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De Gaulle, Fillon: d’une inculpation l’autre?


De Gaulle, Fillon: d’une inculpation l’autre?
De Gaulle à Tunis, 1943. Wikipedia
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De Gaulle à Tunis, 1943. Wikipedia

« Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? » En lançant ces mots, François Fillon commettait deux erreurs : une erreur tactique parce qu’il n’imaginait pas la manœuvre qui allait le prendre à revers et une erreur historique parce que le général de Gaulle fut réellement inculpé et condamné. Certes, nous pouvons dire, rétrospectivement, qu’il y avait de la grandeur dans l’insubordination du général qui a permis le retour de la France dans le concert stratégique des Nations et nous ne nierons pas qu’il y a quelque chose de dérisoire dans les fautes, pour l’instant supposées, du candidat à sa succession. Un premier constat qui ne permet pas de les rapprocher. Et pourtant, tout comme l’histoire a réhabilité le général, pouvons-nous affirmer qu’elle ne réhabilitera pas le candidat ?


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La dimension stratégique de cette présidentielle

Voyons les faits dans les années 1930-1945. Dès 1924, de Gaulle, jeune officier dénonce l’ennemi allemand en train de sombrer dans le national-socialisme, tout en fustigeant dans ses écrits, les carences de l’État français, de la société et de l’armée. Il a d’ailleurs une idée arrêtée du pouvoir politique : « A quoi tient l’empire du politique ? Une cabale de cour, une intrigue de conseil, un mouvement d’assemblée le lui arrache dans l’instant » écrit-il dans Le fil de l’épée. Passons, même si la citation est intéressante, le cœur du sujet n’est pas là.

Par sa ténacité à alerter le pouvoir politique, ce général inconnu se voit appeler, par un gouvernement en désarroi, au poste de sous-secrétaire d’État au ministère de la Défense Nationale et de la Guerre, dans le Cabinet de Paul Reynaud, du 6 au 16 juin 1940. Durant ces dix jours, il bouscule les politiques pour les convaincre de poursuivre la guerre, puis devant leur refus, il décide seul de représenter la France en obtenant du Premier ministre britannique, Winston Churchill la reconnaissance de Chef de la France libre. Cette France « […] Elle sait, elle sent, qu’elle vit toujours d’une vie profonde et forte.»[1. Discours du 24 juin 1940 diffusé en réponse à la signature de l’armistice par le gouvernement Pétain.] Dans sa biographie du général, Jean Lacouture parle du « rebelle » pour la période 1890-1944.

Le rebelle doit être condamné

Le gouvernement Pétain ne peut supporter cette rébellion. Le 4 juillet 1940, un conseil de guerre réuni au Palais de Justice de Toulouse le juge pour « refus d’obéissance et incitation des militaires à la désobéissance » et le condamne à quatre ans d’emprisonnement et à cent francs d’amende. Un jugement insuffisant pour le gouvernement qui veut éliminer ce gêneur. Il le fait inculper[2. L’« inculpation » est devenue « mise en examen » en 1993.] et juger par contumace par une cour martiale réunie à Clermont-Ferrand le 2 août 1940. Elle le condamne « à la peine de mort, à la dégradation militaire et à la confiscation de tous ses biens présents et à venir, ainsi qu’aux frais envers l’État, pour trahison, atteinte à la sûreté extérieure de l’État, et désertion en temps de guerre ».

Comme nos parents et grands-parents, nous vivons dans « une drôle de guerre » : notre armée guerroie sur deux continents, patrouille même dans nos rues et y fait usage de ses armes ; notre police s’épuise à surveiller mille et un « radicalisés » en en laissant d’ailleurs autant « sous les radars »[1. Cette expression curieuse est empruntée à la journaliste commentant l’affaire d’Orly au journal de 20 heures du 18 mars 2017 (France 2).]; nos démocraties se lézardent, laissant le vent mauvais de l’islamisme se glisser dans nos cités ; des émeutes secouent régulièrement nos territoires perdus ou plutôt les territoires dans lesquels nous laissons en perdition des populations que l’État devrait protéger ; des peuples au Proche-Orient, en Asie, en Afrique vivent dans la peur de l’idéologie islamiste ; le projet Europe vacille ; l’allié turc se dérobe à ses obligations dans la lutte contre l’État islamique puis accuse des dirigeants européens de « nazis ».

La diversion des clercs

Mais la France, ses « clercs », son peuple se passionnent pour les costumes des candidats à la présidentielle, les robots comme futurs distributeur de « cash », la mise sous perfusion financière universelle. Tout cela ressemble furieusement à une version modernisée de « Tout va très bien, madame la marquise » qui enjolivait les années 1930. Assurément, il n’y a pas lieu de s’alarmer, « nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », comme le proclamait déjà Paul Reynaud en 1939.

Dans ce climat, un candidat à la présidence, un seul, semble troubler la fête. Il parle de Vaincre le Totalitarisme islamique, d’approfondir et diversifier notre politique étrangère au regard de nos intérêts et de notre sécurité et non de nos passions passagères. Est-ce un nouveau « rebelle » ? Un factieux ou un résistant en puissance ? Faut-il le faire taire ?

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est Général de division (2° S) et consultant défense et relations internationales

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