Le sommet franco-britannique qui s’est tenu à l’Élysée vendredi dernier a vu maintes embrassades et moultes échanges de tapes dans le dos entre les deux dirigeants. Mais au-delà des rodomontades de convenance à destination des caméras, existe-t-il réellement une nouvelle entente entre les deux pays ? Si oui, de quels effets productifs sera-t-elle suivie ?
L’année prochaine verra le 120e anniversaire de l’Entente cordiale, un ensemble d’accords entre la France et le Royaume Uni, signés en 1904, qui ont contribué à ouvrir la voie à l’alliance entre les deux États lors de la Première Guerre mondiale. En anticipant la commémoration de cet événement, Emmanuel Macron et Rishi Sunak ont essayé de créer une nouvelle entente susceptible de mettre fin aux tensions qui caractérisent les relations franco-britanniques depuis l’époque des négociations sur le Brexit. Boris Johnson avait trouvé commode de faire de la France le bouc émissaire chaque fois qu’il prétendait rencontrer une opposition quelconque de la part de l’UE. Emmanuel Macron semblait content de jouer le pit-bull européen face à des demandes émanant de Londres que l’UE prétendait exorbitantes. Il y a eu de vrais sujets de dissension sur des dossiers comme la pêche dans les eaux britanniques ou le protocole nord-irlandais, et ces questions ne sont toujours pas entièrement résolues. Mais côté britannique, Rishi Sunak a réussi à faire un certain nombre de progrès sur le protocole avec son « cadre de Windsor ». Désormais, il s’empresse de montrer qu’il est plus conciliateur que Boris Johnson, voire qu’il est un véritable ami pour ses voisins européens, à commencer par les Français. Son voyage à Paris pour le premier sommet franco-britannique depuis cinq ans et la venue, à la fin de ce mois, du roi Charles – sa première visite d’État – envoient un signal très clair : la France est à l’honneur et les relations vont se normaliser de nouveau.
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Lorsque les deux leaders, tous les deux relativement jeunes, sveltes, moulés dans le genre de costume foncé qui sied à des anciens de la finance, se sont montrés pour leur conférence de presse, le mot sur toutes les lèvres des commentateurs était celui de « bromance ». Mais au-delà de cette démonstration d’amitié personnelle, le chef d’État français et le chef de gouvernement britannique ont besoin l’un de l’autre et pour des raisons très concrètes. Certes, la guerre qui se poursuit en Ukraine et l’existence d’un adversaire commun en Vladimir Poutine ont créé une nouvelle solidarité entre les pays occidentaux. Le sommet de vendredi a confirmé qu’Emmanuel Macron se range plus clairement qu’avant dans