un couplet intransigeant sur le renforcement de l’autorité pour complaire à la droite, et un autre couplet, quasi simultané, sur les nombreuses fautes commises par la France, aujourd’hui comme hier, pour tenter de séduire une partie de la gauche et des populations issues de l’immigration…
Une campagne cynique
Si on crédite cet homme de quelque intelligence, on ne peut mettre son incohérence que sur le compte du cynisme et de l’opportunisme électoralistes. Ce n’est pas le sort de la France qui l’intéresse, c’est le sien : ses gesticulations contre la délinquance sont bien trop tardives dans son mandat pour paraître sincères et dépourvues de calculs de basse politique. S’il est sur le terrain de la sécurité depuis peu, c’est que les sondages s’accordent à y voir un enjeu majeur de la future élection.
Où est la vérité d’Emmanuel Macron ? Elle est selon moi dans toutes les petites phrases distillées ici ou là, qui le révèlent comme une incarnation du mondialisme multiculturaliste – le « young global leader » célébré à Davos, après son élection. Il est avant tout un agent de la disparition des nations, avec ce que cela implique d’ancrage affectif dans une terre et une histoire : c’est pourquoi il s’emploie avec un zèle permanent à discréditer le passé de la France, à mettre en lumière ce qu’il dit être son racisme et ses pratiques discriminantes, à rendre ce pays – qui ne mérite pas une telle ignominie – littéralement détestable ! Certaines de ses interventions n’ont rien à envier aux discours les plus décomplexés des mouvements décoloniaux et indigénistes : la colonisation est « un crime contre l’humanité », assimilable par le choix des termes au génocide contre les juifs, la culture française n’existe pas, les problèmes des banlieues ne peuvent être réglés par des « mâles blancs », les discriminations et le racisme empêchent la diversité de s’élever dans la société en lui barrant l’accès aux meilleures écoles… Non content de vanter sur le média Brut les plateformes ouvertes pour dénoncer les innombrables discriminations subies par la diversité, Macron veut aussi encourager la discrimination positive : le nouvel Institut du service public veillera à tuer le scandaleux élitisme de l’ENA, imitant en cela les Instituts d’études politiques, précurseurs en la matière par la suppression de l’épreuve de culture générale, jugée discriminante, et par l’ouverture de concours réservés à des jeunes gens socialement défavorisés (instaurant par là la présence de quotas). Il faut également, suivant la nouvelle logique militante, « déconstruire notre propre histoire » : c’est précisément ce qu’a préconisé, pour nous « débarrasser du racisme », et en anglais dans le texte, Emmanuel Macron ce 18 avril sur CBS ! Le 14 juin dernier, lors d’une allocution télévisée, ce même Macron déclarait avec vigueur que « la République n’effacera aucune trace de son histoire » et « ne déboulonnera pas de statues ».
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Mais revenons sur le « racisme » de la France, dont le chef de l’État fait un présupposé – qui échappe miraculeusement à toute déconstruction. La France est esclavagiste et colonisatrice : il suffit pourtant de se pencher sur l’histoire du monde pour constater que la pratique de la colonisation et de l’esclavage n’est pas l’apanage de la France, ni même du monde occidental, et que les pays et peuples d’origine des « racisés » et autres décoloniaux ont pendant longtemps (et encore aujourd’hui pour certains) mis en œuvre ces systèmes, que leurs descendants dénoncent avec véhémence… seulement chez les Blancs. Or, s’ils sont contestables et scandaleux chez les Blancs, ils le sont tout autant chez les Noirs et les Arabes.
