Depuis cinq ans, des étudiants d’Afrique du Sud tournent en rond, tentant de définir ce que seraient une « algèbre décolonialisée » ou des interactions moléculaires indigènes.
À la base, un constat. Depuis un siècle, le corpus des connaissances est établi par des Blancs, principalement américains, britanniques, allemands, français et suédois. Ils trustent les récompenses, prix Nobel ou médaille Field [tooltips content= »Classement des Nobel fin 2018 : USA, 377 ; Royaume-Uni, 130 ; Allemagne, 108 ; France, 69 ; Suède, 31. Vient ensuite le Japon, avec 27 Nobel, mais c’est un pays qui existe encore moins que la Chine, dans la pensée indigéniste décoloniale. »][1][/tooltips], souvent pour des raisons évidentes. Les investissements en R&D de la France ou de l’Allemagne dépassent très largement ceux de l’Afrique entière, sans même parler des États-Unis. Et n’oublions pas l’écrasante domination des hommes chez les Nobel : 96 % des lauréats. Le débat a pris un tour aigu en Afrique du Sud, ou des activistes ont entrepris de décoloniser les sciences à partir de 2015, sous le mot d’ordre « Rhodes doit tomber » (Rhodes must fall). Allusion à Cecil J. Rhodes, magnat des mines, blanc, qui a donné le terrain où se trouve l’université du Cap.
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En arts ou en littérature, l’entreprise décoloniale n’est pas immédiatement vouée à l’échec. Il est toujours possible d’inscrire des auteurs africains ou des artistes antillais au programme, quitte à verser un peu dans la discrimination positive au nom de la diversité culturelle. En maths ou en physique, en revanche… « Ce qu’implique la décolonisation des maths n’est pas très clair », écrivait en décembre 2018 le magazine américain Undark, à propos du mouvement sud-africain. « Revoir les programmes pour promouvoir des contributions non occidentales et promouvoir des méthodes pédagogiques nouvelles basées sur les cultures indigènes » seraient des pistes, tout comme « une plus grande ouverture à des idées extérieures au courant académique dominant ». Quelles idées exactement, mystère. « D’autres vont plus loin, poursuit le magazine, remettant en question les fondements des mathématiques eux-mêmes. » Pour les remplacer par quoi, mystère encore plus grand. Des vidéos ahurissantes de jeunes Noirs sud-africains décrétant que la science blanche est à rejeter sont visibles sur YouTube. Ils ont été partiellement entendus. La statue de Cecil J. Rhodes, qui se trouvait à l’entrée du campus du Cap, a été mise à bas en 2015. En mai 2018, le Sunday Times titrait sur « La perte de crédibilité des universités d’Afrique du Sud »…
Genre en sciences, retour de manivelle
Si la thématique de la décolonisation des sciences n’a pas vraiment pris en France, la question du genre de ces mêmes sciences est le thème d’innombrables contributions de philosophes et de sociologues. Le nombre ne doit pas faire illusion : aucun d’entre eux n’a pu définir ce que serait, par exemple, une géométrie « dégenrée ». « Ils militent en fait pour une féminisation des filières scientifiques, ce qui revient à vouloir accélérer un mouvement lent, mais profond, qui se passe assez bien d’eux », analyse un directeur de recherche du CNRS. « En ce qui concerne le genre dans les contenus eux-mêmes, une percée se dessine, mais elle ne fera pas plaisir aux féministes. En biologie et en chimie, elle consiste à mieux prendre en compte le sexe des cellules, qu’elles proviennent d’humains ou d’invertébrés, pour limiter les erreurs d’interprétation [tooltips content= »Voir à ce sujet Cara Tannenbaum et al., « Sex and gender analysis improves science and engineering », in Nature, n° 575, novembre 2019. »][2][/tooltips]. » Ce qui va, horresco referens, dans le sens de la différence biologiquement fondée des sexes.
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