Exceptionnellement, nous dérogeons à notre règle en publiant, avec l’aimable autorisation de nos confrères − et bien sûr de l’auteur − un article paru dans France Football le 29 juin, dans un dossier intitulé : « Que se passe-t-il dans la tête des Bleus ? » Sait-on jamais, ce numéro pourrait avoir échappé à certains de nos lecteurs…
Nasri insulte, devant les caméras du monde entier, un journaliste qui lui a manqué de respect en osant le critiquer. Ménez insulte son capitaine qui lui a manqué de respect en lui demandant de se replacer et l’arbitre de la rencontre qui lui a manqué de respect en sifflant une faute litigieuse. M’Vila refuse de serrer la main de son « coach » qui lui a manqué de respect en le faisant sortir avant la fin du match. Pour la même raison, Ben Arfa snobe Laurent Blanc et l’équipe tout entière en tapotant sur son portable pendant une séance d’explications dans les vestiaires.[access capability= »lire_inedits »]
Face à des comportements aussi bêtement égoïstes et inspirés par une idée aussi primaire du respect, face également au refus ostensible de certains joueurs de chanter La Marseillaise et à cette manie qu’ils ont de ne jamais se séparer de leur casque MP3, je ne me sens pas plus philosophe qu’un autre, je partage l’écœurement d’une majorité de Français. Je suis comme tout le monde : j’attends autre chose de ceux qui ont l’honneur de représenter la nation, je déteste cette équipe de France parce qu’elle est, à quelques valeureuses exceptions près, détestable. On espérait qu’elle allait enfin descendre du bus de Knysna : elle a juste fait monter de nouveaux passagers.
Mais quand je vois le président de la Fédération française de football, le sélectionneur lui-même et le mythique Guy Roux s’empresser de noyer le poisson et de trouver des excuses à ces joueurs insupportables, cela m’évoque irrésistiblement les efforts pathétiques de l’institution scolaire pour minimiser les manifestations d’incivilité dans les lycées et les collèges. Et mon dégoût se mue en inquiétude. Peut-être cette équipe de France est-elle à l’image d’une France qui ne sait plus transmettre, qui ne sait plus éduquer et qui se voit contrainte de faire avec la hargne, la susceptibilité et l’impudence.
Tout espoir cependant n’est pas perdu. Car il y a une morale à cette lamentable histoire. Quand on croit pouvoir oublier le critère humain et ne prendre en considération, pour choisir les joueurs, que le critère sportif, on perd sur les deux tableaux. La goujaterie ne paie pas. L’infantilisme n’est pas rentable. Tâchons, partout où nous le pouvons, d’en tirer les conséquences.[/access]
*Photo : Wikimedia
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