Lire en été: au hasard des bouquinistes, des bibliothèques des maisons de vacances, des librairies, le plaisir dilettante des découvertes et des relectures, sans souci de l’époque ou du genre.
Une critique paresseuse pourrait le comparer De visu du Britannique Jim Crace à La Route de Cormac McCarthy. Après tout, ces deux livres ont paru à peu près au même moment, au mitan des années 2000 et racontent le voyage d’un couple, celui d’un père et d’un fils dans La Route et celui de deux jeunes amoureux dans De visu à travers des mondes post-apocalyptiques.
Couple fondateur
Mais la ressemblance s’arrête là. La Route est un roman d’une noirceur totale. S’il y a le Père et le Fils, le Saint-Esprit lui a disparu: le seul but du voyage est une survie immédiate, presque animale dans une création détruite. Le pessimisme métaphysique de McCarthy est impitoyable. Il ne s’agit plus de se rendre quelque part, il s’agit de gagner une heure ou une journée parce que le Royaume n’existe plus. La catastrophe qui les fait marcher en poussant un caddie comme des personnages beckettiens dans un hiver nucléaire, est récente.