La fable de la France raciste
Mais l’honnêteté intellectuelle n’est pas de mise quand l’idéologie est à la manœuvre. Que dire de tous ces militants qui crient au racisme structurel de l’État et de l’homme blanc, alors qu’ils ont précisément été les seuls en France à qui on a accordé de faire fi des règles sanitaires pour pouvoir manifester lors du premier déconfinement en 2020 ? Que dire de ces consignes données aux policiers de ne pas effectuer de contrôles dans les « quartiers sensibles » et de fermer les yeux, de facto, sur le non-respect du couvre-feu ? Que dire des tolérances accordées dans le Tarn et ailleurs, avant rétropédalage, aux musulmans en période de ramadan, pour se déplacer en dehors des horaires auxquels on soumet toute la population ? Je ne sache pas que les chrétiens aient eu droit à une telle mansuétude pour les récentes célébrations de Pâques. S’il y a discrimination, elle ne s’exerce pas contre ceux qu’on se plaît à dire discriminés. Omar Sy avait vu juste en jouant un rôle dans le prémonitoire Intouchables…
Ce pays est-il raciste, alors que l’école publique est accessible à tous, que les aides sociales sont distribuées à tous, indépendamment de la couleur de peau, que l’hôpital soigne tout le monde, sans avance de frais ou gratuitement, et ce avant même l’éventuelle obtention de la nationalité ? Que dire de la possibilité de réussir dans ce pays, de s’y élever socialement, la même pour tous, pour peu qu’on en ait les aptitudes et qu’on s’en donne les moyens ? Le réel offre un démenti obstiné aux tenants de la discrimination en France, si l’on veut bien constater le nombre important de journalistes, d’enseignants, de médecins, de comédiens… issus des « minorités visibles » dans ce pays. Où est la discrimination ? Que dire d’un pays où chacun peut pratiquer sa religion, protégé par la liberté de conscience et de culte ? Peut-on trouver dans le monde pays aussi généreux que la France en matière de droits et de libertés, les mêmes pour tous ? Y a-t-on vu quoi que ce soit depuis la fin de l’esclavage (d’ailleurs aboli par les Occidentaux) qui ressemble à l’apartheid ou à la ségrégation d’État ?… Où est le « privilège blanc » du jeune chômeur dans la France périphérique ? Où est le « privilège blanc » du paysan qui travaille pour 800 euros par mois ? Où est le « privilège blanc » de ceux qui, devenus minoritaires, se voient contraints de quitter des banlieues massivement islamisées ? Où est le « privilège blanc » quand depuis des décennies, la politique de la ville a déversé des milliards dans les seuls « quartiers sensibles » ? Mais puisque le président lui-même vous dit que la France est raciste !
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L’étendard de la lutte contre le racisme structurel en France est Adama Traoré, mort dans les conditions que l’on sait. Or, si ce jeune homme a été inquiété, ce n’est pas parce qu’il était noir, mais bien parce qu’il s’est enfui à l’arrivée de la police, autrement dit c’est ce qu’il a fait – et non ce qu’il était – qui a conduit à une interpellation difficile. Les antiracistes d’aujourd’hui réduisent le débat à cette équation simple et manichéenne, qui fait du Noir (par essence) une gentille victime, et du Blanc (toujours par essence) un méchant coupable. On met en avant l’« être » et non le « faire », ce qui amène à disculper ou condamner quelqu’un (voire un pays tout entier) indépendamment de ses actes. Et plutôt que de remettre gentiment à sa place la pasionaria du clan Traoré, élevée au rang d’icône par le magazine Time, l’État se couche.
Ce folklore antiraciste me rappelle l’attitude de certains élèves : il leur arrive de manifester leur mécontentement lors de la réception d’une mauvaise note, qu’ils relient plus ou moins explicitement, avec une dose de mauvaise foi et de provocation dont je ne les crois même pas dupes, à la couleur de leur peau. C’est assez pratique pour se dédouaner de toute responsabilité ! Comment leur faire admettre que le résultat obtenu entretient un rapport étroit avec la qualité du travail rendu et que les considérations épidermiques n’y ont aucune part ? Que leur couleur, leur origine, leur religion ne les condamnent pas à la mauvaise note ? Que traiter tous les élèves de la même façon, exiger la même chose du Blanc et du Noir, participe du respect pour eux ? L’an dernier, certains étudiants de l’université américaine d’UCLA ont demandé à un professeur, en raison du confinement, d’évaluer avec plus de bienveillance leurs camarades « racisés » : le refus du professeur et l’ironie de sa réponse dans laquelle il faisait mine de se demander comment noter les étudiants métis ont conduit à sa mise à pied ! Considérer un élève noir ou arabe avec plus de bienveillance qu’un élève blanc, c’est lui faire l’affront de penser qu’il n’a pas a priori les moyens intellectuels pour réussir. Or, il doit faire ses preuves comme les autres, les mêmes droits supposant les mêmes obligations, à l’école comme dans la société.
