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De quoi l’allocation de rentrée scolaire est-elle le nom ?


De quoi l’allocation de rentrée scolaire est-elle le nom ?
Rentrée scolaire à Lyon, 2016. SIPA. 00770017_000031

Multiplier les aides pour une population paupérisée n’est que mettre un pansement sur une jambe de bois. Et la gauche, occupée ailleurs, oublie trop souvent de mener un débat de fond sur la question.


Sur le papier, c’est joli : plus de trois millions de familles, c’est-à-dire à peu près cinq millions d’enfants ont commencé à recevoir, le 16 août, l’ARS, l’allocation de rentrée scolaire. Elle a même été revalorisée de 4% au début du mois avec la loi votée sur le pouvoir d’achat. Cela donne 392,05 euros pour un enfant de 6 à 10 ans dans l’enseignement primaire, 413,69 euros pour un élève de 11 ans à 14 ans au collège et 428,02 euros pour un lycéen jusqu’à 18 ans.

On commencera néanmoins à nuancer en sachant que les fournitures scolaires, inflation oblige, ont en moyenne augmenté de 6%. Et, plus généralement, on peut s’interroger sur une politique qui s’obstine à multiplier les primes « exceptionnelles » sans s’interroger sur le niveau des salaires ou même envisager, contrairement à nos voisins bolchéviques, comme l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni, une taxe sur les superprofits réalisés notamment par les grandes entreprises du secteur de l’énergie qui permettrait d’envisager un réel changement.

Plutôt que de s’occuper de la couleur du sexe des anges intersectionnels ou de raconter des carabistouilles sur la politique étrangère et foncer tête baissée dans des querelles sur la réalité ou non d’un antisionisme qui serait le cache-sexe de l’antisémitisme, il serait autrement intéressant que la NUPES s’occupe de ses électeurs ici et maintenant, de leur détresse immédiate. Bref, que la gauche tienne un discours un peu complexe et un peu émancipateur sur la question parce que c’est tout de même ce qu’on est en droit d’attendre d’elle. Et se demander de quoi, par exemple, l’ARS est-elle le nom ?

Dans une république où, jusqu’à preuve du contraire, l’école est gratuite et obligatoire, l’allocation de rentrée scolaire n’aurait pas lieu d’être en théorie. L’Éducation nationale devrait pourvoir aux besoins de tous les élèves jusqu’à 16 ans sans que les parents mettent la main à la poche, ce qui a longtemps été le cas.

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Par ailleurs pour les dépenses annexes, vêtements, transports, etc, les salaires et les revenus perçus par la population devraient pouvoir suffire à ces achats et si ce n’est pas le cas, c’est qu’il faut les augmenter tout en obligeant la grande distribution à appliquer un prix unique décidé par le gouvernement avec une TVA minimale. Je rappelle que le prix de la baguette de pain, par exemple, était unique et réglementé jusqu’au début des années 90. Quant aux transports, on pourrait généraliser leur gratuité pour les élèves, ce qui se fait déjà dans un certain nombre de collectivités locales, indépendamment de leur couleur politique.

En fait, ce que dit de notre société l’allocation de rentrée scolaire, c’est le dévoiement de l’État providence. Le voilà chargé uniquement, avec les impôts de tous les Français, de mettre des pansements sur cette plaie ouverte qu’est la répartition toujours plus inégale entre travail et capital. Ça coute de plus en plus cher et ça n’empêche pas l’hémorragie.

Elle est aussi, cette ARS, une variable occasionnelle mais récurrente du discours anti-pauvre et anti-assistanat de la droite, quand elle n’est pas un prétexte pour insulter les classes populaires, comme l’avait fait par exemple l’année dernière, le Battu de Montargis, Jean-Michel Blanquer avec ses propos sur les écrans plats dont la vente exploserait chaque année au moment du versement de ces allocations. Vieille, très vieille antienne bien connue depuis le 19ᵉ siècle, de la bonne conscience des dames chaisières de la bourgeoisie bien pensante : quand vous donnez de l’argent aux pauvres, ils vont le boire au bistrot. Et après ils battent leurs enfants qui ne vont même plus à l’école.




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