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De la Bienheureuse Vierge Marie : sur une encyclique de Jean-Paul II

La femme dans la littérature (6/7)


De la Bienheureuse Vierge Marie : sur une encyclique de Jean-Paul II
Vierge à l'enfant. Image libre de droits.

Le grand pape polonais a souligné l’importance du culte marial dans la vie des catholiques.


On ne sait pas grand-chose de la vie privée de la Vierge, ni même sa vie publique malgré le rôle décisif que tous les catholiques lui reconnaissent. C’est dans sa dimension symbolique que la Vierge Marie, dans le christianisme, atteint son plus haut degré de réalisation. Qui mieux que Jean-Paul II, pape voué au culte marial, pouvait exprimer avec davantage de conviction, dans une encyclique de 1987, la dévotion portée par les croyants à la Vierge Marie ?

Une vie modeste

Avant d’en venir à ce que dit le pape, il est bon de nous pencher très brièvement sur la biographie terrestre de Marie. Dans son excellent Dictionnaire universel (édition de 1880), Bouillet nous rappelait ceci : « La sainte Vierge mère de Jésus-Christ était issue du sang royal de David et eut pour mère sainte Anne. Fiancée vers l’âge de 15 ans à saint Joseph, déjà âgé, elle habita Nazareth avec son époux, qui ne fut que le gardien de sa virginité. Peu après son mariage, l’ange Gabriel lui apparut et lui annonça qu’elle concevrait par la vertu du Saint Esprit, sans cesser d’être vierge ; il lui dit de nommer son fils Jésus [c.-à-d. sauveur] : neuf mois après naquit en effet le Sauveur. Marie l’emmena avec elle en Égypte pour le soustraire à la fureur d’Hérode qui, inquiet de certaines prophéties, voulait le faire périr, ainsi que tous les nouveau-nés de la Judée. Le danger passé, elle revint avec saint Joseph à Nazareth, où elle mena pendant plusieurs années une vie fort retirée. Elle accompagna Jésus pendant ses prédications et fut présente à son crucifiement. »

Jean-Paul II la caractérise comme une simple « fille de Sion cachée », mais que Dieu avait choisie pour participer à son « plan salvifique embrassant toute l’histoire de l’humanité ». Marie est « prédestinée », sa mission est prophétisée par Isaïe. Le pape revient sur la première étape du cheminement de Marie, l’Annonciation. Il le fait à travers l’Évangile de Luc, dont il retranscrit et médite les paroles, en soulignant que l’ange qualifie Marie de « pleine de grâce » : « l’Incarnation du Verbe, écrit Jean-Paul II, l’union hypostatique du Fils de Dieu avec la nature humaine, se réalise et s’accomplit précisément en elle ». Le pape insiste sur cette importance de la maternité de Marie, et pas seulement à cet endroit. C’est, nous le verrons, le fil rouge de cette encyclique.

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Une médiatrice qui intercède

Jean-Paul II s’arrête également sur l’épisode des noces de Cana, au cours duquel Marie tient une place très spécifique, en tant que Mère de Jésus. C’est elle qui incite son Fils à accomplir son premier « signe ». Elle apparaît ici comme « médiatrice », idée que nous retrouverons aussi dans toute la suite de l’encyclique. Jean-Paul II explique de manière significative que, dans le texte de saint Jean, « par la description de l’événement de Cana, se dessine ce qui se manifeste concrètement comme la maternité nouvelle selon l’esprit et non selon la chair, c’est-à-dire la sollicitude de Marie pour les hommes ». Il y a bel et bien « médiation », ou encore « intercession ». Ces considérations amènent Jean-Paul II à évoquer, à propos de Marie, un « pèlerinage maternel dans la foi ». Car la Mère du Christ donne véritablement l’exemple : « Par la foi, la Mère participe à la mort de son Fils, à sa mort rédemptrice ; mais, à la différence de celle des disciples qui s’enfuyaient, sa foi était beaucoup plus éclairée. »

Son rôle central dans l’Église

L’encyclique se réfère à de nombreuses reprises au Concile Vatican II. Là aussi, un éclairage nouveau a été élaboré, insistant notamment sur « le rôle de la Mère du Christ dans l’Église ». C’est un rôle central, nous dit Jean-Paul II : « déjà sur terre elle coopérait à la naissance et à l’éducation des fils et des filles de l’Église ». Désormais, elle est toujours présente, de manière active, grâce au principe de sa maternité : « C’est une maternité dans l’ordre de la grâce, écrit le pape, parce qu’elle invoque le don de l’Esprit Saint qui suscite les nouveaux fils de Dieu, rachetés par le sacrifice du Christ… » La maternité de Marie est « un don, un don que le Christ lui-même fait personnellement à chaque homme ».

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On pourrait estimer que, dans cette encyclique, Jean-Paul II (et derrière lui, toute l’Église) fait œuvre de féminisme. Pourquoi pas ? L’intention y est, et le lecteur attentif s’en rendra compte. Je conçois néanmoins que, dans la pratique, de nombreux progrès restent encore à faire, par exemple sur la question de l’ordination des femmes. Pourtant, Jean-Paul II, dans Redemptoris mater, n’a pas oublié du tout, comme on vient de le voir, de rendre un vibrant hommage à la féminité ‒ en se focalisant, il est vrai, sur le cas extraordinaire de la Vierge Marie.

Lettre encyclique Redemptoris mater, du Souverain Pontife Jean Paul II, 1987. In Les Encycliques de Jean Paul II, présentation du cardinal Joseph Ratzinger. Pierre Téqui éditeur, 2003.

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Jacques-Emile Miriel, critique littéraire, a collaboré au Magazine littéraire et au Dictionnaire des Auteurs et des Oeuvres des éditions Robert Laffont dans la collection "Bouquins".

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