Accueil Politique De Sarkozy à Hollande : quoi de neuf ? Rien !

De Sarkozy à Hollande : quoi de neuf ? Rien !


« Rien d’important », écrivait Jacques Ellul au lendemain du 10 mai 1981. Nous ne saurions mieux dire. Peuple de France, où est ta victoire ? Tu as remplacé, car tu n’avais pas le choix, la droite bling-bling par la gauche Laurent[1. Du nom de ce coûteux restaurant parisien où, quelques mois avant l’élection, François Hollande et BHL, conseiller ès-affaires libyennes de Nicolas Sarkozy, dînèrent pour fêter la victoire future de leurs idées communes.]. Tu as suivi, non comme un seul homme, mais comme une demi-nation, les bobos des arrondissements parisiens à un chiffre dans leur engouement pour un héros à lunettes dont ils ignoraient hier l’existence. Car tu n’avais pas le choix. Tu as balayé le Falstaff de Neuilly-sur-Seine en qui, avant-hier, tu avais mis ta foi, pour le remplacer par le Faust de Tulle.[access capability= »lire_inedits »] Car tu n’avais pas le choix. Un dimanche de mai à 20 heures, une seconde ou deux, tu as cessé de respirer comme au coup de sifflet d’une finale de Coupe du monde. Le lendemain, tu t’es réveillé avec une gueule qui n’était même pas de bois, mais de six pieds de long. La gueule du désespéré, seulement soulagé d’avoir échappé au pire. La gueule du suicidaire amateur qui s’est encore raté.

Rien d’important, non, ni même de grave dans cette élection survenue dans une démocratie endormie, où une bourgeoisie prête son argenterie à l’autre pour cinq ou dix ans et fait ses recommandations pour l’entretien du pékinois en son absence. Rien de grave dans cette République d’échange d’appartement et de covoiturage, où le sénevé appelle la moutarde. Non, rien de grave, non, rien d’important. François Hollande diminue son allocation d’Élyséen provisoire et encadre les salaires des patrons d’entreprise à capitaux publics. Fort bien. Nous l’en félicitons. Gageons que ces premiers décrets resteront comme l’acte le plus important de son quinquennat socialiste.
Non, rien de grave, rien d’important. Les ours savants de la sociétale-démocratie arrangeront leurs petits désirs comme ils le pourront avec le réel. Certes, quelques billevesées estampillées progressistes ajouteront, s’ils ont la force de les défendre, un peu plus d’absurde à ce pays, à cette civilisation. Rien de grave, rien d’important. Nous leur conseillons pourtant de légiférer le plus tard possible, sous peine de se retrouver dépourvus totalement d’utopie quand la bise sera venue.

Car la bise ne tardera plus. Si je n’arrive pas à comprendre ce que peut être la France d’après, je parviens pourtant sans trop de peine à imaginer ce qu’il y aura après la France. Ce sera quand Robert, son fils Kevin et son petit-fils Kenzo de Chon-sur-Marne se réveilleront un matin dans la peau d’Anders Breivik. Ce sera quand Ahmed, son fils Mourad et son petit-fils Bilal de Rancy-sur-Seine se réveilleront un matin dans la tête de Mohamed Merah. Ce sera quand les huit enfants de mes voisins maliens du dessus, lassés de pisser dans l’ascenseur et d’empêcher ma femme de dormir la nuit, pour faire payer à leur père son absence et à leur mère son absence de français, se battront avec les cinq fils de mes voisins sénégalais du bout du couloir pour le contrôle du hall de l’immeuble. Ce sera quand mes clodos du lundi n’auront plus le choix qu’entre le dépôt de Nanterre et la soupe à la grimace des Restos du cœur parce qu’il n’y aura plus d’association confessionnelle pour s’occuper d’eux. Ce sera quand l’école jacobine, minée par l’idéologie, s’effondrera sur elle-même. Ce sera quand tous les officiers français seront partis dans le privé avant l’âge de 30 ans. Ce sera quand le Qatar aura racheté France 2 et TF1, en application de l’accord pétrole contre couverture. Ce sera quand le Chancelier du nouveau Reich qui ne dit pas son nom gèlera le SMIC au nom de la rationalité budgétaire. Ce sera quand il y aura plus de Grecs que de Roms mendiant dans les rues de Paname. Ce sera quand la Provence parlera majoritairement espagnol. Ce sera quand l’Alsace-Moselle, en vertu du Concordat, appliquera la charia.

Ce sera quand la Nièvre sera couverte de mines de charbon à ciel ouvert et la Drôme un gisement de gaz de schiste. Ce sera quand mes enfants se feront jeter des pierres parce qu’ils refuseront d’être bi. Ce sera aussi quand Amazon sera le dernier libraire. Ce sera quand Tintin et les Picaros sera interdit aux moins de 18 ans. Ce sera quand Éric Zemmour se retirera à Sainte-Hélène avec un bicorne sur la tête pour dicter ses Mémoires. Ce sera quand la contestation de l’idéologie de la croissance ne sera plus une opinion mais un délit. Ce sera quand Mémé devra choisir entre la diminution immédiate de sa pension et la programmation à moyen terme de sa mort dans la dignité. Ce sera quand des médecins redresseront les comptes publics à coup d’injections. Ce sera quand les LGBT seront les seuls mariés de France parce que tous les catholiques auront divorcé.

Ce sera surtout le constat définitif que le politique n’y pouvait rien. Que tout cela n’était rien de grave, rien d’important.[/access]

Mai 2012 . N°47

Article extrait du Magazine Causeur



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est journaliste et essayiste.

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