Le débat entre les candidats à la tête des restes du Parti socialiste (PS) a tourné autour… d’un ancien de la maison, Emmanuel Macron.
Faut-il que nous soyons attentifs aux lecteurs de Causeur pour se priver de « Zemmour et Naulleau », sans doute la meilleure émission politique du PAF, et regarder pour eux le débat entre les quatre candidats à la tête du Parti socialiste (PS) ?
RTL et LCI, en association avec Le Figaro avaient donc organisé cette confrontation inédite sur leurs antennes. Louable intention. Pour la première fois, de grands médias offraient une vitrine à un petit parti, alors qu’ils ne le faisaient jusque-là que pour des gros. Difficile de résister à cette boutade. Le PS n’est évidemment pas un petit parti comme les autres. C’est surtout un ancien gros. On voit en effet mal LCI et RTL organiser un débat préalable au congrès de Debout La France, qui a aujourd’hui des résultats électoraux comparables à ceux du PS, et pas seulement parce que Nicolas Dupont-Aignan ne suscite pas d’opposition à l’intérieur d’un parti construit par lui et pour lui.
L’épilogue du PS
Depuis la dernière élection présidentielle, le parti d’Epinay n’est plus. Il a rejoint le score de Gaston Deferre en 1969. D’ailleurs, pour faire oublier qu’il était le candidat, Benoît Hamon a quitté le PS, de même que son finaliste de la primaire Manuel Valls, tandis que le troisième s’est lancé dans l’apiculture.
Quatre candidats s’affrontaient donc. Stéphane Le Foll en héritier du hollandisme assumé. Emmanuel Maurel en héritier des frondeurs tout aussi assumé. Olivier Faure tentait de se faufiler entre les deux. Quant au quatrième, Luc Carvounas, il tentait de déborder Maurel sur sa gauche, pour faire oublier son passé de chasseur de frondeurs, au temps où il était lieutenant de Manuel Valls. Un cinquième homme s’est invité dans ce débat très vite, et ne l’a plus quitté : Emmanuel Macron. Emmanuel Macron dont Maurel a rapidement dit justement qu’il était « la créature du PS ».
Macron, président du PS
Se positionner par rapport au président de la République fut donc le fil conducteur de l’émission, chacun montrant à sa manière à quel point il en était différent. A ce jeu, c’est Emmanuel Maurel qui était le plus efficace, car lui avait expliqué d’emblée que Macron n’était en fait que le continuateur du quinquennat Hollande, quand les autres s’échinaient maladroitement à démontrer qu’il y avait entre les deux présidents une différence de nature, et pas une différence de degré. Sur la forme, Olivier Faure, qui fait figure de favori des spécialistes en « solférinologie » (bien que le siège de Solférino soit aujourd’hui vendu), n’a pas paru très à l’aise. Luc Carvounas, après un début difficile, s’est montré ensuite plus à son avantage. Le Foll et Maurel se montraient les plus efficaces, ce qui ne constituait pas une surprise pour l’ex-ministre de l’Agriculture, habitué des plateaux. Emmanuel Maurel, inconnu du grand public, et pas très souvent invité dans les médias, constituait la découverte de ce débat. Il y eut donc des différences de fond et de forme entre les candidats… jusqu’à ce que l’immigration soit abordée en fin de débat.
Une rose très épineuse
Sur ce sujet, les quatre furent d’accord pour dénoncer la politique incarnée par le duo Macron-Collomb, et n’ont sans doute pas convaincus ceux qui regardaient l’émission sans être adhérent du PS. Cette confrontation aura-t-elle une influence sur le congrès ? Rien n’est moins sûr tant les équilibres socialistes répondent à d’autres logiques que celles d’un débat télévisé. A-t-il d’ailleurs eu un vainqueur ? Un perdant ? Sans doute Maurel et Le Foll semblent avoir marqué des points quand le favori Olivier Faure en aura perdu quelques-uns. Une chose est sûre : le chantier est immense pour le futur vainqueur. Faire exister ce parti entre Macron et Mélenchon n’a rien d’un chemin parsemé de roses, fussent-elles rouges.
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