Le nouveau racisme est plus pervers
En ce sens, la discrimination positive est non seulement une injustice faite à tous ceux qui ne peuvent se prévaloir d’une origine ou d’une couleur de peau prétendument préjudiciables, mais également l’expression d’une forme de condescendance envers les bénéficiaires de telles mesures, voire d’une forme perverse de racisme. Comme on le sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions, et cette discrimination « bienveillante » amène à trouver suspecte, quand bien même elle en aurait les compétences, la présence d’une personne « non blanche » dans une école prestigieuse ou à un poste important.
Finalement, cette discrimination positive, réclamée par de nombreux partis et associations, et soutenue par le chef de l’État, n’est bien souvent qu’une façon pour certains Blancs d’expier leur mauvaise conscience de classe – et même de race, puisque les antiracistes postmodernes ont ramené cette notion bannie sur le devant de la scène. J’en ai connu plusieurs dans le corps enseignant, de ces professeurs issus de la bourgeoisie, qui expiaient leurs « privilèges » par la plus grande mansuétude envers les enfants d’immigrés. Ou comment s’acheter à peu de frais une bonne conscience… et la paix sociale dans sa classe. Comme autrefois la bourgeoise se faisait pardonner son aisance matérielle par l’exercice de la charité et par une pratique religieuse ostentatoire, ces professeurs idolâtres de saint Bourdieu payent leur domination culturelle, et désormais leur « blanchitude », par le renoncement à toute exigence scolaire (d’ailleurs pas seulement à l’endroit des « racisés » !) et un militantisme actif qui englobe la défense des « sans-papiers », l’idéologie sans-frontiériste et l’engagement en faveur de la Palestine. Il est regrettable que cette bourgeoisie ne considère plus sa propre culture, certes blanche et bourgeoise, comme un instrument d’émancipation pour tous, y compris les « non-Blancs » qui fréquentent les écoles françaises.
Macron, parlez-nous de la France !
Ce qui est terrible aujourd’hui, au-delà du caractère imaginaire du racisme systémique, au-delà de l’agitation de minorités sommant les Blancs de faire repentance, de la confusion qu’elles entretiennent et de la malhonnêteté intellectuelle qui les habite, c’est la soumission des élites politiques et médiatiques qui s’en font le relais complaisant… à commencer par le chef de l’État. Manifestement, il ne voit pas que ses exercices de prosternation répétés devant les minorités en France ou devant l’Algérie, pour s’attirer leurs bonnes grâces, ne font que nourrir leur mépris pour un pays qui n’a pas à rougir plus qu’un autre de ce qu’il est. Dès lors, que peut-on attendre de ce président ? Peut-être faudrait-il qu’un conseiller lui rappelle (à supposer qu’il ne sorte pas du même moule) qu’avoir la charge d’un pays ne se limite pas à la gestion technocratique des dossiers, mais comporte aussi une dimension affective, pour ne pas dire amoureuse, quelles que soient les parts d’ombre de son histoire. Il est significatif, à cet égard, de l’entendre plus volontiers parler de la République que de la France, évacuant ainsi de son rapport au pays toute dimension charnelle et sensible.
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Les élites politiques, sur le papier tellement soucieuses de « faire société », pour reprendre le jargon en vogue, doivent bien savoir que la cohésion nationale n’est possible que par l’adhésion à une histoire commune : cette adhésion n’exclut pas l’esprit critique, mais devrait interdire toute concession faite à des minorités vindicatives, dont le projet revient moins à affirmer ce qu’elles sont qu’à bafouer et balayer ce que nous sommes. Mais il y a peu à espérer d’un personnel politique émasculé, paralysé par le mépris de soi, la peur de l’embrasement des banlieues et le cynisme électoraliste.
« Déconstruire notre histoire » : à l’émotion des (faux) opprimés répond l’émotion des (vrais) contrits. On se vautre dans l’émotion, mais on voit bien que toutes ne se valent pas : celle des Français qui cherchent à défendre ce qu’il reste de leur identité est systématiquement disqualifiée, réduite à un prurit fascistoïde et nauséabond. Notre déconstructeur en chef devrait pourtant comprendre que s’il veut pointer les vrais fascistes, il les trouvera chez ceux qui déboulonnent les statues plutôt que chez ceux qui cherchent à les protéger.